Rapatriement d'enfants de Syrie : "Il est urgentissime que la France rapatrie l'intégralité de ces enfants avec leur mère", selon l'Unicef
"Il est absolument urgentissime que la France rapatrie l'intégralité de ces enfants avec leur mère", a affirmé mardi 4 juillet sur franceinfo Adeline Hazan, présidente de l’Unicef France, alors que le ministère des Affaires étrangères a annoncé que la France avait rapatrié 10 femmes et 25 enfants détenus dans les camps de prisonniers jihadistes au nord-est de la Syrie. La présidente de l'Unicef France souligne que ces enfants "ne sont coupables de rien. Il faut les considérer comme des enfants en danger".
franceinfo : Vous militez pour le rapatriement de ces enfants détenus dans les camps de prisonniers jihadistes. Combien en reste-t-il ?
Adeline Hazan : Il en reste près d'une centaine. On peut se féliciter évidemment de cette quatrième opération de rapatriement, se féliciter que la France ait cessé cette politique depuis un an de rapatriement au cas par cas et ait fait quatre opérations de rapatriement. Mais il est absolument urgentissime que la France rapatrie l'intégralité de ces enfants avec leur mère qui restent retenus dans ces camps du nord-est de la Syrie.
Est-ce que la France retarde ces rapatriements ?
Elle les a retardés au maximum jusqu'en juillet dernier, où c'était vraiment au compte-gouttes, au cas par cas. Il est vrai que depuis la condamnation par la Cour européenne des droits de l'homme, par le Comité des droits de l'enfant de l'ONU, la France a enfin changé de politique il y a un an et a, comme ses voisins européens, opéré un certain nombre de rapatriements. Mais il en reste quand même près d'une centaine. Il est impossible que ces enfants continuent à vivre dans le pire camp au monde. L'expression n'est pas de moi. Elle est d'Antonio Gutierrez, le secrétaire général de l'ONU. Je rappelle qu'ils ont quasiment tous moins de 12 ans. Et la moitié est née là-bas. Il est urgent que ces enfants retrouvent la France et soient accueillis, d'abord à l'aide sociale à l'enfance pendant un temps relativement court je l'espère, et ensuite dans leur famille élargie, puisque dans le cas de chacun de ces enfants, il y a des grands-parents, des oncles et des tantes qui les attendent.
Pourquoi la France a tergiversé sur ces rapatriements ? Est-ce par rapport à l'opinion publique ?
Malheureusement, force est de constater que ça a été le cas puisque, à un moment donné, tout était prêt pour que ces enfants soient accueillis. La garde des Sceaux était à l'époque Nicole Belloubet. Il a été publié un sondage qui indiquait que 70% de la population française n'était pas pour ce rapatriement. Et c'est à ce moment-là que le gouvernement a complètement changé son fusil d'épaule. Donc, à cette époque-là, c'est clairement par crainte d'une désapprobation de l'opinion publique.
"Finalement, la France a réalisé que tous ses voisins européens rapatriaient leurs ressortissants. Et puis surtout, elle a été condamnée par différentes instances."
Adeline Hazanà franceinfo
Est-ce qu'il faut rapatrier ces enfants même si leurs mères refusent ?
La réponse est oui, même si les mères refusent ce rapatriement. Il y a plusieurs solutions, la France a les moyens juridiques. Compte tenu de ses liens avec l'administration kurde, elle peut emmener ces mères et ces enfants au Kurdistan et ensuite les expulser ensemble vers la France. En dernier recours, c'est quand même l'intérêt supérieur de l'enfant qui doit primer. Donc si ces mères sont absolument opposées, cela met les enfants en danger et il faut que les enfants soient rapatriés.
Selon vous, ces enfants ne sont pas du tout un danger pour la France, mais en revanche, dans les camps syriens, ce sont eux qui sont en danger.
Ce sont eux qui sont en danger, qui vivent dans des conditions extrêmes d'insécurité. Ils ne sont pas nourris, ils vivent dans la boue l'hiver, dans la chaleur et la fournaise l'été. Ils ne vont pas à l'école, ils ont des maladies. On ne peut pas laisser ces enfants vivre dans cet enfer. C'est de ça dont il s'agit. Donc il est absolument urgent que la France les rapatrie. Ils sont victimes de la situation, ils sont victimes des éventuels agissements de leur famille. Ils ne sont coupables de rien. Donc il faut les considérer comme des enfants en danger, purement et simplement.
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