Bachelay, le discret monsieur Riposte bientôt numéro 2 du PS
Le visage de ce proche de Martine Aubry est peu connu des Français. Il devrait pourtant devenir le bras droit de Harlem Désir, après le vote des adhérents, le 18 octobre.
POLITIQUE - Discret dans les médias, son visage est peu connu des Français. L'ascension de Guillaume Bachelay, âgé seulement de 38 ans, est irrésistible au Parti socialiste. Il vient d’être choisi comme deuxième signataire de la motion, derrière Harlem Désir, futur premier secrétaire du parti. Le 18 octobre, après le vote des adhérents, il sera donc le numéro 2 du PS.
Ce proche de Martine Aubry et Laurent Fabius ne fait pas partie des cercles de François Hollande, bien au contraire. FTVi revient sur son rôle, ses influences et ses dernières batailles.
Il est proche de Martine Aubry
Guillaume Bachelay a un argument de taille. Il est très apprécié de Martine Aubry, l'actuelle première secrétaire du PS. "Ce qu’elle voudrait vraiment, c’est Guillaume Bachelay premier secrétaire", répondait un député au quotidien Libération, lundi 10 septembre. L’avenir de Guillaume Bachelay aurait ainsi été décisif dans le choix du premier secrétaire. "Martine Aubry cherche dans quel tandem Bachelay, qui pourrait être le futur numéro 2, passe le mieux. Et c’est plutôt Désir que Cambadélis."
Martine Aubry n'est pas ingrate envers son ancienne plume. Pendant la primaire citoyenne, fin 2011, Guillaume Bachelay n'a pas ménagé ses efforts pour fournir arguments et slogans à sa candidate. Il serait ainsi l'auteur de la formule "la gauche molle", destinée à François Hollande. Prudent, l'intéressé n'a jamais confirmé la paternité de l'expression. Lors des législatives, menées par la première secrétaire, Guillaume Bachelay devient l'un des trois porte-paroles du parti, aux côtés de David Assouline et de Charlotte Brun.
Il entretient des relations compliquées avec Hollande
Pas rancunier, François Hollande a toutefois débauché le vice-président de la région Haute-Normandie après sa victoire à la primaire. Guillaume Bachelay intègre alors la cellule riposte, qui doit contrer les piques de l'UMP. C'est lui qui est chargé d'aiguiser les flèches à l'attention des adversaires, mais aussi de préparer les argumentaires. Durant la campagne, il est en lien permanent avec Manuel Valls, directeur de campagne.
Pourtant, Guillaume Bachelay ne fait partie des proches du président. Ceux-ci n'ont pas oublié "la gauche molle" et ont mis leur veto à son ascension dans les instances du parti. Il faut dire que Guillaume Bachelay a rallié François Hollande sur le tard. En 2009, alors aux côtés de son mentor Laurent Fabius, il est loin de croire en ses chances, se souvenait Le Monde en avril. L'occasion d'une énième formule : "La présidentielle, Hollande y pense en nous rasant".
Après la primaire, Guillaume Bachelay avait pris soin de calmer le jeu, sans occulter l'épisode. "Des divergences, nous en avons eues sur le fond, ça va de soi, avec François, mais aujourd’hui, ça se passe très bien, on se parle tous les jours", explique-t-il aux Inrocks, en janvier.
Tout naturellement, c'est lui qui est choisi pour interpréter Nicolas Sarkozy. Le 2 mai, c'est avec lui que François Hollande prépare le débat de l'entre-deux-tours. "Il va chercher ce Bachelay, celui qui a le plus craché sur lui, qui est l'auteur des pires formules contre lui. Il le prend dans son staff, le nomme chef de la cellule 'riposte', et c'est à lui qu'il demande de jouer Sarkozy", raconte l'écrivain Laurent Binet dans son livre, Rien ne se passe comme prévu (éditions Grasset), signale le quotidien suisse Le Matin.
Il est passé maître dans les formules assassines
Sa plume a tour à tour été mise à contribution par Laurent Fabius, Martine Aubry et François Hollande. Et certains le surnomment le "Guaino de gauche". "La riposte, c'est la bataille des idées, pas la guerre des vannes. Nous menons une campagne sur le fond, même si en face, ils préfèrent toucher le fond", explique Guillaume Bachelay au quotidien LaDépêche.fr, en février 2012.
Mais certaines de ses formules ont marqué les esprits, toujours à l'endroit de Nicolas Sarkozy. "Toulon II après Toulon I : la même politique, en pire", "Merkel décide, Sarkozy exécute”, ou encore "François Hollande veut une campagne sur le fond, Sarkozy une campagne qui touche le fond".
Et quand l'UMP frappe fort, Guillaume Bachelay monte au front. François Fillon annonce aux syndicats qu'ils seront les "premiers cocus de la gauche" ? Il rétorque aussitôt, lui demandant de "retrouver la réserve et la dignité que les Français attendent d'un Premier ministre", rapportait Le Figaro, en mai. Gare à ne pas se trouver sur son passage. En 2007, déjà, il avait comparé les forums participatifs de Ségolène Royal à des "réunions tupperware", rappelait LeLab.fr. Le futur numéro 2 du PS réserve encore quelques flèches.
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