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Migrants de Calais : la contrôleure des prisons dénonce un usage détourné des centres de rétention administrative

Adeline Hazan a livré, mercredi, un constat sévère de la mise en rétention des migrants de la "jungle" de Calais, parlant d'un "usage détourné de la procédure", cause d'"atteintes graves aux droits fondamentaux".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des migrants marchent dans la boue au milieu de la "jungle" de Calais (Pas-de-Calais), le 20 novembre 2015. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Accès insuffisant au droit, conditions indignes... La contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) a livré, mercredi 2 décembre, un constat sévère de la mise en rétention des migrants de la "jungle" de Calais (Pas-de-Calais), parlant d'un "usage détourné de la procédure" cause d'"atteintes graves aux droits fondamentaux".

Depuis octobre, "le placement en rétention administrative est utilisé non pas aux fins d'organiser le retour dans les pays d'origine", mais "dans le seul objectif de déplacer plusieurs centaines de personnes interpellées à Calais", où le bidonville a compté jusqu'à 6 000 migrants, écrit la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, dans ses recommandations.

En fait, ce recours aux centres de rétention administrative vise à "désengorger Calais", ajoute-t-elle dans cet avis daté du 13 novembre, et publié au Journal officiel avec la réponse du ministre de l'Intérieur. "Il s'agit là d'une utilisation détournée de la procédure qui entraîne des atteintes graves aux droits fondamentaux des personnes ainsi privées de liberté", ajoute Adeline Hazan, qui "recommande qu'il y soit mis fin".

Des mises en cause contestées par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui évoque, lui, un "dispositif temporaire" dans un contexte "de pression migratoire d'une ampleur inédite", et assure que les placements sont réalisés "dans le strict respect des garanties juridiques".

Une "gestion industrialisée" des placements en centres de rétention administrative 

"Tous les étrangers placés en centres de rétention administrative ont vocation à être éloignés", affirme le ministre, pour qui "la concomitance d'actions de lutte contre l'immigration irrégulière et de sécurisation" de zones sensibles à Calais (port ou tunnel) "ne caractérise pas" un détournement de procédure, mais illustre "un traitement global et coordonné" d'une situation "posant de graves difficultés".

Mais le constat, sévère, rejoint celui des associations (Cimade, Gisti...), qui ont encore dénoncé, mardi, dans une lettre au Premier ministre une "gestion industrialisée" des placements en centres de rétention administrative et des "violations répétées des textes". Il intervient deux semaines après la condamnation du Conseil d'Etat, qui a confirmé l'obligation pour les pouvoirs publics à procéder à des aménagements sanitaires sur la "jungle".

Selon les chiffres de la CGLPL, entre le 21 octobre et le 10 novembre, 779 personnes ont été éloignées de Calais pour un placement en centres de rétention administrative, dont 578 libérées, 186 encore retenues et 15 réadmises vers un pays de l'Union européenne.

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