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Migrants à Calais : le centre d'accueil temporaire n'est "absolument pas une solution", dénonce une association

L'association Salam assure qu'après cet accueil de quelques heures, les candidats à l'exil seront placés en centre de rétention avant d'être raccompagnés aux frontières.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un camp de migrants à Calais (mars 2019). (FRANÇOIS CORTADE / RADIO FRANCE)

La création d'un centre d'accueil temporaire, un "sas" de "mise à l'abri" de 300 places pour les migrants à Calais (Pas-de-Calais), annoncée par le médiateur du gouvernement mercredi, n'est "absolument pas une solution", a déclaré Claire Millot, secrétaire générale de Salam, une association venant en aide aux personnes exilées à Calais, vendredi 5 novembre sur franceinfo. La grande majorité des migrants que les membres de l'association rencontrent ont été déboutés du droit d'asile en France. Après quelques heures dans ces centres d'accueil temporaire, ils risquent donc d'être placés dans des centres de rétention avant de recevoir une obligation de quitter le territoire français.

Claire Millot a salué une "amélioration" apportée par le médiateur du gouvernement. Didier Leschi, directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, a annoncé que les campements seront démantelés tous les trois jours, et pas tous les deux jours comme précédemment. Une annonce intervenue avant un nouveau drame à Calais. Un jeune migrant est mort, et trois autres blessés, ce mercredi, percutés par un TER.

franceinfo : Constatez-vous une hausse du nombre de migrants dans le secteur de Calais ?

Claire Millot : Oui, clairement. Énormément de monde depuis cet été. À cause du succès des passages vers l'Angleterre par la mer. Avec ces fameux "small boats", des canots gonflables, des Zodiac, quelquefois même des piscines gonflables avec des pelles comme rames. Le succès de ces opérations a énormément accru le nombre de personnes qui tentent le passage.

Jeudi, un jeune migrant est mort après avoir été percuté par un train. On sait que l'État ne veut pas que ces migrants s'installent. Ils se retrouvent à errer. C'est cela qui rend la situation dangereuse ?

Leur situation est absolument épouvantable. Depuis 2018, on a un démantèlement tous les deux jours. C'est de plus en plus dur. On vient d'avoir un médiateur qui est venu et a offert quelques améliorations. Les forces de police ne démantèleront plus tous les deux jours, mais tous les trois jours. C'est un progrès, tout ce qui permet à quelqu'un de dormir une nuit de plus. En revanche, ils doivent quitter le terrain sur lequel ils se sont installés, emporter leurs affaires, y compris leur tente et leur bâche. Imaginez que vous emportez dans vos bras tout ce que vous pouvez porter. Ça veut dire au maximum trois couvertures, quatre vêtements de rechange, un peu de provisions et un réchaud pour se faire à manger. C'est vraiment le strict minimum.

Il y a la solution du sas installé dans Calais et qui doit accueillir environ 300 personnes, pour quelques heures. Ce n'est pas la bonne solution ?

Absolument pas. Ce n'est que pour quelques heures et le lendemain matin, ils sont emmenés vers un centre d'accueil.

"On sait très bien que dans ces centres, ils n'ont aucun espoir."

Claire Millot, secrétaire générale de Salam

à franceinfo

Dans la mesure où 95 % des gars que nous avons là sur le terrain, sont des gens qui sont déboutés d'un pays, soit en France, soit en Allemagne, soit dans les pays scandinaves. Ils n'ont pas obtenu le statut de réfugié. Ou ils ont des empreintes Dublin, prises dans le premier pays européen qu'ils ont traversé. Ils peuvent demander l'asile dans ces pays, mais ce sont toujours la Grèce, l'Italie, l'Espagne. Des pays où la situation économique est la plus difficile. Ils veulent venir en France, ou en Allemagne. Et puis, quand ils n'ont plus d'autre solution, qu'on les a refusés ailleurs, ils tentent le passage vers l'Angleterre. Mettre ces gens dans un centre d'accueil, c'est les condamner au centre de rétention et à l'obligation de quitter le territoire français. Donc ces centres d'accueil ne sont absolument pas une solution.

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