: Vidéo Migrants morts dans la Manche : "La vérité et la transparence sont dues aux victimes et à leurs familles", pour l'avocat d'Utopia 56
Suite au décès de 27 personnes lors du naufrage dans la Manche survenu le 24 novembre, l'association Utopia 56 porte plainte pour non-assistance à personnes en danger.
"La vérité et la transparence doivent être dues aux victimes et à leurs familles", affirme l'avocat de l'association Utopia 56, Emmanuel Daoud, ce lundi sur franceinfo. L'association a déposé plainte pour "homicide involontaire" et "omission de porter secours" contre le préfet maritime de la Manche, le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) et les garde-côtes britanniques après la mort d'au moins 27 migrants dans la Manche le 24 novembre, qui n'ont pas été secourus alors qu'ils avaient prévenus les secours.
franceinfo : Pourquoi Utopia 56 a-t-elle déposé plainte contre le préfet maritime de la Manche, le Cross et les garde-côtes britanniques ?
Nous savons dorénavant que les exilés et les réfugiés – nous les appelons comme ça plutôt que "migrants" – ont cherché à joindre, alors que leur bateau sombrait, les services de secours britanniques et français, qui se sont renvoyés la balle. Ils n'ont pas porté secours à des personnes qui étaient en détresse et, à partir de ce moment-là, nous considérons que la question des responsabilités au sens pénal du terme se pose. Il y a des autorités qui sont en charge de la coordination des secours en mer, du côté français c'est le préfet maritime de la Manche et du Nord, le responsable du centre régional opérationnel de sauvetage et de secours en mer, et du côté britannique, les garde-côtes. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils les ont laissé mourir parce qu'il faut qu'une enquête se déroule, mais en tout cas, la vérité et la transparence doivent être dues aux victimes et à leurs familles.
"Il y a des faits extrêmement troublants. Ce n'est pas la première fois qu'Utopia 56 a pu constater que les services de secours britanniques et français se renvoyaient la balle."
Me Emmanuel Daoudà franceinfo
On laisse dériver l'embarcation, soit sur les eaux territoriales françaises, soit sur les eaux territoriales anglaises, et on n'intervient pas. Je ne sais pas si cela a été le cas le 24 novembre et l'enquête doit permettre de le déterminer.
Comment se sont déroulés les faits, exactement ?
Ces réfugiés et ces exilés, à partir de 2h30-2h40 du matin, ont cherché à joindre les services de secours français et britanniques. Ils ont également appelé leurs familles pour leur dire qu'ils étaient perdus, que leur bateau était en train de sombrer. Et, ce qui frappe, c'est qu'un temps infini s'est écoulé puisque le navire de pêche a repéré les premiers corps à partir de 14 heures et c'est à ce moment-là que le secours a été enregistré officiellement. [...] Il faudra savoir – et la justice le dira, je l'espère – si oui ou non ces appels ont été traités de façon coordonnée, en respectant les textes en vigueur.
Les secours britanniques et français sont-ils obligés de se coordonner et d'aider les migrants en difficulté dans la Manche ?
Il y a des textes très précis en la matière qui obligent – je dis bien "obligent" de façon impérative – les services britanniques et français à se coordonner et à porter secours. Il y a une convention bilatérale franco-britannique qui organise cela. On a l'impression que cette convention n'a pas été respectée en l'espèce. C'est un exemple typique de ce qui ne doit pas se passer. Mais il ne faut pas caricaturer l'action des services de sauvetage et de secours.
Cette nuit du 24 novembre, plusieurs centaines de personnes ont été sauvées de part et d'autre. Il y a un travail remarquable qui est fait par les services de secours et de sauvetage. Parfois, parce que les autorités ne se coordonnent pas, parce qu'elles se renvoient la balle, il peut y avoir ce type de drame. Il ne faudrait pas que la Manche se transforme en cimetière comme la Méditerranée. Il y a une obligation juridique, pénale, morale de porter secours en toute circonstance à ces exilés et ces réfugiés.
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