Tombée amoureuse d'un migrant à Calais, elle comparaît pour aide au séjour irrégulier d'un étranger
Tombée amoureuse d'un des Iraniens faisant partie des "bouches cousues" de la jungle de Calais, Béatrice Huret est jugée mardi au tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer pour l'avoir aidé à traverser la Manche.
Béatrice Huret, deux autres habitants du Pas-de-Calais et un Iranien doivent répondre, mardi 27 juin "d'aide au séjour irrégulier d'un étranger, hébergement et passage en bande organisée" devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer. Ces pères et mère de famille invoquent "une histoire d'humanité", un devoir de solidarité avec les réfugiés de Calais. Et pour Béatrice Huret, en plus de tout cela, un acte d'amour.
Peut-être y aura-t-il un jour un film qui raconte son histoire. L'histoire si romanesque d'une ancienne aide-soignante, veuve d'un fonctionnaire de la police aux frontières, encartée un temps au FN, avant de tomber éperdument amoureuse d'un réfugié iranien.
La vie de Béatrice Huret bascule en février 2015, lorsqu'elle prend en stop un adolescent soudanais qui lui demande de la conduire dans la jungle, ce bidonville où s'entassent à l'époque 9 000 migrants. "C’est le choc", raconte-t-elle.
On voit de très loin avec les médias nationaux ce qui se passe à 20 kilomètres de chez soi et je ne m’attendais pas à une telle misère.
Béatrice Huretà franceinfo
Elle décide alors de venir en aide à ces hommes et ces femmes, apporte des vêtements, des tentes, des jouets pour enfants chaque jour après son travail jusqu'à sa rencontre avec Mokhtar, professeur de persan de 34 ans, depuis 8 mois dans à Calais. Il s'est cousu la bouche pour dénoncer les conditions de vie dans le camp.
Je le vois la première fois avec la bouche cousue et puis là c’est le coup de foudre, mais un coup de foudre que je repousse parce que je suis dans la jungle pour aider
Béatrice Huretà franceinfo
Elle l'aide alors à réaliser son "rêve anglais", acheter un bateau pour traverser la Manche. Depuis un an, Mokhtar vit en Angleterre. Ils se voient un week-end sur deux.
Devant le tribunal, Béatrice Huret compte assumer ses actes, dire qu'elle ne regrette rien. "Je ne suis pas passeur en bande organisée, je n’ai pas pris d’argent. Qu’on puisse me mettre avec des gens sales qui ont touché de l’argent et profité de la détresse des réfugiés... Ça me dégoûte". Un acte d'amour pour lequel elle encourt, en théorie, jusqu'à 10 ans de prison.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.