À Calais, ces migrants qui continuent à vouloir tenter la traversée vers le Royaume-Uni : "J'ai très peur mais je n'ai pas le choix"
Malgré la multiplication des noyades de migrants en mer, comme celle qui a coûté la vie à 27 personnes au large de Calais mercredi 24 novembre, les candidats à l'exil continuent de vouloir tenter la traversée vers le Royaume-Uni.
Dans ce campement situé entre Loon-plage et Grande-Synthe, des dizaines de migrants sont rassemblés. Des hommes, des femmes mais aussi des enfants en bas âge qui serpentent entre les tentes et les feux allumés pour se réchauffer. Malgré les drames, comme la mort de ces 27 personnes en mer au large de Calais mercredi 24 novembre, les candidats à l'exil continuent de vouloir rejoindre l'Angleterre.
Amir a quitté l’Iran depuis sept mois, il se trouve ici depuis deux jours et compte bien tenter sa chance quand la météo sera favorable. "J’ai peur, j’ai très peur, confie-t-il, "ma mère me dit de ne pas y aller. Elle dit : 'C'est dangereux', mais je n’ai pas le choix." Ali tient le même discours. Il est arrivé il y a un mois, passe régulièrement quelques nuit à l’hôtel avant de revenir ici. Il pense pouvoir prendre la mer d’ici une dizaine de jours, malgré la peur. "Oui je vais partir, et peut-être que je vais mourir...", dit-il avec un petit rire triste. Comme beaucoup de migrants ici, il ne veut pas rester en France. L’avenir pour lui se trouve de l’autre coté de la Manche.
"Mes amis sont au Royaume-Uni, je dois y aller. Je ne peux pas rester ici parce que je ne connais personne."
Ali, migrantfranceinfo
Dans ce campement, des associations viennent servir de la nourriture aux migrants. Certaines, en lien avec la préfecture, leur proposent également de les aider pour mener des démarches administratives. Mais il y a aussi des passeurs. Saïd a déjà déboursé des milliers d’euros pour venir à Grande-Synthe avec son père. "J’ai fui mon pays, l’Iran, pour que l’on m’aide, mais les autorités m’ont mis en prison, raconte-t-il. Pourquoi ? Je suis un réfugié je n’ai rien fait de mal."
Et ce trentenaire prendra bien la mer malgré les risques. "Si je meurs je m’en fiche. C’est mieux que d'être ici. Regardez où l’on vit. Sous des tentes, sous la pluie, dans le froid. Mon père est âgé, je me sens tellement triste pour lui." L’autre raison de son départ est la dureté de la police française : "Je veux être à un endroit en paix mais ils nous déplacent à un autre endroit alors que l’on veut partir puis viennent détruire nos tentes. Pourquoi ? Je suis vraiment perdu ..."
Le gouvernement français a donné à nouveau rendez-vous aux ministres européens dimanche 28 novembre à Calais. Les ministres en charge de l’immigration belge, allemand, néerlandais et britannique, ainsi que la Commission européenne, sont conviés à une réunion pour déterminer comment renforcer la coopération policière, judiciaire et humanitaire. L'objectif est de mieux lutter contre les réseaux de passeurs, qui fonctionnent comme des "organisations mafieuses" et sont les premiers responsables de ces drames selon l’exécutif. Selon lui, plus de 7 800 migrants ont pu être sauvés en mer dans cette zone depuis le début de l’année.
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