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Assassinat du père Hamel : "Je porte ma croix, je porte ma peine", déclare l'un des accusés au dernier jour du procès

Le verdict du procès de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, pendant lequel le père Jacques Hamel a été assassiné le 26 juillet 2016, est attendu dans la journée de mercredi.  L'un des trois accusés présents dans le box, jugé pour "association de malfaiteurs terroriste", a demandé une "deuxième chance".

Article rédigé par Lauriane Delanoë
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un croquis d'audience réalisé le 14 février 2022 montre les prévenus Yassine Sebaihia (à gauche), Farid Kheli (au centre) et Jean-Philippe Steven Jean Louis (à droite) lors du procès de l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray en 2016. (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

Le verdict est attendu dans la journée du mercredi 9 mars au procès de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray. La cour d’assises spéciale de Paris délibère en ce moment et juge quatre hommes, pour leur participation ou leurs liens avec les deux terroristes qui ont tué le prêtre Jacques Hamel, dans son église le 26 juillet 2016.

>> Procès de l'attentat de Saint-Etienne-Du-Rouvray : "Je vous demande pardon", supplie un des accusés

Trois accusés sont présents dans le box, jugés pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle". Le quatrième accusé est absent. Il s'agit de Rachid Kassim, qui est jugé pour complicité mais ce Français est présumé mort en Irak en 2017. Les trois autres sont en détention provisoire depuis l'été 2016, et ont pris la parole en dernier mercredi matin. L'un des accusés a pris le temps, pour remercier les parties civiles. Il s'agit de Farid Khelil, accusé notamment d’avoir encouragé son cousin, l’un des terroristes, dans son projet d’attentat islamiste.

Les accusés remercient les parties civiles

Farid Khelil s’appuie à la rambarde du box. Il hésite un instant et dit : "Je porte – je ne sais pas si je peux le dire – je porte ma croix, je porte ma peine." Un référence claire à la religion catholique, au cœur de ce procès. L'accusé âgé de 36 ans remercie ensuite les parties civiles, pour leur espoir et leur compassion. Il retient ce mouchoir, tendu par la fille du paroissien grièvement blessé par les terroristes. Il retient la force de la sœur du prêtre assassiné, Roseline Hamel, assise face à lui, qui acquiesce à ses mots. L'homme de 36 ans demande à la cour une deuxième chance. 

"J’ai changé. Ces (presque) six ans en prison n’ont pas été vains. Je ferai tout pour être un bon père, un bon citoyen, un homme bon. Comme l’a été le père Hamel."

Farid Khelil, accusé

lors du procès de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray

Jean-Philippe Steven Jean-Louis s'est aussi adressé aux parties civiles, leur témoignant sa "compassion" et son "affection". "Les 30 jours que j'ai fait avec vous [le temps du procès], j'ai beaucoup appris", affirme-t-il. Celui qui a reconnu avoir tenté de partir en Syrie à deux reprises avec Abdel-Malik Petitjean, avoir relayé massivement la propagande de Daech et avoir lancé des cagnottes pour financer l'islamisme radical dit avoir pris les paroles des avocats des parties civiles comme "des paroles d'éducation" car ils ne leur ont pas "mal parlé". Il prend cela "comme une leçon".

De 7 à 14 ans de prison de requis

Assurant "avoir plus appris en prison que durant toutes les années précédentes", l'homme de 25 ans reconnaît le travail sur lui-même qu'il lui reste à faire : "Je dois avancer sur le plan psychologique. Je ne suis pas quelqu'un de fini. (…) J'ai conscience que ça ne se fera pas en un jour." Il veut passer des diplômes en philosophie ou en histoire et "remercie" les avocates générales qui ont vu qu'il était "quelqu'un de fragile" et qu'il "faut mettre des choses en place dans [son] parcours de détention".

Le troisième accusé, Yassine Sebaihia, 27 ans, qui avait fait la route depuis Toulouse pour rencontrer les futurs assaillants en Seine-Maritime quelques jours avant l'attentat, s'est exprimé plus brièvement, se contentant de répéter qu'il n'a "jamais voulu participer à un attentat [ni] partir en Syrie". Il dit avoir été "profondément peiné par ce qui est arrivé". Les avocates générales ont requis sept à quatorze ans d'emprisonnement contre ces trois accusés. Ils encourent jusqu'à trente ans de réclusion criminelle.

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