Attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray : ce que l'on sait d'Adel Bouaoun, ce proche d'Adel Kermiche parti en Syrie
Cet homme de 26 ans, également originaire de Saint-Etienne-du-Rouvray, aurait réussi à rejoindre la Syrie en mars 2015. Son petit frère a été interpellé puis placé en garde à vue après l'attentat, mardi.
C'étaient les deux Adel. L'un des deux terroristes qui ont perpétré l'attentat dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), Adel Kermiche, était proche d'un homme qui portait le même prénom que lui : Adel Bouaoun. Originaire lui aussi de cette ville de Seine-Maritime, il est âgé de 26 ans. Il serait actuellement en Syrie, où il aurait rejoint les troupes du groupe Etat islamique (EI).
Comment son nom est-il apparu dans l'affaire ?
Un mineur de 16 ans a été interpellé mardi, alors qu'il se trouvait à l’intérieur du périmètre de sécurité dressé autour de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, selon Libération. Ce n'est autre que le frère d'Adel Bouaoun, un Français parti rejoindre l'EI en Syrie. Il était toujours en garde à vue jeudi matin, mais ne semble pas, à ce stade, avoir de lien avec l'attaque, d'après le gouvernement.
Néanmoins, Libération indique que l'adolescent était assigné à résidence depuis le 22 juillet. "Ses parents avaient signé une opposition de sortie du territoire pour prévenir toute velléité de rejoindre la Syrie", précise le quotidien.
Comment Bouaoun et Kermiche se sont-ils rencontrés ?
Les deux hommes se sont rencontrés devant une mosquée, à Saint-Etienne-du-Rouvray. Lequel des deux a initié l'autre à la propagande de l'organisation Etat islamique ? "Il m'a retourné le cerveau, on s'est retourné le cerveau ensemble", avait expliqué Adel Kermiche, devant les juges au moment de son premier retour en France, selon Le Monde.
Pour d'autres, c'est sa rencontre avec Adel Kermiche qui a changé Adel Bouaoun. "Ça s'est fait du jour au lendemain", raconte au Parisien Kamel Aït Bessai, vice-président de l'association locale Pass 276 et proche de la famille Bouaoun, installée de longue date à Saint-Etienne-du-Rouvray. Auparavant, "c'était un garçon calme et obéissant", assure Kamel Aït Bessai.
Quelle attitude avait-il avant de quitter la France ?
Le "basculement" se produit début 2015, après les attentats de janvier. A partir de là, Adel Bouaoun adopte un tout autre comportement. "Il était dingue. Dans le bus, il hurlait des 'Allahou akbar'. Tout jeune, on traînait ensemble. Mais ensuite, il m'énervait tellement qu'un jour je l'ai frappé", relate une connaissance au Parisien. Avant d'ajouter : "Il achetait de la vodka qu'il buvait pure, puis pétait les plombs, se souvient ce même proche. Une autre fois, il gueulait qu'il fallait faire le jihad."
La mère d'Adel Bouaoun, que Libération a rencontrée, se souvient que son mari, électricien, avait mis en garde son fils contre ses nouvelles fréquentations au début de l'année 2015. "Kermiche l'avait rencontré dans une mosquée quelques mois avant son départ. Il lui a donné sa carte d'identité pour qu'il parte en Syrie", raconte au quotidien "cette petite femme fatiguée, voilée de rouge, debout au milieu de son salon dépouillé".
Quand est-il parti en Syrie ?
A la fin mars 2015, les deux Adel décident de partir en Syrie. Adel Kermiche est arrêté le 23 mars 2015 à Munich (Allemagne) en possession de la carte d'identité de son frère alors qu'il tente de rejoindre Belgrade (Serbie) en bus.
Le soir de son départ, la mère d'Adel Bouaoun prévient la police. Malgré cela, son fils réussit à atteindre la Syrie, avec la carte d'identité d'Adel Kermiche. Selon le profil Facebook consulté par francetv info, Adel Bouaoun affirme le 31 mars 2015 être "arrivé sain et sauf. Les policiers me traquaient dans toute l'Europe, mais Allah les a aveuglés et j'ai traversé la frontière de la Syrie en courant al hamdoullilah"*."Si j'avais été bloqué en France j’aurais commis de bons meurtres contre vous, habitants de l'enfer*", ajoute-t-il.
Où est-il aujourd'hui ?
D'après Le Parisien, Adel Bouaoun se trouverait actuellement à Raqqa. Il y a quelques mois, il est apparu sur Facebook avec un fusil d'assaut en main sous son nom de guerre "Adel Abu Younes". Francetv info a pu consulter un message publié le 10 de mars sur le réseau social, il y écrit: "Si quelqu'un a des nouvelles du frère Adel Kermiche de Saint-Etienne-du-Rouvray."
Il donne de brèves nouvelles à sa famille tous les deux ou trois mois, depuis un numéro masqué, selon Libération. "Tout va bien, hamdoullah, tout va bien, hamdoullah", répète-t-il, d'un ton pressé. Le dernier message que son père a reçu date d'il y a dix jours environ, assure Le Parisien. Il y disait quelque chose comme "peut-être que dans une semaine, je ne serai plus là", relate au quotidien, troublé, un proche de la famille.
*Citations corrigées de leurs fautes d'orthographe
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