Migrants : trois choses à retenir de la visite de Gérard Collomb à Calais
Le ministre de l'Intérieur s'y est rendu pour la première fois vendredi matin.
Il a affiché sa fermeté. Trois jours après la mort d'un automobiliste en marge d'un barrage de migrants, près de Calais (Pas-de-Calais), Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur, s'est rendu sur place, vendredi 23 juin. Franceinfo détaille ce qu'il faut retenir de sa première visite là-bas.
Pas de nouveau centre
"Il n'y aura pas de centre ouvert ici" pour les migrants car "à chaque fois qu'on a construit un centre, il y a eu appel d'air", a martelé Gérard Collomb. "Si nous créons un centre sur place, il sera rapidement débordé et nous ne pourrons pas faire face à cette situation. Les précédents de Sangatte et du campement de la Lande en attestent", a-t-il également déclaré dans les colonnes du quotidien régional Nord Littoral.
"C'est terrible, ça ne peut pas se reproduire, ça aussi ça fait partie des droits de l'homme", a-t-il insisté.
On ne veut pas que se reproduise une 'jungle' sur Calais.
Gérard Collomb, ministre de l'Intérieurlors d'un point presse
Nouveau "plan" sur la demande d'asile sous quinze jours
"Nous allons faire une réforme du droit d'asile de manière à réduire les délais", a déclaré Gérard Collomb. Aujourd'hui, ce droit "fonctionne mal et il est urgent de revoir et peut-être de le transformer", a-t-il estimé. Il a également annoncé la présentation "dans les quinze jours", d'un "plan" sur les migrants à la demande du président de la République.
L'entourage du ministre a précisé que ce plan aura une dimension internationale et pourrait prendre la forme d'une communication en Conseil des ministres d'ici juillet. Il faut "à la fois une maîtrise des flux migratoires et la prise en compte de l'aspect humain du problème", a-t-il ajouté.
Des pistes de travail ont été évoquées. Gérard Collomb a mentionné les migrants, déboutés d'un autre pays européen, qui arrivent sur le territoire.
Il n'y a pas de raison qu'en France tout le monde ait vocation, si l'on n'est pas un demandeur d'asile reconnu, à rester sur le territoire.
Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur
Il a également évoqué une discussion avec les pays d'origine et les réseaux de passeurs, car "c'est à la source qu'il faut empêcher les phénomènes migratoires".
Justification de la "grande fermeté" des forces de l'ordre
Huit mois après le démantèlement de la "jungle", plusieurs centaines de migrants errent de nouveau aux alentours de Calais. Gérard Collomb a rencontré des associations qui leur viennent en aide. Ces dernières semaines, nombre d'entre elles ont vivement dénoncé des violences policières et l'abandon humanitaire en l'absence de toute structure (points d'eau, centre d'accueil...). La semaine dernière, certaines ont déposé plainte contre l’Etat devant le tribunal administratif de Lille : elles dénoncent une atteinte aux droits fondamentaux des migrants de Calais.
A l'issue de leur rencontre, le ministre a jugé les accusations de violences policières "tout à fait excessives", estimant toutefois que "pour avoir une grande humanité il faut une grande fermeté". Il a rappelé l'arrivée prochaine de "250 personnes", en renfort des 450 déjà sur place. Et il a rendu hommage aux forces de l'ordre qui travaillent avec "beaucoup d'humanité" dans des conditions "pas toujours faciles", qualifiant les migrants d'"enkystés", a relevé un journaliste de Libération.
Il n'y a pas d'un côté les policiers, les gendarmes qui seraient agressifs et, de l'autre, des migrants qui seraient d'une douceur légendaire.
Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur
Gérard Collomb a évoqué un "échange approfondi" avec les associations. Il a relevé qu'ils n'étaient "pas toujours d'accord sur les solutions" et leur a demandé "de déployer leur savoir-faire" ailleurs, rapporte également Libération.
Les associations, elles, ont fait part de leur déception. "C'est le statu quo, on n'a pas de réponse satisfaisante", a regretté François Guennoc, de l'Auberge des migrants, à la fois "sur la possibilité d'avoir un terrain" et "une diminution de la pression des forces de police". "On s'attend à devoir travailler avec les entraves de la police", a-t-il résumé.
"On ne comprend pas qu'après autant d'années on en soit encore là", a estimé Jean-Claude Lenoir, de l'association Salam, qualifiant de "tragique" la réponse à la crise. "Mais je pense qu'il y a une mauvaise compréhension. Je suppose que monsieur Macron va reprendre les choses en main et dire 'réveillons-nous'", a-t-il ajouté. En effet, le chef de l'Etat avait "appelé à la plus grande humanité dans la gestion du dossier migratoire".
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