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Noël Mamère claque la porte d'EELV : ce qu'il reproche à son parti

Le député a décidé de rendre sa carte de la formation écologiste. "Je ne reconnais pas le parti que j'ai représenté à la présidentielle en 2002", dénonce le député de Gironde dans un entretien au "Monde".

Article rédigé par franceinfo
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Noël Mamère, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 4 septembre 2013. (MAXPPP)

Un poids lourd d'Europe Ecologie-Les Verts quitte le bateau. Dans un entretien au Monde, publié mercredi 25 septembre, Noël Mamère annonce son départ du parti écologiste. "J'ai décidé de quitter EELV parce que je ne reconnais pas le parti que j'ai représenté à la présidentielle en 2002", précise l'ancien candidat à cette élection. Une petite bombe lâchée par le député de Gironde, le jour de l'ouverture des journées parlementaires d'EELV. Francetv info fait le point sur les reproches adressés par Noël Mamère à son parti.

Un parti soumis à la majorité socialiste

Dans son interview au Monde, Noël Mamère reproche à EELV, "obsédé par ses jeux d'appareil", sa résignation face au jeu politicien. Inquiet pour les prochaines élections municipales en 2014, il lance un dernier avertissement : "A se soumettre et à chercher des arrangements, il ne faudra pas s'étonner si notre électorat nous couvre de goudron et de plumes." EELV serait donc à la botte du Parti socialiste. Conséquence directe, pour Noël Mamère : "Les écologistes passent leur temps à accepter ce qui ne correspond pas au projet qu'ils sont censés porter."

Ce n'est pas la première fois que le maire de Bègles s'insurge contre la majorité socialiste. En juin dernier, il déclare à Libération"Je ne me sens pas très utile à l'Assemblée, où mon groupe fait ce qu'il peut pour exister face à l'hégémonie du PS." Après le limogeage de la ministre socialiste de l'Ecologie Delphine Batho, il lâche : "Est-ce qu'on va continuer à recevoir des coups sur la tête (...) et continuer à dire merci au gouvernement ?" A plusieurs reprises, il s'est ainsi interrogé sur la présence des écologistes au gouvernement. Mais, comme l'expliquait francetv info, la marge de manœuvre d'EELV reste faible.

Enfin, sur son blog hébergé par Rue89, Noël Mamère détaille ses critiques contre le gouvernement. Il cite les reculs sur la fiscalité écologique ou encore le report du texte sur la transition écologique, avec un article au titre évocateur : "Ce ne sont plus des couleuvres qu'on nous fait avaler, c'est un boa".

Un parti inefficace et à la dérive

Noël Mamère ne voit plus "l'utilité" de son parti dans la majorité, évoquant des changements "à la marge". "Notre parti ne produit plus rien (...). J'ai l'impression d'un surplace qui nuit au rôle que nous pouvons jouer dans la société", accuse l'ancien candidat à la présidentielle dans Le Monde. Constatant une "immense régression", il ajoute : "Nous avons abandonné notre fonction de lanceur d'idées pour devenir un parti comme les autres (...)."

Pourtant, Noël Mamère a tenté de faire bouger les lignes. En 2012, il menace de ne pas voter la confiance au gouvernement, en raison du projet nucléaire Astrid. Il finit par céder après avoir obtenu des gages de Delphine Batho. Dimanche 22 septembre, il demande aux écologistes de ne pas voter le budget 2014, en qualifiant de "grande opération d'enfumage" les annonces du gouvernement sur la transition énergétique. Enfin, il se démarque à plusieurs reprises de ses camarades écologistes, notamment par son opposition à la guerre au Mali.

Un parti clanique et divisé

L'annonce de Noël Mamère intervient le jour où le secrétaire national d'EELV, Pascal Durand, officialise son départ dans une interview au Nouvel Observateur. Mardi, Noël Mamère a estimé que Cécile Duflot et ses proches étaient derrière ce départ annoncé. Dans son interview au Monde, il précise : "Les vrais patrons sont ceux qu'on appelle 'la firme' : Cécile Duflot et ses amis."

Le député de Gironde considère que la ministre du Logement "n'a pas lâché la direction des Verts" et rappelle que ces derniers "ne se sont pas créés pour être soumis au bon vouloir d'un clan. C'est le contraire de ce que défendent les écologistes." Noël Mamère, qui affirme quitter EELV "sans regret" ou "émotion particulière", annonce qu'il mènera quand même une liste aux municipales de Bègles et qu'il continuera à siéger dans le groupe des écologistes à l'Assemblée.

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