Florange. La fermeture des hauts-fourneaux en quatre actes
Selon "Libération", l'Etat travaille à un projet de reprise, pour un euro symbolique, du site mosellan, alors qu'ArcelorMittall prévoit l'arrêt définitif des hauts-fourneaux.
ECONOMIE - Les salariés de Florange pourraient bientôt être enfin fixés sur leur sort. ArcelorMittal a confirmé au gouvernement la fermeture définitive de deux hauts-fourneaux de son site mosellan, selon les informations de Libération dans son édition du jeudi 27 septembre.
L'annonce, redoutée par les syndicalistes, pourrait intervenir dès lundi matin lors d'un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire convoqué au siège français du groupe à Saint-Denis (Seine-Saint Denis).
Mais, toujours selon le journal, qui ne cite pas ses sources, l'Etat travaille à un projet de reprise de l'aciérie pour un euro symbolique. Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, se rend sur place jeudi à la demande des salariés. FTVi revient sur la chronologie de cet épineux dossier.
Acte 1 : l'arrêt des hauts-fourneaux
A l'été 2011, le haut-fourneau P3 est arrêté. Le P6, le dernier alors en activité en Lorraine, suit en octobre 2011. ArcelorMittal assure qu'ils ne sont mis qu'en veille temporaire en raison d'une demande insuffisante d'acier en Europe. Cet arrêt entraîne du chômage partiel massif pour 550 des 2 800 salariés du site et pèse sur les nombreux sous-traitants.
Dès février 2012, les syndicats engagent un bras de fer avec la direction à coups d'occupation des locaux, de blocages du site ou de manifestations en Lorraine et à Paris.
Acte 2 : les promesses de la campagne électorale
Le candidat à l'élection présidentielle François Hollande se rend à Florange le 24 février 2012. Le socialiste s'engage : s’il est élu, il fera voter une loi pour forcer les grands groupes à céder les sites industriels qu’ils veulent fermer.
Une semaine plus tard, en mars, Nicolas Sarkozy annonce un investissement de 17 millions d'euros d'ArcelorMittal à Florange, notamment pour faire redémarrer le P6 au deuxième semestre 2012. Syndicats et élus de gauche de Moselle dénoncent "les coups médiatiques" du candidat UMP. Et ArcelorMittal nuance aussi grandement cette annonce.
Le 15 mars, les métallos du site d'ArcelorMittal viennent à Paris protester devant le QG de campagne de Nicolas Sarkozy. Ils sont aspergés de gaz lacrymogène par la gendarmerie mobile et refoulés. Le dialogue avec le chef de l'Etat est rompu.
Acte 3 : le nouveau gouvernement mis à l'épreuve
Après l'élection de François Hollande en mai, le nouveau gouvernement socialiste décide de créer une mission d'expertise. Cette dernière remet son rapport fin juillet. Elle y conclut que le site de Florange est "viable, fiable et rentable" et nécessite un investissement de 400 à 500 millions d'euros.
Fort de ce document, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, rencontre les dirigeants d'ArcelorMittal, le 30 août. Le groupe réaffirme alors "son engagement vis-à-vis de la France, qui reste un pays stratégique pour le groupe".
Cependant, début juillet, la direction a laissé entendre qu'un plan social est possible dans ce site mosellan. Elle évoque "une optimisation des fonctions support" de son activité d'aciers plats en Europe, ce que les syndicats interprètent comme la menace de milliers de suppressions d'emplois. Le 10 septembre, ArcelorMittal refuse de démentir cette annonce.
Acte 4 : le gouvernement négocie la reprise de l'aciérie
Selon Libération, "le gouvernement est, depuis trois semaines, en négociations avancées pour obtenir de Mittal qu'il accepte de céder la 'filière chaude' pour l'euro symbolique". ArcelorMittal accorderait ainsi un délai de "plusieurs mois" pendant lequel l'Etat serait chargé de trouver un repreneur pour les hauts-fourneaux et l'aciérie produisant de l'acier à partir de minerai de fer et de coke. Le géant de l'acier garderait, lui, la "filière froide" de transformation du métal produit localement. Mais, rapporte Libération, "rien n'est encore signé" et "le sidérurgiste est difficile à convaincre".
Autre confirmation de ces négociations : le député PS de Moselle, Michel Liebgott, a annoncé, sur son site internet, une rencontre entre le chef de l'Etat et le patron d'ArcelorMittal, Lakshmi Mittal, vendredi à Paris.
C'est dans ce contexte qu'Arnaud Montebourg est attendu aujourd'hui à Florange. "On n'a rien à lui dire, on a juste envie de l'écouter", a commenté un des responsable CFDT de l'aciérie mosellane, Edouard Martin. "Pendant l'été, ses conseillers nous disaient qu'il viendrait uniquement s'il avait des choses positives à annoncer. Alors on espère qu'il a quelque chose dans sa besace", a-t-il expliqué à l'AFP, soulignant que "s'il n'avait rien à nous dire, ce serait un suicide politique".
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