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À Calais, "les droits fondamentaux des migrants sont bafoués depuis des années", dénonce un député

La commission d'enquête parlementaire sur les migrations, dont Sébastien Nadot est le président, doit présenter un rapport mercredi. Le député du groupe Libertés et Territoires plaide pour "traiter l'urgence" humanitaire à Calais. 

Article rédigé par franceinfo
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Le député Sébastien Nadot du groupe Libertés et Territoires à l'Assemblée nationale à Paris, le 17 décembre 2019. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

"Les droits fondamentaux des migrants sont bafoués depuis des années" à Calais, a dénoncé Sébastien Nadot, député Libertés et Territoires de la Haute-Garonne, dimanche 14 novembre sur franceinfo. À l'Assemblée nationale, le député est également président de la commission d'enquête sur les migrations  dont le rapport est présenté mercredi 17 novembre. "Nous sommes très loin du compte", a-t-il ajouté, avant de plaider pour "traiter l'urgence" humanitaire sur place.

franceinfo : Marlène Schiappa disait dimanche matin sur franceinfo que l'État sauve des vies à Calais et organise la mise à l'abri des migrants. Qu'en dites-vous ?

Sébastien Nadot : Il y a une chose sur laquelle Marlène Schiappa ne ment pas, c'est que l'État, effectivement, sauve des vies lors des tentatives de migrants infructueuses pour traverser la Manche. Sur tout le reste, c'est un mensonge par omission. Elle omet de dire ce qu'est une mise à l'abri aujourd'hui, parce qu'on pourrait laisser croire aux gens qu'on donne à ces migrants un logement décent avec une température décente. Or, nous sommes très loin du compte. De ce côté-là, ce n'est pas une réalité et ce n'est pas ce qu'on voit sur le terrain.

"Marlène Schiappa devrait se rendre sur le terrain pour se rendre compte de l'énormité de ce qu'elle raconte."

Sébastien Nadot, député Libertés et Territoires

à franceinfo

Il n'y a pas de mise à l'abri, sauf à considérer que des gens qui dorment dehors, parfois dans des tentes, qui se font déloger, c'est ça, une mise à l'abri. Je ne comprends pas ce discours. Il faudrait prendre conscience dans ce pays que la jungle de Calais n'a pas été démantelée. Elle a été disséminée, c'est-à-dire que les gens ont été répartis par petits îlots à Calais, autour de Calais. Ce que l'on peut voir, c'est que l'urgence qu'il y avait à traiter, considérant leurs conditions de vie, n'est toujours pas traitée.

Dans votre rapport, vous parlez d'une "maltraitance d'État". Pourquoi ce terme ?

Lorsque les lois fondamentales de la République ne sont pas respectées dans notre pays, de quoi peut-on parler d'autre ? Ces personnes ont des droits qui s'appellent des droits fondamentaux : le droit à un hébergement, le droit à être alimenté, le droit à accéder à des premiers soins, le droit à l'éducation. Tous ces droits fondamentaux sont bafoués depuis des années à Calais. Nous sommes dans une situation d'urgence et l'État envoit un médiateur pour parler d'un futur plan d'urbanisme et de je ne sais quoi. Non, ce n'est pas possible. Quand un pompier va sur un incendie, il essaye de sauver les gens, les enfants, les femmes, les adultes, et il essait de mettre tout le monde à l'abri du danger.

Vous présidez une commission d'enquête parlementaire sur les migrations. Quelles sont les propositions de cette commission que vous présidez ?

Elles sont nombreuses. Par exemple, le coût annuel de la mission de lutte contre l'immigration clandestine Nord, c'est-à-dire sur tout le littoral Nord-Pas-de-Calais, c'est 178 millions d'euros. Est-ce qu'on ne pourrait pas avec cette somme commencer par parer à l'urgence ? C'est une question de priorité politique. Si on ne traite plus l'urgence, c'est un problème. Dans notre pays, cela fait des années que nous ne traitons pas la problématique migratoire. On ne s'attaque pas aux causes, au problème de l'immigration dans ce pays depuis des années. C'est tout un ensemble de mécanismes qui sont à repenser et qui sont à repenser à l'intérieur de nos frontières, mais également avec nos partenaires et avec les pays de départ.

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