''C'est de la musique'' : avant le 14-Juillet, derniers entraînements millimétrés pour les pilotes de la Patrouille de France
Cette année, pas de défilé de troupes ou de véhicules sur les Champs-Elysées pour la fête nationale du 14-juillet. En revanche, le défilé aérien est maintenu. franceinfo a pu embarquer à bord de l'un des Alphajet de la Patrouille de France.
Les avions et les hélicoptères sont les seuls autorisés à défiler le 14 juillet 2020, je jour de la fête nationale. Alors que les troupes au sol et véhicules motorisés ne pourront pas fouler les pavés des Champs-Elysées, soixante-douze engins sillonneront le ciel parisien dans le sillage des fumées tricolores de la Patrouille de France. franceinfo a pu embarquer dans l'un des avions de la Patrouille de France : à bord d'Athos 6, l'Alphajet du capitaine Romain Leseigneur.
Décollage groupé, tout doit être beau et léché
Les neuf appareils de la Patrouille de France doivent évoluer comme un seul dans les airs. La proximité entre eux est impressionnante : moins de deux mètres. Les mouvements, eux, se font tous "à la voix". Et pour cause, "c'est de la musique", résume le pilote, le capitaine Leseigneur.
Notre leader c'est notre chef d'orchestre. Au son de sa voix on sait si le virage va être plus cadencé.
Romain Leseigneur
"Quand il va annoncer 'virage à gauche j'incline', au 'j'incline', on va incliner mais on ne sait pas l'inclinaison qu'il va prendre", explique le capitaine Leseigneur. "Mais si dans son ton de voix on voit que c'est sous cadence, naturellement on va augmenter la vitesse de notre geste, et tout est comme ça", détaille le pilote. Forcément, "l'entraînement est indispensable", précise Romain Leseigneur. Il faut entre 150 et 180 vols d'entraînement pour pouvoir présenter ''quelque chose de correct".
Pilotage "aux fesses"
Chaque pilote de la patrouille est pilote de chasse. Romain Leseigneur a effectué de nombreuses missions en Afghanistan, au Sahel ou encore en Syrie. Mais piloter en combat reste bien différent du pilotage pour la Patrouille de France, estime Romain. "Quand on est pilote de chasse dans un escadron de combat (...) c'est le côté tactique, c'est la réalisation et le but de la mission, le pilotage devient annexe, alors qu'avec la Patrouille de France l'objectif est technique", explique le pilote.
Dans le cockpit, le manche, le palonnier ou la manette de gaz sont effectivement toujours en mouvement. Il n'y a aucun moment de répit ou de temps calme. "C'est des petites corrections, mais on bouge en permanence", confirme le capitaine. C'est par exemple "faire bouger le régime de 0,5% pour pouvoir gagner le petit mètre qui nous manque", détaille Romain Leseigneur. "On sent les choses, c'est vraiment un pilotage 'aux fesses', où on sent l'avion, les vibrations de l'avion devant, le souffle, les réactions moteurs."
Et le souci du détail ne s'arrête pas au décollage ou au roulage : tout doit être beau jusqu'à l'atterrissage. La fermeture ou l'ouverture des verrières au sol doit également être parfaite, synchronisée au millimètre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.