Démantèlement de la "Jungle" de Calais : il y a "un risque certain de violences" selon l'association l'Auberge des migrants
Le démantèlement de la "Jungle" de Calais est prévu pour ce lundi. Mais les associations craignent que l'opération entraîne des violences.
J-1 avant le début du démantèlement de la "Jungle" de Calais, prévu pour lundi 24 octobre, dès 8h du matin. Une opération qui inquiète les associations d'aide aux migrants présentes sur place, comme l'Auberge des migrants. Sur franceinfo, François Guennoc, l'un des responsables de cette association a exprimé dimanche son "pessimisme sur le déroulement de cette opération". "Il y a un risque certain de violences", a expliqué François Guennoc.
franceinfo : Ce démantelement va se faire dans le calme, d'après vous ?
François Guennoc : C'est difficile à imaginer. Si on se réfère à la démolition du bidonville sud, on a vu des jets de cailloux et il y a eu beaucoup d'incendies très rapidement. Donc on est assez pessimistes sur le déroulement de cette opération sur la partie nord. Il y a un risque certain de violences, vous avez un certain nombre de réfugiés stressés, énervés, en colère qui vont peut-être lancer des cailloux. Et vous avez aussi un certain nombre d'activistes qui sont arrivés récemment et qui ont peut-être intérêt à ce que les choses se passent mal.
Votre association est impliquée dans les opérations de démantelement ?
Pas du tout (...) On ne participe pas au démantelement, car nous ne sommes pas d'accord avec ses modalités, notamment la précipitation avec laquelle il est en train de se faire. Certains disent qu'il y a des raisons électorales. Le gouvernement dit aussi que si l'on prend le temps de le faire, à mesure que les personnes vont partir vers les CAO [centres d'accueil et d'orientation], d'autres arriveront. C'est dire le besoin qu'il y a en France : nous n'avons aucun 'premier accueil', à part le centre Jules Ferry qui avait été créé par Bernard Cazeneuve et les conteneurs, qui sont voués à disparaître. Donc il va manquer ce 'premier accueil' et un certain nombre de personnes ne seront pas accueillies.
Les migrants vont accepter de partir vers les CAO, selon vous ?
Oui, une partie des demandeurs d'asile ne demande pas mieux que de quitter cet endroit absolument horrible. Donc il n'y aura certainement pas de problèmes sur le premier et le deuxième jour. Après, il va rester ceux qui hésitent, et qui devront être, entre guillemets, un peu poussés par la police. Il faut ajouter que la réaction la plus importante pour l'instant dans le camp, c'est le départ. On a perdu près de 2 000 habitants en trois semaines. Beaucoup de personnes sont parties sur Paris, et en particulier des mineurs isolés pour lesquels on se fait beaucoup de souci.
Vous pensez que certains vont vouloir rester dans les environs de Calais ?
C'est ce que l'on craint le plus, la reconstitution de camps sauvages (...) Cela s'est toujours passé de cette façon-là, quand on détruit un camp, d'autres se reconstituent après quelques jours ou quelques semaines. Nous, on s'y prépare.
Les mineurs isolés vont être traités de la même manière que les autres pendant ce démantèlement ?
Le gouvernement a monté une opération d'urgence, qui a démarré il y a quinze jours. Il y a trente à quarante mineurs isolés qui vont pouvoir aller en Grande-Bretagne, parce qu'ils ont de la famille là-bas. Les autres vont être provisoirement abrités dans les conteneurs, en attendant d'hypothétiques centres d'accueil à même de les accueillir. Le problème pour les mineurs, c'est que les centres doivent être aux normes, en terme d'encadrement humain notamment et ce n'est pas le cas aujourd'hui, ni dans les conteneurs, ni dans les CAO.
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