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Ce que disent les sondages à deux mois d'une présidentielle

Le premier tour aura lieu le 22 avril, soit dans deux mois jour pour jour. En dehors de François Mitterrand en 1988, jamais depuis trente ans un candidat n'a eu autant d'avance au second tour que François Hollande cette année.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
François Mitterrand en 1981, Jacques Chirac en 1995, Jean-Marie Le Pen et Lionel Jospin en 2002. (AFP PHOTO / MONTAGE FTVI)

22 février, 22 avril. A deux mois du premier tour de la présidentielle, l'UMP ne veut pas croire aux sondages. Même si l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy semble susciter un léger frémissement en sa faveur au premier tour, le chef de l'Etat est encore très loin derrière François Hollande au second tour. 

Dans un sondage Ipsos pour France Télévisions publié mardi 21 février, le candidat socialiste recueille 32% des intentions de vote, contre 25% pour celui de l'UMP. Une enquête CSA pour 20 Minutes parue le même jour pointe un écart plus serré, François Hollande étant crédité de 28% des intentions de vote et Nicolas Sarkozy de 27%. Mais au second tour, l'avance en faveur de François Hollande s'élève à 18 points chez Ipsos (59-41) et reste de 12 points du côté de l'institut CSA (56-44).

Dans le camp de Nicolas Sarkozy, on le répète inlassablement : à chaque élection, les sondages se trompent. Pour le vérifier, FTVi a épluché les enquêtes d'opinion publiées à deux mois d'une présidentielle, depuis 1981. Enseignement principal : en dehors de François Mitterrand en 1988, jamais un candidat n'a eu autant d'avance au second tour que François Hollande cette année.

• Février 2007 : Sarkozy devant Royal aux deux tours

En 2007, l'avance exacte diverge selon les instituts, mais tous placent Nicolas Sarkozy nettement en tête. Au premier tour, il devance la socialiste Ségolène Royal de 6 à 10 points. Mêmes proportions au second tour.

Finalement, le candidat UMP recueillera 31% des voix, contre 26% pour la candidate PS au premier tour - soit quatre points d'écart. Et l'emportera au second tour avec 53% des suffrages. 

 

• Février 2002 : Chirac légèrement en avance sur Jospin

En 2002, à deux mois du premier tour, aucun institut ne prévoit le score que va réaliser Jean-Marie Le Pen, alors crédité de 7 à 11% des intentions de vote. Au premier tour, le président Jacques Chirac devance systématiquement le Premier ministre socialiste, Lionel Jospin, de 1 à 5 points. Au second tour, soit les deux candidats sont à égalité (selon BVA et la Sofres), soit Jacques Chirac bénéficie d'une courte avance (53-47 selon Ipsos).

Contre toute attente, Lionel Jospin sera finalement éliminé au premier tour, devancé par Jean-Marie Le Pen (16,9%) et Jacques Chirac (19,9%). Et au second tour, le président sortant sera réélu avec 82,2% des voix.

 

• Février 1995 : Chirac, Balladur et Jospin dans un mouchoir de poche

En février 1995, la droite est divisée entre chiraquiens et balladuriens. Selon une enquête Louis-Harris citée dans Le Monde (article abonnés), Edouard Balladur et Lionel Jospin seraient opposés au second tour, alors que Jacques Chirac serait éliminé. Mais dans une étude BVA relayée par le même quotidien (article abonnés), les trois candidats sont au coude-à-coude, Jospin dominant d'une courte tête ses rivaux.

Au second tour, Lionel Jospin accuse un retard de 6 à 7 points sur le candidat de la droite, que ce soit Jacques Chirac ou Edouard Balladur.

Le 23 avril 1995, c'est finalement Jacques Chirac qui se qualifie pour un second tour face à Lionel Jospin, Edouard Balladur étant éliminé. Deux semaines plus tard, Jacques Chirac devient président de la République avec 52,64% des voix. Les sondages ne se sont pas trompés.

 

• Février 1988 : avance historique pour Mitterrand

En 1988, François Mitterrand, président sortant, se représente face à son Premier ministre (RPR), Jacques Chirac, et à l'ancien Premier ministre (UDF) Raymond Barre. Malgré la victoire de la droite aux législatives deux ans plus tôt, le candidat socialiste jouit d'une extraordinaire avance dans les sondages.

A deux mois du premier tour, Mitterrand bénéficie de 16 à 18 points d'avance sur ses adversaires de droite dans les enquêtes Sofres et Ifop. Et au second tour, le chef de l'Etat l'emporterait largement face à Jacques Chirac.

Une fois de plus, les sondages voient juste. Même si l'avance sera finalement un peu moindre pour François Mitterrand au premier tour, elle sera de 8 points au second tour sur Jacques Chirac.  

 

• Février 1981 : Mitterrand sur une phase ascendante, Giscard en difficulté

En février 1981, à deux mois du premier tour, Valéry Giscard d'Estaing n'a pas encore officialisé son intention de briguer un second mandat. Le temps presse, pourtant. Donné vainqueur d'un second tour face à François Mitterrand à 60% contre 40% en novembre 1980, il a été rattrapé par son adversaire socialiste, que la Sofres donne même pour la première fois en tête des intentions de vote au second tour.

Une tendance que VGE ne parviendra pas à inverser, François Mitterrand entrant à l'Elysée deux mois plus tard avec 51,76% des voix.

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