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L'adieu à la France d'un couple d'entrepreneurs : "Cette vague de soutien reflète la souffrance dans notre pays"

Le message d'adieu de cette famille qui a décidé de s'installer au Canada, posté sur Facebook dimanche, a récolté près de 150 000 likes en cinq jours sur le réseau social.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard, Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un drapeau français au palais de l'Elysée à Paris, le 30 juin 2013. (PATRICK KOVARIK / AFP)

France, "nous te quittons". La lettre ouverte d'un couple de Français, qui a annoncé son départ de l'Hexagone dimanche 5 juillet, a été partagée plus de 100 000 fois et aimée près de 150 000 fois sur Facebook. De nombreux internautes soutiennent cette famille, qui affirme avoir été entravée par une administration qui pénalise les entrepreneurs.

Le couple, propriétaire d'une maison d'hôtes dans le Vaucluse, part s'installer au Canada. "Pas à cause de la crise, pas non plus à cause de notre président, ce serait trop facile de n'accuser qu'un homme", explique Géraldine Lerch-Thuillier sur son compte Facebook. Non, ce qui a poussé cette famille au départ, ce sont les procédures judiciaires qui ont pénalisé son activité professionnelle.

France, nous te quittons pour un pays où la réussite est bien vue, où la création est encouragée (...) J'espère que tu ne tomberas pas trop bas ;-(

Géraldine Lerch-Thuillier, entrepreneuse

Sur Facebook, le 5 juillet

Victimes de la "jalousie locale face à la réussite" ?

En 2009, les Thuillier créent une "cabane de luxe" à Beaumes-de-Venise (Vaucluse). Le projet connaît un franc succès, mais doit être arrêté après deux procès : le couple n'avait pas demandé d'autorisation ni de permis de construire pour cette cabane. Géraldine Lerch-Thuillier estime, elle, avoir fait les frais de la "jalousie locale face à la réussite", selon L'Express

Deux ans plus tard, la famille inaugure une seconde maison d'hôtes. Problème : ce terme ne peut pas être employé sur les brochures publicitaires, puisque les Thuillier n'habitent pas sur place. La répression des fraudes les accuse alors de concurrence déloyale, après une plainte, et demande de requalifier cette maison d'hôtes en "meublé de tourisme professionnel". Un terme bien peu vendeur, que la famille Thuillier refuse d'utiliser. L'affaire doit être jugée prochainement. 

"On a peut-être été stupides dans cette affaire, mais tous les professionnels rencontrés nous ont assuré que cette cabane ne posait pas de problèmes", indique Géraldine Thuillier à francetv info. L'entrepreneuse était très attachée à cette cabane écologique, "qui a fait la une de journaux spécialisés. Nous y avons accueilli Tim Burton, et même Guillaume Canet et Marion Cotillard." Aujourd'hui, la cabane a été démontée et son bois sera utilisé dans la maison d'un couple de la région. 

"J'ai reçu plus de 3 000 messages de soutien"

"Les procédures administratives sont écrasantes, en France. Pour la dénomination 'maison d'hôtes' de notre deuxième maison, je me fais taper sur les doigts alors que tout est légal dans le bâtiment." Géraldine Thuillier en veut aussi aux banques, "qui refusent de prêter car le secteur du tourisme est à risque. Mais dans le Vaucluse, si vous ne travaillez pas dans le vin ou le tourisme, vous avez peu de chance de vous en sortir !" 

La famille, en plein cartons de déménagement, accueille avec soulagement tous les messages de soutiens envoyés via Facebook. "J'ai reçu plus de 3 000 messages privés de soutien, je ne peux pas tous les lire malheureusement ! Jamais je n'aurais cru que mon texte aurait un tel écho. Ce sont des entrepreneurs qui m'écrivent, car eux aussi trouvent que tout est trop lent et compliqué en France pour entreprendre. Cette vague de soutien reflète la souffrance dans notre pays."

Fille d'expatriés, Géraldine Lerch-Thuillier a l'expérience des voyages à l'étranger. Quitter la France, pour elle, "c'est aussi partir à l'aventure. Je veux que mes enfants voient comment les choses fonctionnent ailleurs, pour qu'ils aient une plus grande ouverture d'esprit." Trois de ses quatre enfants sont dyslexiques. "Avec le système scolaire français, ils n'étaient pas épanouis. J'espère qu'à Montréal, ils se sentiront mieux." 

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