Les journalistes pris à partie en fin de campagne
Mediapart, BFMTV, "Le Petit journal"... Les invectives à l'égard de journalistes se sont multipliées ces derniers jours, à droite comme à gauche.
Les medias, personæ non gratæ ? Plusieurs journalistes ont en effet été pris à partie, en cette fin de campagne présidentielle. Après une journaliste de Mediapart le 1er mai, ce sont Ruth Elkrief et son collègue Thierry Arnaud, de BFMTV, qui ont été invectivés par des militants UMP au meeting de Nicolas Sarkozy, à Toulon, jeudi 3 mai. Retour sur ces incidents.
• Des bouteilles d'eau jetées sur des journalistes de BFMTV
Alors qu'ils couvraient la fin du meeting du candidat UMP à Toulon, jeudi, pour BFMTV, Ruth Elkrief et son collègue Thierry Arnaud ont été pris à partie par des militants UMP, obligeant la chaîne à interrompre le direct pendant quelques minutes.
Interrogée juste après, Ruth Elkrief n'a pas souhaité "en faire une affaire", affirmant qu'il ne s'agissait de "rien de trop grave". Mais elle a précisé qu'on leur avait jeté deux bouteilles remplies d'eau, l'une atteignant Thierry Arnaud au visage, et qu'une trentaine de militants "énervés" les avaient insultés.
"On nous a traités de vendus, de collabos, il y a eu des crachats, quelqu'un disait 'On est de droite et fiers de l'être'", raconte-t-elle, précisant n'avoir "pas répondu et pas bougé de (son) siège". "Je regrette que les dénonciations à répétition de la presse aux meetings (de l'UMP) puissent produire ces effets", a-t-elle ajouté, précisant que Thierry Arnaud était régulièrement "molesté, un peu à chaque meeting".
• Une journaliste de Mediapart "insultée et malmenée" au 1er-Mai
Juste avant la tenue du meeting de Nicolas Sarkozy au Trocadéro pour le 1er-Mai, la journaliste de Mediapart Marine Turchi a été "insultée, bousculée et malmenée, à deux reprises, par des groupes de plusieurs individus, dont l'un lui a brutalement arraché son badge, en tirant le cordon qui le tenait autour du cou. Aucun des militants présents n'a pris sa défense ou ne l'a protégée", relate le cofondateur du site, Edwy Plenel.
D'après son récit, la reporter, qui couvre la droite pour le site, a été "repérée à cause de son badge" avant d'être "agressée". Edwy Plenel annonce encore qu'elle a porté plainte pour "violences volontaires légères".
Le site est engagé dans un bras de fer contre Nicolas Sarkozy. Le parquet de Paris a en effet ouvert une enquête pour "faux et usage de faux" et "publication de fausses nouvelles" lundi 30 avril, après une plainte du président candidat sur la publication d'une note attribuée à un haut dignitaire libyen, qui l'accuse d'avoir été financé par Mouammar Kadhafi pour sa campagne de 2007. Le site d'information a porté plainte à son tour.
• Des journalistes du "Petit journal" se font traiter de "fachos"
Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche, s'en est violemment pris à l'équipe du "Petit journal" de Canal + lors du défilé du 1er-Mai à Paris. Alors qu'ils lui demandaient ce que représentait pour lui ce jour particulier, il leur a répondu, énervé : "Vous êtes la vermine Front national. Allez hop, du balai… Laissez pas le Front national approcher les camarades… jetez ça ! Ça va les fachos ? Allez à votre manif là-bas, à Jeanne d'Arc…"
Les images ont été diffusées au "Petit Journal" puis reprises dans le zapping de Canal + (à partir de 2 minutes).
Ce n'est pas la première fois que Jean-Luc Mélenchon s'écharpe avec l'équipe de l'émission, à laquelle ils reproche de caricaturer les politiques et de favoriser, ainsi, la montée du Front national. En janvier, des reporters du "Petit journal" avaient été refoulés d'une rencontre entre le leader du Front de gauche et des chômeurs à Metz (Mozelle).
• Nicolas Sarkozy "comprend l'exaspération vis-à-vis des journalistes"
Interrogé vendredi sur Europe 1 sur l'agression dont ont été victimes les deux journalistes de BFMTV en plateau, le président candidat "condamne" et se dit "désolé". Mais Nicolas Sarkozy "souhaite que chacun comprenne l'attitude des gens qui sont exaspérés par une forme d'intolérance et de parti pris" et dit comprendre "l'exaspération vis-à-vis des journalistes".
Après la déconvenue du premier tour de l'élection présidentielle, les ténors du parti de la majorité et Nicolas Sarkozy à leur tête étaient montés au créneau pour dénoncer les analyses et l'attitude des médias à leur égard. En visite à Longjumeau (Essonne), le président sortant a notamment dénoncé le "terrorisme du système médiatique", qui autorise, selon lui, l'alliance de "l'extrême gauche et de la gauche", alors que quand c'est lui qui s'adresse "aux électeurs qui se sont portés sur Marine Le Pen, ça pose un problème".
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