Calais : une performance audiovisuelle pour plonger au cœur de la "jungle"
Deux ans après le démantèlement de la "jungle", deux artistes calaisiens proposent une plongée audiovisuelle au cœur de ce que fut ce gigantesque camp de réfugiés.
Cela fait deux ans mercredi 24 octobre qu'a débuté le démantèlement de la "jungle" de Calais, cet immense bidonville du nord de la France qui a abrité plus de 6 500 exilés. Pour "ne pas oublier", Loup Blaster (illustratrice) et NUMéROBé (musicien, beatmaker) proposent une performance audiovisuelle où dialoguent sons et images.
Une performance audiovisuelle basée sur le souvenir
Pendant plus d'un an, ces deux artistes ont silloné la "jungle" de Calais à l'aide d'un enregistreur, d'un appareil photo et de carnets à dessin : "On alimente la performance avec des enregistrements, des dessins, des vidéos qu'on a pris sur place". Loup Blaster et NUMéROBé ont ainsi récolté toute une série de sons : ambiances, conversations, musique. Et réalisé plus d'une cinquantaine de dessins : habitations, portraits, paysages, lieux communautaires, scènes de vie.
NUMéROBé assemble en live les sons collectés dans la "jungle" avec de la musique. Quant à Loup Blaster, elle superpose des boucles de dessins animés dont certaines images sont issues de son premier court métrage "AL HURRIYA, Freedom, Liberté" (2014).
Une démarche poétique engagée
Loup Blaster et NUMéROBé proposent une vision poétique de la situation migratoire à la frontière anglaise. La démarche des deux artistes est assumée. Elle est personnelle et engagée : "On avait aussi envie de témoigner de l'aspect positif, de la solidarité et de tout l'espoir que la jungle de Calais représentait".
"Ne pas oublier"
À travers leur œuvre, Loup Blaster et NUMéROBé veulent lutter contre l'invisibilisation des migrants. Le démantèlement de la "jungle" de Calais ne signifie pas que le "problème" est résolu. "Avec le démantèlement, on a la fausse impression que le problème n'existe pas. En réalité les gens refont des petits camps, se font lacérer les tentes, sont délogés tous les matins. La situation est très préoccupante".
Le démantèlement du bidonville signifie aussi la fin des abris, la fin des assistances médicales. Les exilés se retrouvent plus isolés et plus vulnérables. L’aide humanitaire s’est depuis recentrée autour des associations locales telles que "L'Auberge des Migrants". À l'heure actuelle, le nombre de migrants à Calais est "entre 350 et 400 personnes", soit "vingt fois moins" qu'il y a deux ans, a déclaré le préfet lors d'une conférence de presse.
Pour aller plus loin :
- Refugee right data project "Six mois plus tard", avril 2017
- Al Hurriya - Freedom - Liberté, court-métrage de Loup Blaster
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