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Attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray : Valls reconnaît un "échec" de la justice et réplique à Sarkozy

Dans une interview accordée au "Monde", vendredi, le Premier ministre revient, entre autres, sur la remise en liberté sous bracelet électronique d'Adel Kermiche, l'un des deux terroristes de l'attentat dans une église de Seine-Maritime.

Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre, Manuel Valls, arrive à l'Elysée, le 16 juillet 2016 à Paris. (MATTHIEU ALEXANDRE / AFP)

Alors que le gouvernement est accusé de laxisme sécuritaire, le Premier ministre, Manuel Valls, reconnaît "un échec" dans le suivi judiciaire d'Adel Kermiche, un des deux auteurs de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, au cours duquel un prêtre a été tué, mardi. Il fait ce constat dans une interview publiée dans Le Monde, vendredi 29 juillet.

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Voici les principales déclarations à retenir de cet entretien.

"C'est un échec, il faut le reconnaître"

Manuel Valls dit comprendre les interrogations sur Adel Kermiche. Car après dix mois de détention provisoire, l'un des deux auteurs de l'attaque de Seine-Maritime, qui avait été mis en examen pour "association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste", a été libéré en mars puis assigné à résidence sous bracelet électronique. Cette décision a été ordonnée par un juge d'instruction puis confirmée en appel par trois juges.

"C'est un échec, il faut le reconnaître, estime Manuel Valls. Cela doit conduire les magistrats à avoir une approche différente, dossier par dossier, compte tenu des pratiques de dissimulation très poussées des jihadistes."

Or, c'est la première fois que l'exécutif reconnaît un échec des autorités après la tuerie au camion de Nice, le 14 juillet, et l'attaque dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray. Toutefois, Manuel Valls a tenu à ajouter qu'il ne serait pas "celui qui, au mépris de tout équilibre des pouvoirs, tomberait dans la facilité de rendre ces juges responsables de cet acte de terrorisme".

"Inventer une nouvelle relation avec l'islam de France"

"Il faut une remise à plat et inventer une nouvelle relation avec l'islam de France", déclare le Premier ministre dans cette interview. Pour cela, il prône "un nouveau modèle", à "bâtir". Il précise que le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, y "travaille"Il va même plus loin en indiquant que "le salafisme n'a pas sa place en France".

Pour inventer cette nouvelle relation, Manuel Valls se dit "favorable à ce que, pour une période à déterminer, il ne puisse plus y avoir de financement de l'étranger pour la construction des mosquées" et souhaite "que les imams soient formés en France et pas ailleurs".

"Nicolas Sarkozy perd ses nerfs"

Manuel Valls n'hésite pas non plus à répondre vertement aux attaques de Nicolas Sarkozy contre le gouvernement. L'ancien chef de l'Etat a estimé que la gauche était "tétanisée" par "la violence et la barbarie". Il a accusé l'exécutif de se réfugier derrière des "arguties juridiques" pour refuser les propositions de l'opposition en matière de lutte contre le terrorisme.

En réponse, Manuel Valls ne mâche pas ses mots. "Certains cherchent à discréditer la gauche en alimentant les peurs pour se constituer un capital politique. Mais ni la primaire de la droite, ni l'élection présidentielle ne justifient de telles attitudes. Nicolas Sarkozy perd ses nerfs. Etre lucide face à la menace, ce n'est pas basculer dans le populisme", tranche le Premier ministre.

"Je suis ouvert à toute proposition, nous l'avons démontré par l'adoption de l'état d'urgence renforcé. Mais expliquer que tout n'aurait pas été fait, c'est mentir aux Français", affirme encore Manuel Valls, en réponse aux propos d'Alain Juppé qui avait déclaré au lendemain de l'attentat de Nice que "si tous les moyens avaient été pris", l'attaque "n'aurait pas eu lieu".

"Il faut que cessent les accusations graves et nauséabondes sur un prétendu mensonge d'Etat"

Manuel Valls revient aussi sur l'attentat de Nice, et les soupçons qui visent le ministère de l'Intérieur, accusé de travestir la vérité sur le dispositif de sécurité mis en place le 14-Juillet. "L'Inspection générale de la police nationale a considéré que les mesures n’étaient pas sous-dimensionnées pour un événement qui ne faisait l’objet d’aucune menace spécifique. Il faut que cessent les accusations graves et nauséabondes sur un prétendu mensonge d'Etat", insiste-t-il.

Le Premier ministre a aussi assuré qu'il n'avait pas envisagé de démissionner, malgré des appels en ce sens de l'opposition. Il affirme encore que le gouvernement faisait "tout" pour combattre le terrorisme et demande à l'opposition d'être "digne et respectueuse".

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