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Saint-Etienne-du-Rouvray : ce que l'on sait des deux terroristes et de la personne placée en garde à vue

L'un des deux assaillants identifié est connu des services antiterroristes pour avoir tenté de rallier la Syrie par deux fois en 2015. Mis en examen pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, il était placé sous bracelet électronique.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des policiers mènent une perquisition à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le 26 juillet 2016. (MATTHIEU ALEXANDRE / AFP)

La France a une nouvelle fois été frappée par le terrorisme. Deux hommes, reconnus par l'organisation Etat islamique comme (EI) des "soldats", ont attaqué une église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), mardi 26 juillet, avant d'être abattus par la BRI. Jacques Hamel, un prêtre de 86 ans, a été tué à l'arme à blanche et une personne a été grièvement blessée.

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Francetv info détaille ce que l'on sait des deux terroristes et de la personne placée en garde à vue dans le cadre de l'enquête.

Adel Kermiche, 19 ans, fiché "S"

Le procureur de la République à Paris, François Molins, a indiqué mardi soir, lors d'une conférence de presse, que l'un des deux assaillants avait été formellement identifié comme étant Adel Kermiche grâce à ses empreintes papillaires. Cet adolescent était connu des services antiterroristes, mais son casier judiciaire était vierge.

Le jeune homme a tenté de rallier la Syrie par deux fois en 2015. Une première fois via l'Allemagne, en mars 2015, alors qu'il était mineur. Il est alors interpellé aussitôt après le signalement de sa disparition par ses parents. De retour en France, il est mis en examen.

L'adolescent tente sa chance une seconde fois en mai 2015 alors qu'il est majeur. Il passe via la Suisse, puis la Turquie où il est arrêté. Lors de son retour en France, il est mis en examen pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste. Il est placé en détention provisoire, puis libéré sous bracelet électronique, au mois de mars 2016.

Domicilié chez ses parents, à Saint-Etienne-du-Rouvray, Adel Kermiche avait, depuis, une autorisation de sortie, chaque matin, entre 8h30 et 12h30, du lundi au vendredi. Le samedi, le dimanche, et les jours fériés, il avait le droit de sortir entre 14 heures et 18 heures. Il avait également une obligation de pointage hebdomadaire au commissariat le plus proche de son domicile.

"Je ne suis pas étonné, il m'en parlait tout le temps... Il parlait de l'islam... qu'il allait faire des trucs comme ça. 'Je vais attaquer une église'. Il m'a dit ça il y a deux mois en sortant de la mosquée", a déclaré à RTL une connaissance d'Adel Kermiche. "C'était un mec du collège Paul-Eluard [au sud de Rouen], un jeune comme nous... Je ne comprends pas pourquoi il a basculé dans tout ça", poursuit une autre.

La mère d'Abel Kemiche avait accordé une interview à la Tribune de Genève, au moment du retour de son fils en France. Selon elle, "la tuerie de Charlie Hebdo en janvier 2015 avait agi comme un détonateur sur ce garçon". D'après le journal, "le gamin joyeux, gentil, qui aimait la musique et sortir avec des copines, mais en échec scolaire, s'était refermé, fréquentait assidûment la mosquée de sa région, donnant des leçons à sa famille musulmane non pratiquante. Il s'était radicalisé en moins de trois mois".

Le profil du second terroriste se précise

L'identification formelle du second auteur de l'attaque est toujours en cours, mercredi en milieu d'après-midi. Elle est rendue difficile, car selon Le Point, "le tir de neutralisation [de la BRI] l'a défiguré".

Mais des sources proches de l'enquête ont indiqué à l'AFP qu'une "piste est privilégiée". Une carte d'identité au nom d'Abdel Malik P. a été retrouvée lors d'une perquisition menée, mardi, au domicile familial d'Adel Kermiche. Et "plusieurs éléments laissent à penser qu'il s'agit du deuxième assaillant", a précisé l'une de ces sources. Ce adolescent de 19 ans serait originaire de Savoie. Il n'aurait pas fait l'objet de condamnations, a-t-elle précisé.

Dans la mesure où il n'a pas été condamné, la justice ne dispose "pas de ses empreintes, ni de son ADN dans ses fichiers, ce qui retarde son identification formelle", a ajouté une autre source.

Un adolescent de 16 ans placé en garde à vue

Un jeune, né le 18 août 1999, a été placé en garde à vue, mardi, vers 11h30 dans le cadre de l'enquête sur l'attentat, a indiqué François Molins. Le jeune homme de 16 ans semble ne pas avoir de lien avec l'attaque, a déclaré, mercredi, Bernard Cazeneuve. Né en Algérie, il était toujours en garde à vue mercredi matin, selon une source judiciaire.

Une journaliste de L'Express indique que le frère aîné de ce mineur est "parti en Syrie, en 2015". Le père des deux adolescents a assuré au site de l'hebdomadaire que le plus jeune, contrairement à son frère, n'est pas "radicalisé". Son aîné fait l'objet d'un mandat d'arrêt pour être parti sur zone irako-syrienne le 20 mars 2015 avec les papiers d'identité d'Adel Kermiche, l'un des deux tueurs de l'église, a indiqué mardi soir le procureur de Paris, François Molins.

"Ce mineur avait été placé dans le cadre de l'état d'urgence en assignation à résidence, en fin de semaine dernière", a précisé mercredi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. "Mais les premiers éléments qui apparaissent montrent qu'il n'y a pas de lien entre cet individu et ce qui s'est passé hier", a-t-il ajouté sur Europe 1. A la question "a-t-il pu apporter un soutien logistique au jihadiste ?", le ministre de l'Intérieur a répondu "apparemment non, mais je suis très prudent".

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