Sur les plages de Wissant, les migrants et les patrouilles de gendarmerie font désormais partie du paysage
A Wissant (Pas-de-Calais), le corps d'un migrant a été retrouvé sur la plage, jeudi. Ces derniers jours, ils sont de plus en plus nombreux à tenter la traversée vers l'Angleterre. La présence policière a été renforcée et les habitants doivent s'y habituer.
Sur la plage de Wissant, samedi 6 novembre, les enfants jouent ou prennent des cours de speed sail avec leurs parents. Mais derrière la carte postale de cette fin de vacances scolaires, la patrouille de gendarmerie qui arrive du bout de la rue ramène à la réalité. "Ils descendent sur chaque entrée de la plage et ils regardent avec les jumelles", commente Alain, un habitant. Jeudi, le corps d'un migrant a été retrouvé sur la plage, à côté d'une petite embarcation et de deux autres personnes en hypothermie.
Ces derniers jours, les tentatives de traversées de la Manche par des migrants sur des bateaux et les opérations de sauvetage se multiplient en mer, au large du Nord et du Pas-de-Calais. 400 personnes ont été secourues la veille, à la suite de plusieurs naufrages. Alain, comme les autres habitants, a déjà vu de près la violence de cette crise migratoire. Elle s’invite jusque dans ses promenades quotidiennes.
"On a déjà vu des embarcations avec des flotteurs crevés... C'est pas très grand, un bateau de quatre à six personnes. Après je ne sais pas à combien ils étaient dessus."
Alain, un habitant de Wissantà franceinfo
À quelques mètres, un loueur de vélo a vécu une expérience similaire quelques jours plus tôt. "J'étais en train de laver les vélos, comme tous les matins, et j'ai vu une cinquantaine de migrants en train de porter un bateau et puis se mettre à l'eau. Ils ont galéré pendant 10-15 minutes, ils ont un peu tourné en rond le temps de se positionner et ils ont réussi à partir. Ils sont peut-être arrivés dans les eaux anglaises depuis, plus de nouvelles."
Dans l’hôtel qui surplombe la baie de Wissant, on assiste au ballet de ceux qui tentent la traversée, souvent la nuit. "Depuis le premier confinement, il y a de plus en plus de migrants, affirme un employé, ils dégonflent les Zodiac, ils les mettent dans les dunes et puis ils attendent la marée haute, la nuit, pour pouvoir y aller."
Patrouilles de gendarmerie et hélicoptères
Une situation qui a poussé Nathalie à en parler à ses enfants âgés de 5 à 12 ans. Qui sont ces personnes et pourquoi veulent-elle aller en Angleterre ? "On vient de Lille et sur l'autoroute, ils voient bien des gens qui marchent le long de la route alors que c'est interdit, raconte la mère de famille. Et puis ils posent des questions, pourquoi la police vient sur la plage..."
Dans sa boutique avec vue sur mer, pour Gauthier, la présence policière fait complètement partie du paysage. "Les patrouilles de gendarmerie, c'est entre dix et vingt fois par jour, avec les hélicos sont en surveillance", explique-t-il.
"Il y a un côté flippant de se dire qu'on est dans un coin de France qui doit être l'un des plus surveillés après l'Élysée et les ministères."
Gauthier, un commerçant de Wissantà franceinfo
Dans cette commune d’à peine 1 000 habitants, tout le monde l’assure. Il n’y a de soucis avec la présence des migrants. Selon eux, "le seul problème, c’est que la France ne les aide pas".
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