Suicides en prison: MAM annonce des mesures
La ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, a annoncé une série de mesures pour lutter contre le suicide en prisonLa ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, a annoncé une série de mesures pour lutter contre le suicide en prison
Parmi ces dispositions figure notamment la généralisation de "kits de protection" destinés aux détenus susceptibles d'attenter à leurs jours, contenant des draps et couvertures indéchirables et des pyjamas en papier à usage unique pour éviter les pendaisons, ainsi que des matelas anti-feu.
Autre mesure annoncée: "Dès cet automne, des formations seront mises en place pour les personnels afin de leur permettre de détecter les détenus qui présentent un risque suicidaire et de mieux les accompagner", a dit Michèle Alliot-Marie, après une visite à la maison d'arrêt d'Orléans.
Des détenus volontaires seront aussi chargés d'accompagner les prisonniers en situation de détresse psychologique, a également indiqué la garde des Sceaux, préconisant aussi une plus grande transparence de l'administration pénitentiaire sur les chiffres des suicides en détention.
Ces mesures figuraient dans le rapport sur le suicide en milieu pénitentiaire remis par le Dr Louis Albrand en avril.
Le Docteur Albrand "déçu"
Réagissant à ces annonces, Louis Albrand a déclaré à l'AFP que les mesures proposées étaient "décevantes", "pas sérieuses" et "pas à la hauteur de l'enjeu". "Ce qu'elle (la garde des Sceaux, ndlr) a repris, c'est le rapport édulcoré, c'est pas mon vrai rapport", a ajouté le psychiatre qui réclame "une véritable réforme pénitentiaire". "Je m'attendais à mieux de Michèle Alliot-Marie et je suis triste parce que si mes mesures avaient été appliquées dès décembre dernier (...) on aurait sauvé des dizaines de vies cette année."De son côté, l'Observatoire international des prisons (OIP) juge que ce plan "pousse la logique à l'absurde" car il préfère offrir des conditions de détention plus favorables au codétenu qui se voit déléguer la tâche de prendre en charge, "en lieu et place de la puissance publique", la personne en crise suicidaire, plutôt que d'assouplir les conditions de détention de cette dernière.
Le rapport Albrand enterré par la précédente garde des Sceaux
Prédécesseur de Michèle Alliot -Marie, Rachida Dati avait publié le 15 juin une circulaire sur la prévention du suicide en détention, à la suite d'un rapport rédigé par une commission présidée par le médecin Louis Albrand. Ce dernier avait toutefois boycotté la remise de son rapport au ministère, estimant que le document avait été "enterré parce qu'il ne plaisait pas à l'AP".Louis Albrand crée un groupe indépendant de réflexion
Contacté par l'AFP, Louis Albrand a annoncé lundi la création d'un groupe indépendant de réflexion sur l'état des prisons, présidé par l'ancien Garde des sceaux Albin Chalandon et destiné à "faire des propositions concrètes pour une autre politique pénitentiaire". Composé d'une quarantaine de membres, dont des anciens ministres, des magistrats et des intellectuels, le groupe se réunit à partir de début septembre. Sa composition sera rendue publique début septembre. Il pourrait faire connaître ses premières propositions fin octobre, selon Louis Albrand. "Durant les dix dernières années, on a condamné 1000 jeunes à mort, en les acculant au suicide à cause de conditions d'emprisonnement lamentables. Il faut aller vite, il y a urgence."Nouveau suicide lundi
Les mesures de la garde des Sceaux ont été annoncées alors qu'un détenu de la maison d'arrêt des Baumettes, à Marseille, a été retrouvé pendu lundi dans sa cellule. Agé de 37 ans, l'homme, qui était en prison pour vol, était suivi pour des problèmes familiaux.Selon l'association Ban public, il s'agit du 92e suicide en prison depuis le début de l'année en France -du 81e selon l'Administration pénitentiaire- et du troisième à la maison d'arrêt marseillaise.
Lire aussi :
=> "Non-lieu", le j'accuse d'une pyschiatre
=> Le rapport de Commission Albrand, consultable sur le site du Ministère de la Justice
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