Ce que pense François Hollande de ses adversaires
Le livre du candidat socialiste, "Changer un destin", sort jeudi 23 février en librairie. "Le Nouvel Observateur" en publie les bonnes feuilles.
C'est un passage obligé pour chaque candidat à l'élection présidentielle. François Hollande publie jeudi son livre Changer de destin, le quatrième ouvrage de sa carrière, dont les bonnes feuilles sont publiées mercredi 22 février dans Le Nouvel Observateur. Le candidat socialiste y livre souvenirs personnels et considérations politiques sur 180 pages. Morceaux choisis.
• Nicolas Sarkozy parle plus qu'il n'écoute
Le président de la République est la première personnalité politique égratignée par le candidat socialiste. Députés en 1988, chefs de partis au début des années 2000, les deux hommes se sont croisés à quatre reprises sur des plateaux de télévision. "J'ai gardé de ces échanges le souvenir d'un homme énergique et vif, rempli d'une certitude. La sienne ! Dût-il en changer régulièrement", attaque François Hollande. Avant d'ajouter : "Il est sûr de son fait, même si les faits le démentent souvent".
Le candidat socialiste critique également la méthode de gouvernement du président sortant. "Il fait en effet partie de ces personnalités qui parlent plus qu'elles n'écoutent", explique-t-il, jugeant que Nicolas Sarkozy ne consulte pas suffisamment l'opposition. Il reproche à la politique du président de faire "perdre beaucoup de temps à la France". François Hollande résume le bilan du quinquennat d'une formule lapidaire : "Trop de mots, pas assez d'actes."
Et de critiquer en creux son style, s'il venait à prendre sa place : "Mon rôle ne consistera pas à squatter ou à phagocyter par les moyens les plus incongrus, par les annonces les plus factices les journaux télévisés en remuant l'air volatil de la communication" écrit-il, indiquant vouloir rétablir "dans toute sa dimension la fonction de Premier ministre".
• François Bayrou, "quel brouillard !"
Les autres candidats à l'élection présidentielle ne sont pas épargnés. Il qualifie François Bayrou, son rival du MoDem, d'"intrépide chevalier de la petite escouade centriste". S'il lui reconnaît un certain "panache" et salue son combat contre la dette, le candidat socialiste estime que "pour le reste, quel brouillard !".
Il qualifie le programme du centriste d'"anti-programme (…) comme si ne rien promettre résumait une politique". "En le lisant, je suis saisi par la peur du vide". Il s'en prend également au positionnement politique de Bayrou : "En refusant de définir sa majorité, il n'en trouvera aucune". Il conclut son portrait par une formule empruntée à Michel Audiard : "Un centriste assis entre deux chaises ira toujours moins loin qu'un socialiste qui marche."
• Marine Le Pen, une politique "toujours contraire aux traditions républicaines"
A propos de Marine Le Pen, François Hollande se garde de toute pique personnelle, préférant fustiger son programme. "Elle a gommé certains aspects les plus provocateurs de son programme, même s'ils transparaissent sur le fond", analyse le candidat socialiste, s'en prenant à sa politique d'immigration "d'une dureté telle qu'elle est toujours contraire aux traditions républicaines de respect de l'autre".
Il lui reproche également de défendre la peine de mort, une conception ethnique de l'identité française et la sortie de l'euro. Sur ce dernier point, il estime qu'il n'"en sortira qu'une France seule, encore plus affaiblie, qui devrait payer nettement plus cher son énergie, ses vêtements, ses ordinateurs et qui verrait sa dette soudain s'accroître de manière insupportable".
• Eva Joly, une "femme de caractère"
Dans son livre, François Hollande ne parle pas que de ses rivaux. Il a également un mot pour ses alliés. Eva Joly est une "femme de caractère", écrit-il, "implacable dans la dénonciation des faiblesses humaines". Il salue son travail en tant que magistrate pour lutter contre la corruption, mais la trouve un peu excessive dans sa politique écologique. "Je me méfie chez certains 'ultras' de la dévotion à cette entité supérieure qu'est la Nature", prévient-il. "Cette religiosité moderne heurte mon rationalisme et mon humanisme."
• Jean-Luc Mélenchon, une voix "utile"
D'emblée, François Hollande joue la proximité avec Jean-Luc Mélenchon, ancien ministre socialiste et aujourd'hui candidat du Front de gauche. "Je connais bien Jean-Luc", écrit le député de Corrèze, louant l'action de ce dernier au ministère de l'Enseignement professionnel.
La "voix" de Jean-Luc Mélenchon, "celle d'une légitime indignation devant les cruautés du système, est utile", poursuit-t-il. Mais "à revenir vers une gauche plus à gauche, on peut risquer de laisser la droite au pouvoir", juge Hollande.
• "Le danger" d'un 21 avril "n'est pas écarté"
François Hollande revient sur les précédentes campagnes présidentielles et notamment celle de 2002, qui avait vu l'extrême droite se qualifier pour le second tour, au détriment du Parti socialiste. Aujourd'hui, le candidat socialiste assure avoir vu "les signes avant-coureurs" de l'échec d'une campagne socialiste "désincarnée".
"Je m'en étais ouvert à Lionel Jospin dans une discussion vive, raconte-t-il. C'était le samedi 20 avril, veille du premier tour. Il m'avait répondu qu'il reverrait tout le dispositif le lundi suivant, pour le second tour. Mais le lundi suivant, il était éliminé". Pour le scrutin de 2012, il estime que "le danger n'est pas écarté, au contraire".
Quant au résultat final, le favori des sondages se garde de tout triomphalisme. Il se souvient de ses scores lorsqu'il débutait sa campagne. "Les sondages qui me favorisent aujourd'hui me promettaient à l'époque un score à un chiffre, écrit-il. "C'est dire si je les regarde avec philosophie !"
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