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Un mois après Charlie, émotion toujours vive à Dammartin

France Info s’est installée à Dammartin-en-Göele ce vendredi. Dans cette commune, qui a vu la fin de la traque des frères Kouachi, les habitants confient avoir été transformés par les évènements. Un mois après, les plaies sont encore ouvertes.
Article rédigé par Hélène Lam Trong
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (La commune de Dammartin-en-Goële a désormais une rue du 9 janvier © MAXPPP)

Ce vendredi matin, France Info est en direct de Dammartin-en-Goële, commune de 9.000 habitants plongée au cœur de l’actualité le 9 janvier dernier. C’est dans cette petite ville qui borde la N2 que la traque des frères Kouachi, auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo, s’est achevée. Ici, on a vécu les évènements avec une acuité particulière. Un mois après France Info a choisi d’y retourner pour parler de l’après-Charlie.

 

Au traumatisme des attentats qui ont touché la France, s’ajoute celui d’avoir vécu en direct, l’assaut du GIGN et du RAID au cœur de la ville. Cathy fait partie des employées de la zone industrielle qui a été confinée pendant plus de neuf heures, à quelques dizaines de mètres de terroristes. "Ça a complètement changé ma vie, ma façon de voir les choses, ça m’a transformé. Je n’ai jamais eu peur de quoi que ce soit, maintenant j’ai la trouille, je n’ai plus confiance, je ne regarde plus les gens de la même façon ", raconte la formatrice d’auto-école, ancien chauffeur routier. "Je ne suis plus du tout sereine comme je l’étais avant, je n’ai plus confiance en mon prochain ", avoue cette mère de six enfants.

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Encore des questions

Non loin de l’imprimerie où s’étaient réfugiés les terroristes, plusieurs centaines de collégiens et lycéens restent aussi marqués par les évènements. Ils ont entendu l’assaut et ont été suivis par une cellule psychologique. Qu’en retiennent-ils un mois après ? Ils ont l’impression d’être passés à autre chose mais ils ont encore beaucoup de questions. Dans un premier temps ils ont eu besoin d’être rassurés mais à 13, 14 ou 15 ans, ils ont encore du mal à comprendre la portée de ce qui s’est passé. Depuis un mois, on leur parle constamment de liberté d’expression et de la laïcité. Des concepts toujours très abstraits pour eux. "On sait qu’il faut être laïc", raconte Alan collégien de 14 ans, "l’école va peut-être nous l’apprendre mais elle ne nous montrera pas comment nous en servir ".

"On peut nous répéter toujours les mêmes choses en boucle, ce n’est pas spécialement comme ça que ça rentre ", estime-t-il. Certains de leurs professeurs se sentent désemparés. Quel que soit la matière qu’ils enseignent, ils ont dû, depuis un mois, aborder avec leurs jeunes élèves ces grandes valeurs sans jamais avoir appris à les enseigner. "C’est faire peser beaucoup sur nos épaules ", confie Emilie Moualigou, professeur de français.

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Le regard a changé

A Dammartin-en-Goële, il y a une seule boucherie halal, tenue par Walid. Il a toujours autant de clients qu’avant le 9 janvier mais il a l’impression que le regard des autres a changé."On sent qu’il y a un doute, une crainte " des autres vis-à-vis de nous, "ce n’est pas chez tout le monde mais on voit le changement ". "Ca peut être de la paranoïa aussi, mais à trop parler de la religion musulmane, les gens vont finir par croire qu’elle est dangereuse ", raconte le boucher.

Walid, patron de la boucherie halal de Dammartin : "Ce n’est pas tout le monde mais on sent que le regard a changé"

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