"Les hommes politiques ont tendance à considérer les femmes comme des concurrentes déloyales"
Cécile Duflot s'est faite siffler à l'Assemblée nationale par des députés de l'UMP mardi. Selon la chercheuse Mariette Sineau, ce genre de situation n'est pas un cas isolé
Alors qu'elle s'apprêtait à prendre la parole à l'Assemblée nationale mardi 17 juillet, Cécile Duflot a essuyé des sifflets depuis les rangs de l'UMP. Une situation gênante mais pas rare. La chercheuse au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et auteure de Femmes et pouvoirs sous la Ve République (Presses de Sciences Po, 2011) Mariette Sineau analyse pour FTVi la situation des femmes dans l'hémicycle.
FTVi : Y a-t-il eu des antécédents de propos machistes lancés à l'encontre des femmes à l'Assemblée nationale ?
Mariette Sineau : En effet, je me souviens de l'ancienne députée RPR Nicole Catala. Alors qu'elle prenait la parole pendant une séance à l'Assemblée nationale, un des députés a lancé "c'est le concert des vagins".
Nous retrouvons d'autres exemples de propos machistes lâchés à l'extérieur de l'hémicycle. Ce fut le cas pour Dominique Voynet, ministre de l'Environnement pour le gouvernement Jospin, quand elle s'est rendue au Salon de l'agriculture en 1999. Des hommes lui ont envoyé un "enlève ton slip, salope !". Cet incident sexiste a donc marqué l'acte de naissance du mouvement des Chiennes de garde pour la défense des femmes contre les insultes sexistes publiques.
Cette vision des femmes politiques a-t-elle évolué ?
Elle a grandement évolué au niveau de l'opinion publique depuis les années 1970, quand Valéry Giscard d'Estaing a nommé un certain nombre de femmes au gouvernement, dont Françoise Giroud et Simone Veil. Depuis lors, l'image des femmes a été de plus en plus acceptée, la réforme paritaire ayant grandement contribué à les légitimer dans l'espace politique.
Cette évolution contraste avec la misogynie persistante du milieu politique. Les hommes politiques ont tendance à considérer les femmes comme des concurrentes déloyales, les renvoyant ainsi à leur corps et leur sexualité. Rappelez-vous Ségolène Royal quand elle était candidate à la présidentielle en 2007. Ses camarades de parti lui avaient dit que mener campagne "n'était pas un concours de beauté".
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