"Certains tentent d'instiller la lutte des classes au sein de l'armée"
Un porte-parole de l'armée répond à la "tribune de lieutenants" publiée par francetv info, mercredi.
Après la publication par francetv info de la tribune des jeunes officiers, mercredi 6 mars, dans laquelle ils dénoncent "une gabegie" au sein de l'armée, celle-ci riposte. Vendredi 8 mars, le général Martin Klotz, porte-parole du ministère de la Défense, a répondu à nos questions.
Francetv info : Il est rare que des militaires prennent ainsi position, même sous le sceau de l'anonymat. Quelle a été votre réaction en lisant cette tribune ?
Martin Klotz : Je connais bien nos jeunes lieutenants, j'en avais plus de deux cents dans ma brigade jusqu'à l'été dernier. Une telle tribune ne reflète pas leurs préoccupations. Nos jeunes lieutenants sont préoccupés par le commandement de leurs hommes. Dans les armées, il n'existe pas de lutte des classes. Certains tentent d'en instiller une, mais elle n'existe pas.
Dès le premier paragraphe, ces officiers font référence à l'historien français et résistant Marc Bloch. Ce parallèle vous paraît-il justifié ?
Non. Marc Bloch a été un grand résistant et quelqu'un d'exemplaire, mais cette comparaison est totalement abusive. Son livre L'Etrange Défaite a été écrit après la défaite de 1940, où l'armée française a été battue par l'Allemagne. Or aujourd'hui, au Mali, nous ne sommes pas une armée vaincue.
Une des principales critiques vise le nombre, jugé excessif, d'officiers, et notamment de généraux.
Cette critique n'est pas justifiée. D'abord, le nombre de généraux a été divisé par deux depuis dix ans. Ensuite, la "2e section" qui est évoquée, et que les signataires de la tribune souhaitent supprimer, ne correspond pas à la réalité. Quand un général quitte ses fonctions, à 59 ans, il est placé en 2e section. Mais il touche une retraite, qu'on appelle "solde de réserve", pas sa solde habituelle. Il ne coûte donc pas plus cher à l'armée. Enfin, l'organisation de l'armée me paraît difficile à contester. Comparez le pyramidage de notre administration avec celui des autres grands corps de l'Etat, il est optimisé.
Ces militaires dénoncent également la diminution du budget de l'armée et craignent son "déclin". L'armée est-elle dirigée par Bercy ?
Nous sommes dans un processus d'élaboration du Livre blanc [qui doit être rendu dans les prochaines semaines]. Le budget de la Défense est un compromis défini en fonction des objectifs fixés par le président de la République et des contraintes financières. Demander quatre fois plus de matériel, ça n'est pas réaliste. Il faut penser cette responsabilité en tant que militaire, mais aussi en tant que citoyen et contribuable. Il est vrai que nous avons réduit nos forces depuis plusieurs décennies. Mais la France ne désarme pas.
Cette tribune va-t-elle influencer les recommandations faites dans le Livre blanc ?
Non. L'armée n'a pas à se fier à ce qui sort partout dans les médias, sur des blogs ou à ce qui est écrit par n'importe quel groupe. Des personnes qualifiées sont chargées de réfléchir à ces problématiques. Les autorités politiques feront les choix.
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