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L'étoile de Cannes (3/14). Asghar Farhadi sur les terres de Pedro Almodovar

Le 71e Festival de Cannes a débuté mardi 8 mai. Du film de l'Iranien Asghar Farhadi, tourné en espagnol, à la cérémonie d'ouverture, l'évènement propose une autre idée de la mondialisation.

Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Penelope Cruz et Javier Bardem ouvriront la compétition au Festival de Cannes 2018, avec "Everybody Knows" de l'Iranien Asghar Farhadi. (TIZIANA FABI / AFP)

Cannes n'est pas qu'un miroir du monde, c'est un festival qui incite les cinéastes à voyager d'un univers à l'autre. Everybody knows, c'est Asghar Farhadi chez Pedro Almodovar. L'Iranien a tourné en Espagne, en espagnol, une histoire espagnole, avec Penelope Cruz et Javier Bardem. Deux acteurs estampillés Almodovar, à qui il a aussi emprunté son chef opérateur.

Le résultat est déroutant. Dans ce drame familial, on retrouve la fascination de Farhadi pour les faiblesses de l'âme. Les failles dans les bons sentiments, ces parts d'ombre qui rendent ses personnages universels, comme chez Almodovar.

Farhadi et Almodovar ont beaucoup en commun

Penelope Cruz joue Laura, exilée en Argentine, qui revient dans son petit village du sud de L'Espagne pour le mariage de sa sœur. Elle retrouve Paco, Javier Bardem, un ancien amour. Les secrets enfouis vont resurgir quand survient le drame, l'enlèvement de la fille de Laura.

Ce n'est pas le meilleur film d'Asghar Farhadi, même si les acteurs s'appliquent à entrer dans son univers. Il n'a pas la puissance maléfique d'Une Séparation ou du Client. Mais ce détour, cette échappée d'un grand cinéaste sur les terres d'un autre grand – et les deux ont beaucoup en commun – nous rappelle à quel point c'est grâce à des festivals comme Cannes que ces films existent et que leurs auteurs s'y rencontrent.

Mardi soir, voir dans la même salle, Asghar Farhadi, Martin Scorsese, Denis Villeneuve, Robert Guédiguian, Andreï Zvyagintsev, Costa-Gavras, c'était rassurant.  

Une cérémonie d'ouverture drôle et bienveillante

C'est Edouard Baer qui a endossé le costume de maître de cérémonie. Aussi talentueux que facétieux, naturel, poétique, répondant à travers le temps à la réplique culte d'Anna Karina dans Pierrot le fou de Godard : "Qu'est-ce que je peux faire, j'sais pas quoi faire !", Edouard Baer dit : "On fait de son mieux. Et on attend quoi ?"

On attend quoi pour faire des films, pour s'emparer de cette liberté qui a fait de Cate Blanchett, présidente du jury, l'immense actrice qu'elle est ? Cette liberté avec laquelle un autre juré, le russe Andrey Zvyagintsev, défie le pouvoir de Vladimir Poutine au risque d'être empêché, comme son compatriote Kirill Serebrennikov.

Elle était belle, la photo du jury, sous le regard ému du patriarche Martin Scorsese, ces neuf artistes venus du monde entier, si différents, aux parcours si peu comparables, mais tous animés par cette même flamme, celle qui a fait voyager Farhadi chez Almodovar et qui est la face vertueuse de la mondialisation.

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