: Reportage "Qui se fait engueuler ? C'est nous !" : dans le Pas-de-Calais, les maires des petites communes inondées sont sous pression
Devant un pont de son village de Sempy, le maire, Pascal Widehem assiste impuissant à la crue. "Si les pierres du haut tombent, le pont s'effondre dans la rivière", s'inquiète-t-il. Tandis qu'Emmanuel Macron est attendu ce mardi 14 novembre 2023 dans le Pas-de-Calais, sinistré par les inondations dues à la tempête Ciaran du 2 novembre, des crues record le 7 novembre et des précipitations intenses jeudi 9 et vendredi 10 novembre, les élus des petites communes du bassin de la Canche sont en première ligne.
Une semaine après le début des inondations, le département reste placé en vigilance orange pour pluie-inondation. Les sept cours d'eau du département (Canche, Lys plaine, Hem, Aa, Liane, Lys amont, Lawe-Clarence), surveillés par Vigicrues sont aussi en vigilance orange. Des crues importantes à très importantes sont attendues, la pluie tombant sur des sols déjà saturés.
"À un moment ou un autre, je vais casser, physiquement ou moralement"
Pourtant, depuis des mois, l’édile veut faire creuser le lit du cours d’eau pour permettre un meilleur écoulement et préserver le pont, mais il n’obtient pas l’autorisation des autorités compétentes. "Aujourd'hui, ça inonde, on ne voit personne, s'agace Pascal Widehem. Ils ne vont pas voir les gens qui sont inondés, ils ne vont pas se faire engueuler ! Qui se fait engueuler ? C'est nous ! Les engueulades, c'est pour le maire."
Si le pont tombe, ça coûtera 200 000 euros à la commune. Vous croyez qu'une commune comme la nôtre peut payer 200 000 euros pour refaire un pont ?
Pascal Widehem, maire du village de Sempy dans le Pas-de-Calaisfranceinfo
À quelques kilomètres de là, à Neuville-sous-Montreuil, Olivier Deken assiste à une opération de pompage. Lui, à l'inverse de son collègue, n’a pas l’impression d’être seul face à la catastrophe : "La sous-préfète est venue, elle a mis ses bottes, on l'a transportée avec le tracteur dans le bac arrière, raconte-t-il. On est soutenus."
Pour les quelque 650 habitants de sa commune, Olivier Deken reste mobilisé et confie ne pas avoir beaucoup dormi depuis le début des inondations. "Ça fait une semaine que je tiens, il ne faut pas l'oublier... À un moment ou un autre, je vais casser, physiquement ou moralement. C'est difficile à gérer pour moi, ça. Dès qu'on m'agresse un peu, j'agresse, c'est tout." L’élu est sur les nerfs et ne supporte plus ses détracteurs dans le petit village. Pour lui, l’heure est à la solidarité et à l'entraide.
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