"J'ai grande confiance en Marie-Luce Penchard", a déclaré jeudi soir Nicolas Sarkozy devant 2.000 personnes à Cayenne
"Je ne laisserai pas l'outre-mer français être instrumentalisé par un débat politique national partisan et politicien", a-t-il ajouté.
La ministre avait provoqué une polémique en affirmant "je n'ai envie de servir qu'une population, c'est la population" de guadeloupe où elle est candidate aux régionales.
François Fillon a jugé "cette petite polémique dérisoire", mais pour l'UMP Patrick Balkany, la ministre doît être "virée".
En marge de la visite de Nicolas Sarkozy en Martinique, mercredi, la ministre de l'Outre-mer a répondu à ceux qui réclament sa démission. Mme Penchard a estimé mercredi soir que l'on avait sorti ces propos de son contexte, expliquant avoir utilisé cette formule au titre de son mandat électif et non en qualité de ministre.
"C'est une étape difficile à vivre, mais j'ai le soutien du président de la République", a-t-elle souligné. "Les socialistes s'attaquent aux personnes, car leur bilan à la région est catastrophique. Il faudrait élever la campagne au débat d'idées, pour répondre aux attentes nées de la crise sociale", a ajouté Marie-Luce Penchard.
François Fillon joue la solidarité gouvernementale
Le Premier ministre lui a apporté son soutien, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. "Extraire d'un discours une phrase pour tenter de jeter le discrédit sur la politique du gouvernement outre-mer, c'est contraire à l'esprit que je me fais de la démocratie", a déclaré le chef du gouvernement, répondant à une question du député socialiste de la Réunion Patrick Lebreton.
"La vérité c'est que Mme Penchard est la ministre de tous les outre-mers et elle y est d'ailleurs accueillie comme telle à chaque fois qu'elle s'y rend", a poursuivi François Fillon sous les protestations véhémentes émanant des bancs de l'opposition. "La vérité c'est que le PS ne se pardonne pas de ne pas avoir nommé un ultra-marin aux responsabilités de l'outre-mer. Nous nous l'avons fait et c'est notre fierté", a-t-il encore lancé.
Malaise dans la majorité
En revanche, le député UMP Patrick Balkany, proche du président Nicolas Sarkozy, a estimé que la ministre devait être "virée du gouvernement" "Je pense qu'on devrait la sanctionner. Je pense qu'elle devrait être virée du gouvernement", a déclaré le député des Hauts-de-Seine aux journalistes dans les couloirs de l'Assemblée.
L'ancienne secrétaire d'Etat réunionnaise Margie Sudre (UMP) Sudre a estimé jeudi que Mme Penchard "prouve qu'elle n'est pas capable d'avoir le même traitement pour tout l'outre-mer, c'est inadmissible". La conseillère régionale UMP rappelle qu'"au moment de sa nomination, elle avait fait part de ses réserves sur le fait que l'on mettait un ultra-marin à l'outre-mer".
Pour l'ancienne secrétaire d'Etat, "ce serait réellement une erreur ou une faute politique grave de la maintenir à ce poste-là".
Plusieurs ministres ont néanmoins relativisé la portée de ces déclarations mercredi, les replaçant dans le cadre de la campagne électorale, à moins d'un mois du premier tour des régionales. "Il ne faut pas sortir ces propos de leur contexte. Marie-Luce Penchard était auprès des Guadeloupéens, en campagne électorale. En l'occurrence, dans ses propos, elle n'était pas secrétaire d'Etat", a déclaré Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, sur RTL. "Assistez à des meetings de responsables politiques de toutes sensibilités (...) dans leurs départements, vous verrez ce qu'ils disent", a-t-il encore plaidé.
"On est naturellement toujours ministre", a assuré de son côté Brice Hortefeux sur LCI. Marie-Luce Penchard "a dit que dans son coeur et dans son sang, il y avait la Guadeloupe, ce qui ne l'empêche pas d'être extraordinairement active au service de l'ensemble de la communauté ultra-marine", a souligné le ministre de l'Intérieur auquel est rattaché le secrétariat d'Etat à l'Outre-Mer.
Le PS réclame sa "démission immédiate"
Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée, a souhaité mercredi sur RFI le départ du gouvernement de Marie-Luce Penchard : "Le président de la République va aux Antilles, je pense que c'est sa responsabilité de lui enlever cette fonction de ministre. Quand on est ministre de la République, on n'est pas ministre simplement pour le département dont on est issu, on est ministre pour toute la France (...) On n'est pas dans une République bananière. Je suis désolé, Marie-Luce Penchard n'a plus sa place dans le gouvernement de la République."
Le Parti communiste a jugé, dans un communiqué, ces propos "intolérables, parce qu'ils sont porteurs d'une vision néfaste de mise en concurrence des territoires de l'Outre-mer. Cette déclaration flirte dangereusement avec le clientélisme. Il s'agit d'un jeu dangereux auquel le président de la République, garant de l'égalité de tous, doit sans tarder mettre un terme."
Penchard : "Mon coeur est et restera en Guadeloupe"
Lors d'un meeting samedi aux Abymes, en Guadeloupe, où elle est numéro deux sur la liste UMP pour les régionales, Mme Penchard , Guadeloupéenne, a déclaré que son "coeur est et restera" en Guadeloupe. "Et je n'ai envie de servir qu'une population, c'est la population guadeloupéenne", a-t-elle aussi ajouté, déclenchant un grand émoi outre-mer, notamment à La Réunion.
Succédant à Yves Jégo, remercié brutalement, Marie-Luce Penchard a été nommée en juin secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, avant d'être promue ministre en novembre par Nicolas Sarkozy. Elle est la fille de Lucette Michaux-Chevry, sénatrice-maire UMP de Basse-Terre, ancienne ministre et ancienne présidente du conseil régional de Guadeloupe.
Dans un communiqué, Marie-Luce Penchard s'est défendue en affirmant que lors de ce meeting aux Abymes, elle "ne s'exprimait pas en tant que ministre de l'Outre-mer". Depuis sa nomination au gouvernement, "elle a toujours été attentive à séparer rigoureusement son engagement politique local et ses responsabilités ministérielles", ajoute-t-elle, assurant que ses propos ont été tenus dans le cadre de sa campagne pour les régionales et "sortis de leur contexte".
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