Bernard Tapie a défendu jeudi le fait qu'il touche 210 millions de l'Etat, solde de l'affaire Adidas-Crédit Lyonnais
Bernard Tapie a dit sur Europe 1 qu'il rejetait la polémique, qu'il qualifie de "politique et inutile. Je n'ai pas à m'excuser de l'argent qui m'est rendu. Il ne manquerait plus que ça".
"Ce que je trouve absolument incroyable, c'est de faire croire aux gens que cette somme est le fait du prince, que c'est un cadeau", a-t-il ajouté.
En 2008, un tribunal arbitral avait condamné le Consortium de réalisation (CDR), la structure publique chargée de liquider le passif du Crédit Lyonnais, à verser une indemnité de 285 millions d'euros (environ 400 millions avec les intérêts) aux liquidateurs du Groupe Bernard Tapie, dans le cadre de l'affaire de la vente du groupe sportif Adidas.
"Ce que je trouve absolument incroyable, c'est de faire croire aux gens que cette somme est le fait du prince, que c'est un cadeau. La réalité, c'est un jugement qui me rend à peu près 10% de ce que le Crédit Lyonnais a gagné sur mon dos de manière indue", a affirmé l'homme d'affaires, ancien ministre.
La polémique vient surtout du fait que Christine Lagarde avait affirmé qu'une fois pris en compte les intérêts, la fiscalité et les créances du CDR, l'ancien ministre de la Ville aurait dû toucher entre 20 et 50 millions d'euros. Cette dernière a affirmé jeudi que Bernard Tapie fait "l'objet d'un traitement fiscal de droit commun sans exception, sans privilège" sans chiffrer la somme versée à Bernard Tapie.
La somme de 210 millions, que Bernard Tapie n'a pas contestée sur Europe 1 jeudi avait été annoncée mercredi par le Canard Enchaîné.
Bernard Tapie avait réagi à l'article en expliquant que ce calcul "mélangeait les résultats de l'arbitrage et (ses) actifs personnels". Sur les sommes citées, "environ 95 millions d'euros ne sont pas liés à l'arbitrage", a-t-il affirmé, mais correspondent, selon lui, au produit de la vente d'actifs lui appartenant et cédés au cours des procédures judiciaires.
Dans le détail, 75 millions d'euros correspondent à des actions vendues, 20 millions d'euros à d'autres actifs: "mon bateau, des tableaux, deux-trois maisons, un appartement, une maison à Marrakech", a-t-il précisé. "Il reste au tribunal à trancher sur des créances en suspens qui représenteront de 10 à 15 millions d'euros et sur le solde, il y aura de l'impôt", a-t-il poursuivi.
Au final, Bernard Tapie affirme que dans le cadre de la procédure d'arbritrage, il lui restera effectivement "entre 50 et 55 millions d'euros".
Remous dans la classe politique
"On s'est moqué des Français, de la représentation nationale, des lois, tout ça pour donner à M. Tapie une fortune qui le place parmi les plus grandes fortunes françaises", s'est insurgé le président du Modem François Bayrou auprès de l'AFP, dénonçant un "scandale".
De son côté, le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, le socialiste Jérôme Cahuzac, a fait sa propre estimation de ce que les époux Tapie peuvent conserver". Et cette estimation est "nettement plus élevée que ce que Christine Lagarde avait bien voulu nous indiquer" en 2008, a-t-il déclaré à l'AFP.
Le député Jean-Pierre Brard s'interroge donc sur un "cadeau" du gouvernement à Bernard Tapie, tandis que François Bayrou réclame que Christine Lagarde vienne s'expliquer devant les députés.
Le député UMP villepiniste François Goulard a jugé mercredi que la somme dévoilée était "révoltante" et qu'il s'agissait d'un "scandale d'Etat".
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