Incendie à la synagogue de Rouen : ce que l'on sait de la mort d'un homme qui menaçait des policiers
Un homme armé "souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue" de Rouen (Seine-Maritime) a été "neutralisé tôt ce matin" par la police, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, vendredi 17 mai sur le réseau social X. Voici ce que l'on sait de cette intervention policière.
Un individu menaçant tué par un policier
Les forces de l'ordre ont été appelées "aux alentours de 6h45 car de la fumée émanait de la synagogue", a rapporté une source policière à Radio France. Quand elles sont arrivées sur place, elles ont découvert un homme sur le toit, armé d'un couteau et d'une barre de fer. Il s'est ensuite dirigé vers les policiers, "le couteau levé", a déclaré Frédéric Teillet, le procureur de Rouen. Après des sommations restées sans effet, un "fonctionnaire de police aurait fait usage de son arme à cinq reprises, touchant l'individu quatre fois. Celui-ci est décédé", a ajouté le procureur.
Le suspect visé par une obligation de quitter le territoire
"Une première identité de l'individu est établie, mais par une seule carte de réseau de transports de Rouen, dont il est porteur", détaille le procureur. Le suspect, un Algérien de 29 ans, était sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
"Cette personne (...) est un citoyen qui n'est pas français, d'origine algérienne, de ce que j'en sais", a précisé Gérald Darmanin, qui s'est rendu sur place. "Il a déposé une demande en préfecture de Seine-Maritime, en 2022, de titre de séjour 'étranger malade' (...) que nous avons refusé". Un recours contre cette décision a été rejeté par la justice fin janvier, a détaillé le ministre de l'Intérieur. L'individu a alors fait l'objet "d'un arrêté de reconduite à la frontière" et était à ce titre inscrit au fichier des personnes recherchées. "S'il avait été interpellé, on aurait évidemment mis cette personne en centre de rétention administrative pour une expulsion", a ajouté Gérald Darmanin. "Mais il n'avait pas été contrôlé par les forces de l'ordre" et n'avait pas d'adresse indiquée. Le ministre a précisé que l'individu n'était ni fiché S ni connu des services de police.
"Un acte antisémite", dénonce Gérald Darmanin
"C'est évidemment un acte antisémite qui s'en prend à un lieu sacré pour la République, c'est un lieu de culte, une synagogue", a déclaré le ministre de l'Intérieur, en visite à la synagogue de Rouen. "Je veux redire, en cette veille de shabbat, que nous sommes, au ministère de l'Intérieur, extrêmement déterminés à continuer à protéger l'intégralité, où qu'ils se trouvent, des juifs de France, qui doivent pratiquer leur religion sans peur, sans crainte."
"Cet acte antisémite à Rouen nous touche tous, profondément."
Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur
"A travers cette agression (...) ce n'est pas seulement la communauté israélite qui est touchée. C'est toute la ville de Rouen qui est meurtrie et sous le choc", a déclaré le maire de Rouen, le socialiste Nicolas Mayer-Rossignol, sur X. L'élu a appelé "à un rassemblement républicain ce soir [vendredi] à 18 heures devant l'hôtel de ville". Selon Natacha Ben Haïm, la présidente de la communauté juive de Rouen, "le feu a fait énormément de dégâts", mais "les livres de la Torah, les livres sacrés, n'ont pas été touchés".
"Tenter de brûler une synagogue, c'est vouloir intimider tous les Juifs. Une nouvelle fois, on veut faire peser un climat de terreur sur les Juifs de notre pays", a dénoncé Yonathan Arfi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), sur X.
Deux enquêtes ouvertes
Une première enquête a été ouverte "sur l'incendie volontaire en raison de la religion, pour violences volontaires sur personnes dépositaires de l'autorité publique et pour violences volontaires avec armes sur personne dépositaire d'une mission de service public", a détaillé Frédéric Teillet, le procureur de Rouen. L'autre enquête a été ouverte pour "homicide volontaire sur les circonstances du décès de l'individu", a ajouté le magistrat.
Le policier a été placé en garde à vue, "le temps de l'exploitation des images de vidéosurveillance et du recueil de son audition", a détaillé le procureur, avant d'ajouter : "Je viens de visionner ces images qui établissent à mon sens que ce fonctionnaire de police a fait usage de son arme dans les conditions permises par le Code de sécurité intérieure. La garde à vue sera donc levée dès la fin de son audition."
La première enquête a été confiée à la Direction générale de la police nationale (DGPN) et la seconde à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), d'après la même source. Le Parquet national antiterroriste a été informé de l'affaire, "mais le parquet de Rouen reste pour l'instant compétent", selon le procureur.
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