"Il y a tellement rien qui les retient" : 1 276 migrants qui voulaient rejoindre l'Angleterre ont été sauvés dans la Manche depuis le début de l'année
Une réfugiée iranienne est portée disparue depuis une semaine alors qu'elle tentait de traverser la Manche pour rejoindre l'Angleterre dans une embarcation de fortune. Des traversées qui se multiplient depuis le début de l'année.
Ce pourrait être la première mort d'un migrant pendant la traversée de la Manche en bateau : une femme iranienne est portée disparue depuis le 9 août dernier alors qu'elle tentait de rejoindre les côtes anglaises. Elle avait pris place sur une embarcation gonflable avec 19 autres personnes. Des hélicoptères de la garde côtière étaient partis à sa recherche, mais l'opération de secours s'est arrêtée le lendemain.
Deux fois plus de migrants secourus en 2019
Les traversées de la Manche par des migrants se multiplient. Depuis le début de l'année, 1 276 d'entre eux, qui tentaient la traversée pour rejoindre l'Angleterre sur des petites embarcations, ont été secourus lors de 141 opérations menées conjointement par les autorités françaises et britanniques, a appris franceinfo vendredi 16 août auprès de la préfecture maritime de la Manche. En comparaison, sur l'ensemble de l'année 2018, 583 migrants qui tentaient cette traversée avaient été secourus lors de 78 opérations.
Cette augmentation est liée aux conditions de vie qui continuent de se dégrader dans les camps selon Charlotte Kwantès, de l'association Utopia 56 à Calais : "Ils vivent dans des tentes, fournies au gré des donations que les associations reçoivent".
Ce sont des gens qui fuient la France tellement ça les met dans un état de détresse, d'angoisse, de misère. Évidemment qu'ils vont prendre des risques pour partir !
Charlotte Kwantèsà franceinfo
Elle explique qu'il n'y a plus de tentes à donner actuellement : "Ça peut paraître être un détail mais il y a des gens en ce moment qui vivent sans tentes, sans rien du tout. Il y a tellement rien qui les retient, ils sont tellement menacés constamment, soit d'expulsion, soit d'arrestation..."
Le camp de Grande-Synthe bientôt évacué
À Grande-Synthe, près de Dunkerque, le gymnase qui avait ouvert ses portes aux migrants en décembre 2018, durant la vague de froid, va bientôt être évacué. Cela concernerait 1 000 personnes. La décision a été annoncée aux associations locales par le maire PS de la commune, Martial Beyaert, le préfet de la région Hauts-de-France, Michel Lalande, et le sous-préfet de Dunkerque, Eric Etienne, le 17 juillet. Depuis, beaucoup de migrants ont pris le large, direction l'Angleterre.
Selon Christian Salomé, le président de l'association de l'Auberge des migrants, "cela reste quand même le moyen le plus sûr pour les réfugiés qui veulent aller en Angleterre de passer la Manche. Nous avons beaucoup plus de décès avec les gens qui essayent de passer par camion en particulier." Selon lui, les autorités doivent éviter que les traversées ne se multiplient, et qu'elles puissent proposer aux réfugiés "autre chose que l'Angleterre" : "Cela concerne 1 000 personnes, ce n’est quand même pas quelque chose d’énorme."
Mille personnes à répartir en France, c’est deux fois rien. Pourquoi les forcer absolument à aller vers l’Angleterre ? Logiquement, il y a quelque chose qui ne tient pas la route.
Christian Saloméà franceinfo
Alors pour éviter que les migrants ne continuent de se mettre en danger, l'association Utopia 56 réclame un couloir humanitaire entre la France et le Royaume-Uni : "C'est un accueil en dur sur Calais, sur Grande-Synthe, pour accueillir toutes ces personnes, avec tout un dispositif respectant les droits fondamentaux de base : l'accès à l'eau, à la nourriture, aux sanitaires, à des bureaux d'information pour connaître leurs débouchés à eux... Et puis ensuite, le transfert légal de toutes ces personnes", explique Charlotte Kwantès.
Des campagnes de sensibilisation
Les associations demandent aussi une révision du règlement Dublin qui prévoit le renvoi des migrants dans le premier pays où ils ont effectué une demande d'asile. Face à cette augmentation des traversées, la sous-préfecture de Calais n'a pas changé de dispositif depuis l'an dernier. Il était déjà renforcé, car les passeurs organisent de plus en plus de traversées par la mer plutôt que par la route. "Nous avons déjà depuis la fin de l'année dernière des patrouilles, qui sont sous la houlette de la gendarmerie, toutes les nuits sur le terrain, explique Michel Tournaire, le sous-préfet de Calais, et toutes les nuits il y a des découvertes de bateaux, de matériel, de gilets de sauvetage, voire même des arrestations de passeurs."
Une campagne de sensibilisation a également été menée auprès des loueurs de bateaux pour qu'ils soient plus vigilants, et signalent toute vente ou location de bateau suspecte.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.