Un ancien collaborateur du préfet Erignac, assassiné en 1998, évoque deux autres possibles suspects
Devant la cour d'assises spéciale de Paris, Didier Vinolas, à l'époque secrétaire général à la préfecture d'Ajaccio, a relaté pendant une heure et demi une période de dix ans donnant noms et détails.
Il a ensuite été interrogé par le président et la défense d'Yvan Colonna, jugé une 3e fois pour l'assassinat du préfet, le 6 février 1998 à Ajaccio.
Didier Vinolas a réaffirmé avoir appris en septembre 2002, par un agent des Renseignements généraux, que deux hommes soupçonnés d'être impliqués dans l'assassinat du préfet "seraient dans la nature".
Aujourd'hui directeur général des services dans une mairie d'arrondissement à Paris, il a redit avoir transmis cette information quelques jours plus tard au procureur Yves Bot, qui s'apprêtait alors à prendre la tête du parquet de Paris.
Déjà témoin au premier procès de Colonna fin 2007, il avait évoqué ces informations pour la première fois en 2009. Elles avaient perturbé dix jours durant le procès d'appel, qui avait semblé menacé de renvoi, la défense d'Yvan Colonna obtenant finalement un supplément d'information.
Cette courte enquête avait conclu à une absence d'élément nouveau, car il était apparu que les deux militants nationalistes en question avaient déjà été entendus dans la procédure.
Didier Vinolas a également affirmé que l'entrepreneur des pompes funèbres qui s'était occupé du corps de Claude Erignac lui avait dit avoir bien vu "trois balles dans la nuque" du préfet, mais "quatre orifices de sortie".
"Pourquoi ne pas avoir parlé plus tôt" qu'en 2009?
C'est la question que lui a posée le président, Hervé Stéphan, lui faisant remarquer qu'il n'avait rien dit concernant les quatre balles lors de ses auditions par la police en 1998. "J'ai l'impression qu'aujourd'hui, vous en ajoutez peut-être encore", a relevé le président.
Les avocats d'Yvan Colonna ont pour leur part montré un certain embarras. Me Pascal Garbarini s'est interrogé sur "l'intérêt aujourd'hui" de demander un nouveau supplément d'information. "On est confronté à une réelle difficulté", a-t-il reconnu.
"Vinolas dit des choses peut-être sans importance, peut-être d'une extrême importance, qu'est-ce qu'on peut faire?", a demandé Me Gilles Siméoni. Un autre avocat du berger de Cargese a tendu la perche au président. "A l'instant, nous ne sommes pas en l'état de prendre une décision. Peut-être que la cour, elle, a une opinion?"
"Si je dois faire entendre à la barre toutes les personnes citées par M.Vinolas...", a fait remarquer Hervé Stéphan. "Je propose de donner le temps de la réflexion." Il a été décidé de faire revenir Didier Vinolas jeudi matin pour reprendre ce débat. La journée de mercredi doit être consacrée à la suite des auditions des témoins oculaires du crime.
Colonna n'est pas le tireur, selon un autre témoin
Par ailleurs, comme lors des deux premiers procès, un ami du préfet qui l'attendait pour aller à un concert, a indiqué ne pas reconnaître Yvan Colonna comme le tireur.
Le 6 février 1998 à Ajaccio, Joseph Colombani attendait Claude Erignac sur les marches du théâtre Kallisté. Ce haut fonctionnaire territorial corse a décrit longuement et en détail les deux agresseurs du préfet, qui se trouvaient à une vingtaine de mètres de lui. Il a décrit le tireur, vêtu selon lui d'une doudoune gris foncé et d'un "couvre-chef bleu marine", comme un "homme assez costaud" au "visage bien rempli", d'une "stature plus imposante" que son complice.
"Les traits, je ne m'en souviens pas", a-t-il dit. "La forme, oui." Alors que l'un des avocats d'Yvan Colonna lui demandait s'il reconnaissait ce dernier, le témoin a répondu : "Lorsque je vois M. Colonna, je n'ai pas l'impression de voir celui qui a tiré ce soir-là."
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