Le directeur technique national, François Blanquart, a été suspendu, dans l'affaire des quotas, révélée par Médiapart
De son côté, Laurent Blanc a "admis" que certains de ses propos lors de la réunion du 8 novembre 2010 révélés par Mediapart "puissent prêter à équivoque" et déclare que s'il a "heurté certaines sensibilités", il s'en "excuse"
"Les propos qui ont été publiés ce (samedi) matin sont graves, a dit Mme Jouanno sur RTL. Les allégations, les propos publiés par Mediapart sont quand même assez lourds".
Le sort de François Blaquart, dont la suspension a été annoncée dans un communiqué commun par le ministère des Sports et la Fédération française de football (FFF), dépend des résultats des deux enquêtes, attendus sous huit jours.
L'une, interne à la FFF, dirigée par le député de Seine-Saint-Denis, Patrick Braouezec (député PC de Seine-Saint-Denis); l'autre est menée par l'Inspection générale de la jeunesse et des sports (IGJS), rattachée au ministère.
Sa suspension fait suite à la publication samedi matin par Mediapart de ce que le site d'information présente comme le verbatim d'une réunion officielle qui s'est tenue entre responsables du football français le 8 novembre 2010. C'est à cette occasion qu'aurait été évoquée la question de quotas ethniques.
Ce document retranscrit une discussion aux fondements techniques et juridiques avant de s'engager sur les joueurs français d'origine étrangère et de "dériver sur les 'blacks', sur les 'beurs', sur les 'blancs'", écrit Mediapart, qui déclare disposer d'un "élément matériel irréfutable" sans parler d'enregistrement.
Dans la foulée du fiasco des Bleus à la Coupe du monde 2010, il est question de privilégier désormais dans la formation des joueurs techniques plutôt que physiques. Les joueurs pas suffisamment athlétiques n'ont plus leur place dans les centres de formation, déplore-t-on. Ceci dérape, selon la transcription publiée par Mediapart, sur des stéréotypes racistes assimilant les noirs aux joueurs physiques.
Laurent Blanc déplore que le type de joueur formé s'uniformise. "Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les blacks (...) Je crois qu'il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13-14 ans, 12-13 ans, avoir d'autres critères, modifiés avec notre propre culture", dirait, selon ce verbatim, le sélectionneur.
"Les Espagnols, ils m'ont dit: 'Nous, on n'a pas de problème. Nous, des blacks, on n'en a pas'", ajoute-t-il. La conversation avance l'idée que les critères actuellement appliqués par les centres de formation excluent certains types de joueurs "blancs". "Les petits gabarits blancs qui sont dans les pôles espoirs, les clubs pro me les laissent sur les bras", dit Erick Mombaerts.
Le directeur technique François Blaquart dit alors: "On peut s'organiser, en non-dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit." Francis Smerecki, sélectionneur des moins de 20 ans d'origine polonaise, souligne alors que cette idée est "discriminatoire" et qu'elle risque de démunir les clubs.
"Quelque part, puisque certains avancent le nombre de 30%. C'est qu'on veut s'en séparer, d'une manière ou d'une autre. Il faut être concret", dit-il.
"Tous les mots rapportés (par Mediapart) restent vrais, a précisé François Blaquart. Certains mots peuvent choquer, il y a eu des maladresses, mais c'était dans une discussion interne et passionnée. A partir de là, il n'y a rien de nocif".
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