Thomas Fabius, itinéraire d'un flambeur invétéré
La justice est intriguée par l'achat d'un luxueux appartement par le fils de Laurent Fabius. Retour sur le parcours de ce jeune touche-à-tout, interdit de casino.
Thomas Fabius est un gros propriétaire gênant. Le jeune homme de 31 ans, fils du ministre des Affaires étrangères, a acquis en juin 2012 l'ancien appartement du réalisateur Claude Zidi. Un 280 m2 sur l'une des artères les plus huppées de Paris, pour sept millions d'euros, selon Le Point, qui a révélé les faits mardi 30 avril. Problème : il ne paie pas d'impôt sur le revenu en France. Alors comment a-t-il pu acquérir ce "somptueux pied-à-terre" ?
Thomas Fabius a expliqué au Point "avoir financé son achat par un emprunt bancaire assorti d'une mystérieuse garantie". Selon l'hebdomadaire, il a indiqué que les revenus de sa société de consulting, TF Conseils, auraient suffi "à rassurer les banquiers". Or, Le Point assure n'avoir trouvé aucune trace de dividendes ou de salaires dans les comptes de la société, mais des bénéfices plafonnant à "92 532 euros en 2010 et 11 880 en 2011". "D'autres sources impliquées dans la vente" ont évoqué auprès de l'hebdo "des gains de jeu", sans plus de précisions. Selon Le Point, le parquet de Paris enquête sur cette acquisition. Ce n'est pas la première fois que la justice s'intéresse à Thomas Fabius. Retour sur le parcours de ce jeune flambeur touche-à-tout.
Un joueur invétéré, condamné dans une autre affaire
La phrase n'est pas anodine. Nous sommes le 13 avril 2013, soit plus de quinze jours avant la sortie des informations du Point. Lors de la publication des patrimoines des ministres, il apparaît que Laurent Fabius est le plus fortuné du gouvernement. Mais visiblement, il est serein sur la gestion de son patrimoine. Un proche des Fabius fait alors cette confidence qui paraît prémonitoire au JDD : "Les seuls soucis des Fabius viennent de son fils Thomas, né en 1981, un joueur invétéré aujourd'hui interdit de casino."
Condamné en 2011 à 15 000 euros d'amende pour "abus de confiance", le fils du ministre des Affaires étrangères avait choisi la procédure du "plaider-coupable", qui permet d'échapper à un procès en reconnaissant sa culpabilité. Dans cette affaire, deux personnes l'accusaient d'avoir fait disparaître des sommes d'argent destinées à développer une nouvelle forme de carte à puce. Ses accusateurs le soupçonnent alors d'avoir "réglé des dépenses de casino" avec l'argent détourné.
Lors de l'enquête, l'un des deux plaignants explique à Paris Match que "ces éléments [des factures de casinos] montrent que Thomas Fabius était un client régulier et VIP du Casino Barrière". Le plaignant ajoute avoir adressé un courrier aux enquêteurs dans lequel il dit "avoir vu Thomas Fabius perdre des sommes très importantes aux tables de jeu".
D'autres éléments troublants sont rapportés à l'époque par l'hebdomadaire. Ainsi, le versement de trois sommes, disparues depuis, à Thomas Fabius via la conciergerie du Fouquet's coïncide avec des séjours du jeune homme à Montreux (Suisse), où il a fréquenté le Casino Barrière. "Etant donné ces coïncidences de dates, les deux plaignants se demandent si les sommes en liquide récupérées par Thomas Fabius (...) n’ont pas servi à rembourser des dettes de jeu", écrit Paris Match.
Dans une autre affaire, le fils du ministre des Affaires étrangères est visé pour "tentative d'escroquerie et faux". Il est soupçonné d'avoir laissé une fausse montre de valeur en gage à un casino marocain, fin 2011. Une plainte est alors déposée. C'est là que les enquêteurs s'intéressent aux "activités financières de Thomas Fabius : sa société de consulting, la passion pour les jeux d'argent d'un homme interdit de casino sur le territoire français", explique Europe 1. Cette affaire sert donc d'élément déclencheur à celle de l'appartement parisien.
Un touche-à-tout flambeur
Au-delà de son casier judiciaire, le jeune homme a une réputation sulfureuse. A l'aise en toutes circonstances, Thomas Fabius est un touche-à-tout. Après son bac, obtenu à 16 ans, il enchaîne sur deux prépas. A 23 ans, il cofonde une chaîne de crèches d'entreprises. Le Figaro raconte qu'il a aussi été GO au Club Med, s'est occupé de la plonge dans un établissement du groupe Accor, a été directeur adjoint du plus grand Novotel d'Europe, à Bagnolet…
Aimant le faste et les paillettes, Thomas Fabius, jeune homme "aux costumes griffés et aux chemises chiffrées à ses initiales, est connu pour son goût du luxe et du show-biz, ses habitudes au Fouquet's et à Saint-Tropez", écrit Le Figaro. En 2006, le fils du ministre socialiste s'essaie même à la télévision. Il est chroniqueur mondain pour l'émission de Benjamin Castaldi "Langue de VIP", sur TF1. Il fréquente les gradins de Roland-Garros, accompagné d'une Miss France, foule le tapis rouge du festival du cinéma américain de Deauville... Thomas Fabius est courtisé grâce à son nom, son entregent, ses réseaux et son bagout, estime le quotidien. Une visibilité accrue qui n'est pas sans attirer le regard des médias.
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