Lac du Chambon : la montagne a commencé à s'effondrer
L'effondrement massif n'a pas (encore) eu lieu mais plusieurs centaines de mètres cubes ont glissé vers l'eau, dans la nuit de samedi à dimanche.
Le grand effondrement aura-t-il lieu ? Les autorités sont en alerte car un pan de montagne au-dessus du tunnel du Chambon, en Isère, menace de se détacher. Quelque 800 000 mètres cubes de pierres doivent tomber dans le lac, provoquant une vague qui pourrait atteindre 80 mètres de hauteur.
Une partie des routes, potentiellement dangereuses, ont été interdites à la circulation par mesure de sécurité. La police veille en outre à ce que les curieux, venus nombreux pour observer la vague, ne se mettent pas en danger. Il ne reste plus qu'à attendre. Pour le moment, seuls quelques glissements de terrain ont été observés dans la nuit du samedi 4 au dimanche 5 juillet, selon le Dauphiné Libéré.
Francetv info vous dit tout ce qu'il faut savoir sur cet évènement attendu dans la journée.
Sous la montagne : le chaos
Le tunnel est bouclé depuis le mois d'avril. A l'époque, les géologues cités par France Bleu estimaient que le déplacement de la roche avoisinait les 10 cm par jour. Quelques semaines plus tard, il était passé à 35 centimètres par jour, annonçant l'imminence d'une rupture définitive de la roche.
Ce mouvement a d'abord mis en danger les ouvriers qui travaillaient sous la montagne, dans le tunnel du Chambon. Et pour cause, les galeries, jadis traversées par la circulation, sont désormais encombrées par des tonnes de roches en vrac, comme le montrent ces images de France 3 Alpes.
Après l'évacuation du chantier du tunnel et l'arrêt des navettes lacustres, deux arrêtés préfectoraux ont été pris fin juin pour interdire de pêcher et interdire aux promeneurs et aux randonneurs d'emprunter les berges du lac, désormais occupées par des gendarmes, chargés de surveiller le site.
A la surface : la galère des habitants
Evidemment, les habitants de la zone sont fortement impactés par la fermeture du tunnel et de la route départementale 1091 qui relie Bourg-d'Oisans à Briançon. Ainsi, le Conseil départemental de l'Isère a voté "une enveloppe de 5 millions d'euros pour construire une nouvelle route en rive gauche du lac du Chambon", détaille France Bleu Isère.
En attendant, toujours selon les informations de la radio, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur a proposé de mettre en place un pont aérien par hélicoptère "pour les 80 salariés qui doivent effectuer le trajet matin et soir entre la Haute Romanche et la rive nord du lac du Chambon". Mis en place au plus tard mardi, ce pont aérien devrait permettre de pallier l'interdiction de naviguer sur le lac.
Cependant, les villages qui se trouvent au-dessus de la faille ne sont pas en danger, explique France 3 Alpes. Aux Aymes, sur la commune de Mizoën, le maire a conseillé aux sept familles qui y résident de partir, "mais, s'ils restent, la chute n'aura pas de conséquences directes sur le hameau. Le bruit risque d'être terrifiant et la poussière dégagée impossible à respirer. Il faudra rester confiné. Certains ont fait le choix de partir, plus pour des questions d'accessibilité. Le secteur est quadrillé par les gendarmes", expliquent nos confrères.
"Une centaine de gendarmes sécurisent les abords du Chambon. Je pense que tout le monde a hâte que la falaise tombe, et la population en premier lieu. Elle aimerait reprendre une vie normale", a expliqué samedi à France 3 le chef d'escadron Bertrand Host.
Sur la montagne : un glissement plutôt qu'une rupture ?
Le grand effondrement attendu pourrait ne pas avoir lieu. Selon le préfet de l'Isère, Jean-Paul Bonnetain, les autorités privilégient désormais plus un glissement qu'une "rupture brutale" de centaines de milliers de tonnes de roche dans l'eau. Alors qu'il se faisait désirer, surtout pour les riverains coincés dans la vallée, le préfet l'Isère espère "un mouvement massif qui permettra d'appréhender très clairement les travaux à entreprendre pour rétablir la liaison qui fait cruellement défaut aux habitants, notamment pour aller au travail".
"Les modèles confirment que la rupture est engagée depuis samedi 17 heures. Sous le hameau des Aymes, le décrochage est de 2 mètres par jour, c'est extrêmement actif. Au-delà de ce qu'on constate visuellement, la rupture est activée", a ajouté Jean-Paul Bonnetain lors d'un point presse en plein air. De même, "des dégagements gazeux ont été relevés dans le lac du Chambon à 30 mètres de la rive, tout cela témoigne de l'activité soutenue de la falaise", a ajouté le préfet. "Nous sommes davantage dans une logique de glissement que de rupture brutale. On est sur du schiste fracturé qui travaille beaucoup, ce qui explique ces ajustements réguliers de la roche", selon le représentant de l'Etat qui "ne peut pas à cette heure dire quand la falaise va se purger". Le suspense est de mise.
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