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Le président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône, mis en examen, s'est mis en congé du PS

Il ne veut "pas gêner (ses) camarades" socialistes pendant la période cruciale des primaires.Après 30 mois d'enquête et une audition de plus de quatre heures, le sénateur des Bouches-du-Rhône a été mis en examen pour prise illégale d'intérêt, trafic d'influence et association de malfaiteurs, tous les chefs visés par le réquisitoire du parquet.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Jean-Noël Guérini s'adresse à la presse à sa sortie du palais de justice de Marseille le 8-9-2011 (AFP - GERARD JULIEN)

Il ne veut "pas gêner (ses) camarades" socialistes pendant la période cruciale des primaires.

Après 30 mois d'enquête et une audition de plus de quatre heures, le sénateur des Bouches-du-Rhône a été mis en examen pour prise illégale d'intérêt, trafic d'influence et association de malfaiteurs, tous les chefs visés par le réquisitoire du parquet.

Jean-Noël Guérini, 60 ans, a annoncé qu'il déléguait "temporairement une grande partie de (ses) prérogatives à (son) premier vice-président" au conseil général, Daniel Conte. "Pour autant, je ne démissionne pas de la présidence, je reste le pilote et le garant de la politique suivie", a-t-il précisé. "Je vais prouver mon innocence et l'immense manipulation politique qui part du sommet de l'Etat", a-t-il martelé à la sortie du tribunal, déplorant "un scénario largement écrit à l'avance".

Sa décision de se mettre en congé n'a pas suffi à la direction du PS. Par la voix d'Harlem Désir, premier secrétaire par intérim, celle-ci a appelé le sénateur "se retirer du PS et de toutes ses fonctions et responsabilités politiques", y compris en "démissionnant totalement du conseil général". "Je serai d'une totale intransigeance à l'égard de ceux qui voudront porter atteinte à la dignité et à l'intérêt général des socialistes", a insisté Harlem Désir.

"C'est très bien, c'est déjà un premier pas", a commenté de son côté le candidat à la primaire, François Hollande. Quant au porte-parole du PS, Benoît Hamon, "il y a une toile de fond politique évidente dans cette affaire". "L'UMP cherche à faire de l'affaire Guérinu un dossier qui embarrasse le PS", a-t-il ajouté.

Le député Arnaud Montebourg, qui avait dénoncé "les dérives" de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône en mettant violemment en cause M. Guérini , a demandé qu'il soit "mis hors d'état de nuire à la réputation du PS".

Les appels à la démission sont venus également des écologistes et de la droite. "Il appartient aujourd'hui au PS, et en particulier à Martine Aubry et François Hollande, de prendre leurs responsabilités", a estimé le maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin, longtemps silencieux sur l'affaire. Pour la candidate des verts à la présidentielle, Eva Joly, il est "impératif que Jean-Noël Guérini démissionne de son poste de président du conseil général" des Bouches-du-Rhône.

Les faits reprochés à Jean-Noêl Guérini
Le réquisitoire supplétif délivré par le parquet le 12 août à l'encontre du président du conseil général des Bouches-du-Rhône, vise des délits de prise illégale d'intérêt, trafic d'influence et association de malfaiteurs.

L'un des volets de cette affaire qui agite Marseille depuis des mois, et dans laquelle une vingtaine de personnes sont déjà mises en cause, concerne un terrain de la Ciotat. Le conseil général l'avait préempté en 2004, officiellement pour y protéger une plante, mais en réalité, selon les juges, pour servir les intérêts du frère de Jean-Noël Guérini, Alexandre. Celui y a finalement agrandi une décharge dans le cadre d'un marché de plusieurs millions d'euros. Alexandre Guérini, entrepreneur dans le secteur des déchets, a été mis en examen fin 2010 et a passé cinq mois et demi en prison dans le cadre de cette vaste affaire à tiroirs.

Ecoutes téléphoniques à l'appui, la justice soupçonne aussi Jean-Noël Guérini d'être intervenu en faveur de son frère dans un litige financier qui l'opposait à l'agglomération de Salon-de-Provence.

Enfin, les juges reprochent au socialiste d'avoir fait obstacle à l'enquête en remplaçant des disques durs avant une perquisition au conseil général, et d'avoir recommandé à son parent de faire le ménage dans son bureau après l'avoir averti de l'enquête, deux mois après son ouverture en février 2009. La procédure est partie de la réception de deux lettres anonymes adressées en février 2009 à la brigade financière puis au palais de justice de Marseille.

La défense du responsable socialiste a fait valoir qu'il n'était pas question d'enrichissement personnel à son encontre, ni de relations avec le banditisme, alors que les investigations ont montré des circuits de blanchiment d'argent dans lesquels apparaissent des sociétés liées au milieu marseillais et attributaires de marchés publics du département.

Selon ses avocats, c'est la première fois qu'un élu de la République est mis en examen pour association de malfaiteurs. "C'est aussi le seul dans ce dossier. Or, normalement, dans une association de malfaiteurs, il y a au moins deux personnes", ont-ils souligné.

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