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Quatre questions sur la condamnation de sept jihadistes de Strasbourg

Le frère aîné d'un des tueurs du Bataclan, Karim Mohamed-Aggad, a été condamné à neuf ans de prison, la peine la plus lourde.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Quatre des prévenus de la "filière de Strasbourg", au tribunal correctionnel de Paris, le 30 mai 2016. (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

Répartis en deux box, les prévenus n'ont pas réagi à l'énoncé du jugement. Sept Alsaciens, poursuivis pour être allés en Syrie entre décembre 2013 et avril 2014, ont été condamnés mercredi 6 juillet à des peines allant de six à neuf ans de prison. A chaque fois, les condamnations ont été assorties d'une période de sûreté des deux tiers. 

Francetv info revient sur les informations à retenir de ces condamnations.

Qui sont les jihadistes condamnés ?

Agés de 24 à 27 ans, les sept prévenus s'appellent Redouane Taher, Mokhlès Dahbi, Banoumou Kadiakhe, Karim Mohamed-Aggad, Mohamed et Ali Hattay, et Miloud Maalmi. Originaires du quartier de la Meinau, à Strasbourg, ils menaient jusqu'en 2013 une vie sans histoires, l'un étant animateur, l'autre commerçant, et un troisième employé de station-service. A l'exception de Mokhlès Dahbi, condamné à trois reprises dans des affaires de recel, de violences et de drogue, tous étaient inconnus des services de police. 

Ils sont les derniers membres encore vivants du groupe désigné comme la "filière de Strasbourg", composé au total d'une dizaine de jeunes partis en Syrie entre décembre 2013 et avril 2014. Ils ont été recrutés par Mourad Fares, figure bien connue des services de renseignement, qui collabore notamment avec le Niçois Omar Diaby, spécialisé dans les vidéos de propagande. 

Pendant les débats, les regards ont été particulièrement tournés vers Karim Mohamed-Aggad. L'ombre de son frère Foued, identifié comme l'un des kamikazes du Bataclan lors des attentats du 13 novembre, a plané sur le procès.

Qu'ont-ils fait en Syrie ?

Lors de leurs auditions par les enquêteurs, les prévenus avaient dans un premier temps justifié leur départ par une envie de "faire de l'humanitaire", d'"aider les gens" et de se faire leur "propre idée (...) en immersion" du conflit syrien. Cette version a été mise à mal par des écoutes téléphoniques et des clichés retrouvés sur leurs smartphones, où certains posent les armes à la main.

Durant le procès, les sept jeunes hommes ont finalement essayé de convaincre le tribunal que s'ils étaient bien partis pour "combattre" le régime syrien et rejoindre leur recruteur Mourad Fares, ils n'avaient pas voulu spécifiquement rallier le groupe jihadiste Etat islamique. L'un a assuré que leur expédition n'avait qu'un "vernis religieux". Tous ont en outre souligné qu'ils étaient rentrés en France après deux à trois mois en Syrie, pour ne pas prendre part aux combats entre groupes rebelles.

Quel est le détail des condamnations ?

La peine la plus lourde (neuf ans de prison) a été prononcée contre Karim Mohamed-Aggad, le frère du kamikaze du Bataclan. Radouane Taher, décrit par le parquet, avec Karim Mohamed-Aggad, comme un animateur du groupe qui a pris contact avec le recruteur Mourad Fares, a été condamné à huit ans d'emprisonnement. Tout comme les frères Ali et Mohamed Hattay, qui, pour le procureur, ont été "piégés" par un passeur qui les a livrés à la police turque.

Miloud Maalmi, Mokhlès Dahbi et Banoumou Kadiakhe, qui ont passé le moins de temps en Syrie (deux mois), ont été condamnés à sept ans de prison pour les deux premiers, six pour le troisième.

Les peines prononcées sont inférieures aux réquisitions du parquet, qui avait demandé des condamnations de huit et dix ans de prison.

Comment ont réagi leurs avocats ?

"Nous pensons faire appel", a déclaré l'avocate de Karim Mohamed-Aggad, Françoise Cotta. A ses yeux, c'est "un tribunal aux ordres qui a rendu une décision de peur dans une France qui a peur".

Pour l'avocat de Radouane Taher, Xavier Nogueras, "on punit la potentialité d'un danger". Les juges "n'ont pas regardé ce [que les prévenus] sont devenus entre-temps". Les sept hommes "savent très bien que leur sort dépend un peu de ce qui se passe à l'extérieur", a ajouté l'avocat.

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