Insécurité à Mayotte : "La violence sur l'île n'est pas le fait des manifestants mais des bandes criminelles", affirme une députée Liot de l'île
"La violence qui se déchaîne sur l'île n'est pas le fait des manifestants, c'est le fait des bandes criminelles qui profitent de la tension sociale pour semer la violence", affirme lundi 5 juillet sur franceinfo Estelle Youssouffa, députée Liot de Mayotte. La situation est tendue sur l'île depuis une semaine. Des collectifs citoyens montent des barrages et bloquent l'île pour protester contre l'insécurité et l'immigration illégale. Pour l'élue, "ce n'est pas un sujet du ministère de l'Intérieur mais bien du chef de l'État qui doit le régler avec son homologue comorien".
franceinfo : Qui sont ces citoyens qui se baptisent "Forces vives de Mayotte" et qui bloquent l'île aujourd'hui ?
Estelle Youssouffa : Ce sont des fonctionnaires, des mères de famille, des ambulanciers, des Mahorais, des Mahoraises, des Hexagonaux qui en ont ras-le-bol, qui se sont donc mis en collectif et qui ont décidé de protester contre l'insécurité et contre l'installation d'un camp de migrants africain dans la capitale de Mamoudzou.
"Je pense qu'il est important de comprendre que la situation à Mayotte est quasi-insurrectionnelle. Il y a les barrages de citoyens mais il y a aussi les barrages montés par les bandes criminelles qui sévissent à Mayotte."
Estelle Youssouffa, députée Liot de Mayotteà franceinfo
La violence qui se déchaîne sur l'île n'est pas le fait des manifestants, c'est le fait des bandes criminelles qui profitent de la tension sociale pour semer la violence. A l'heure où on se parle, à Mamoudzou, la capitale administrative, il y a des affrontements très violents et ça, ça n'a rien à voir avec les mouvements sociaux, ce sont les bandes de jeunes qui sèment la terreur quotidiennement et ce sont contre eux que les citoyens protestent.
Les bandes de jeunes ont-elles un rapport avec les migrants qui sont installés dans le campement dans le stade à Mamoudzou ?
Le coeur du sujet à Mayotte, ce sont les multi-crises auxquelles on fait face. Nous, les élus de Mayotte, nous demandons depuis octobre une réunion avec le chef de l'État parce que la complexité des problèmes sur le terrain à Mayotte est telle qu'il ne faut pas seulement une réponse sécuritaire mais aussi une réponse politique. On a effectivement un sujet migratoire qui fait qu'à Mayotte, une personne sur deux est étrangère.
On voit l'ouverture d'une nouvelle route migratoire qui arrive directement du continent africain. On est maintenant avec des milliers de demandeurs d'asile ou de personnes déboutées de l'asile qui ne peuvent pas être expulsées et qui se sont fixées au stade de Cavani, en plein centre-ville, où vous avez 700 personnes qui occupent un stade public. À la demande des élus et de la population, les autorités ont consenti à mettre fin à cette occupation illégale.
Les moyens annoncés par le gouvernement comme l'opération Wuambushu, une opération policière française visant à expulser les étrangers en situation irrégulière, à détruire les bidonvilles et à lutter contre la criminalité dans l'archipel, les bateaux supplémentaires pour empêcher l'arrivée de migrants illégaux, les déplacements ministériels ne suffisent pas pour améliorer durablement la situation ?
L'opération Wuambushu a apporté un apaisement sur le terrain et a donné beaucoup d'espoir à la population mais elle a dû être interrompue parce que les forces de l'ordre ont été rappelées dans l'Hexagone lors des émeutes urbaines de juin. Cet effort était appelé à s'étaler sur plusieurs mois et a été interrompu en cours de route. Par ailleurs, les Comores ont refusé de participer et de récupérer leurs citoyens qui étaient en situation irrégulière. Il y a un bras de fer diplomatique engagé avec les Comores. Ce n'est pas un sujet du ministère de l'Intérieur mais bien du chef de l'Etat qui doit le régler avec son homologue comorien. Pour ramener le calme à Mayotte on demande l'état d'urgence.
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