Cet article date de plus de trois ans.

Abandon du projet EuropaCity : "Je ne crois pas qu'une reconversion se décrète avec un haut-fonctionnaire qui fait un rapport", s'agace le maire de Gonesse

Le projet de méga-complexe a été abandonné il y a neuf mois, pas pour des "considérations environnementales", selon Jean-Pierre Blazy. "Des investisseurs sont prêts à venir", assure le maire qui attend que le gouvernement "clarifie sa position".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jean-Pierre Blazy, le maire de Gonesse, le 11 juin 2014. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Neuf mois après l'abandon par le chef de l'État du méga-projet contesté d'EuropaCity au nord-est de Paris, le haut fonctionnaire Francis Rol-Tanguy a rendu un rapport envisageant les pistes possibles pour aménager le Triangle de Gonesse, un territoire fortement touché par le chômage. "Je ne crois pas qu'une reconversion se décrète avec l'État ou avec un haut-fonctionnaire qui fait un rapport", s'est agacé sur franceinfo samedi 28 novembre Jean-Pierre Blazy, le maire de Gonesse. Trois options sont retenues dans ce rapport que franceinfo a pu consulter : un aménagement des 280 hectares en zone d'activité, comme prévu dans le projet abandonné, une réduction de cette ZAC à une centaine d'hectares ou un scénario sans urbanisation avec préservation totale des terres agricoles. "Si on considère que le scénario maximum de 280 hectares est impossible, le scénario moyen de 100 hectares de développement foncier, qui est déjà la propriété de la puissance publique, est faisable", a estimé l'élu.

franceinfo : Lequel de ces trois scénarios a votre préférence ?

Jean-Pierre Blazy : Si on considère que le scénario maximum de 280 hectares est impossible, le scénario moyen de 100 hectares de développement foncier, qui est déjà la propriété de la puissance publique, est faisable. La ligne du Grand Paris express est en construction. C'est autour de cette gare qu'on peut avoir un projet raisonnable, nécessaire, indispensable et qui concilie l'urgence écologique et l'urgence sociale du territoire.

Cette idée d'un deuxième Rungis, dans le nord de la région parisienne, vous semble séduisante ?

Sur les 100 hectares qui sont disponibles, on ne va pas les consommer avec une quarantaine d'hectares d'entrepôts. Il faut avoir une autre ambition pour une plus grande attractivité, pour un développement économique et social profitable aux territoires. On ne me fera pas croire que c'est pour développer les circuits courts, comme l'a dit Francis Rol-Tanguy. Ici, on a une agriculture traditionnelle céréalière, et je ne crois pas qu'une reconversion se décrète avec l'État ou avec un haut-fonctionnaire qui fait un rapport. Il faut peut-être changer de modèle agricole, mais pas comme ça. On peut participer à cette évolution de l'agriculture intensive, mais on doit aussi participer à résoudre les problèmes d'urgence sociale du territoire, de développement économique, social et humain.

Il faut savoir si on veut relancer ou pas. Je constate qu'il y a un an, le président de la République a cassé un projet qui était sur les rails depuis dix ans et qui était à maturité. C'était quand même trois milliards d'euros d'investissements privés et 10 000 emplois. 

Jean-Pierre Blazy, le maire de Gonesse

à franceinfo

Ces projets géants sont devenus compliqués à réaliser ? Est-ce que c'est uniquement lié à des considérations environnementales ?

Je pense que la décision qui a été prise il y a un an n'était pas liée à des considérations environnementales. On ne me fera pas croire que dans une région comme l'Île-de-France, il n'y a pas de nécessité de développements raisonnables, raisonnés, qui prennent en compte l'ensemble des urgences. On est à côté de Roissy, donc on a aussi le dossier du terminal 4. Est-ce qu'on va continuer à développer Roissy avec un trafic qui a des impacts positifs et négatifs sur l'environnement et la santé des habitants ? Et en même temps, on interdirait du développement sur une centaine d'hectares dont le foncier est maîtrisé, au moment où on a besoin de relancer l'économie ? Je pense qu'il y a des investisseurs qui sont prêts à venir, à partir du moment où le gouvernement clarifie sa position.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.