Une marche silencieuse a réunie lundi soir à Chelles 1.000 personnes à la mémoire des victimes tuées par un chauffard
Le chauffard ivre, qui a tué une enfant de 3 ans, sa mère et son oncle samedi à un abribus à Chelles, a été mis en examen et écroué lundi soir pour homicides et blessures involontaires. L'homme de 44 ans, récidiviste, avait un taux d'alcoolémie "très élevé de 1,24 gramme par litre de sang", 5h après le prélèvement.
Il est passible de vingt ans de prison, a-t-on appris de source judiciaire. Cette peine potentielle s'explique par le fait que cet homme de 44 ans est un récidiviste, ayant déjà été condamné à deux reprises pour conduite en état d'ivresse, et qu'il a causé le drame de samedi soir avec deux circonstances aggravantes: son état d'ébriété et le fait qu'il ne disposait plus de permis.
Une marche silencieuse en mémoire aux victimes
Sur une large banderole blanche en tête de cortège, il était inscrit: "A la mémoire d'Alexandra, Chaina et Gérard", la fillette de trois ans, sa mère et son oncle. "Nous sommes là en mémoire des trois victimes. On ne peut pas admettre que ce conducteur ait agi ainsi. Ce n'est pas tolérable. Alexandra n'avait que 28 ans et sa petite ne demandait qu'à vivre", a déclaré Séverine, la belle-soeur de la mère.
Sabah Tahri, 29 ans, qui dit être la meilleure amie de la mère, explique que c'est elle qui a organisé ce rassemblement "pour ne pas qu'on les oublie". "On demande de l'aide pour l'enterrement", a-t-elle dit. Interrogé par les médias sur la question du financement des obsèques, le maire de Chelles Jean-Paul Planchou (PS) a affirmé que la ville prendrait en charge les funérailles.
Rappel des faits
L'homme est un récidiviste de la conduite en état d'ivresse. "Il n'y a pas eu de délit de fuite de la part du chauffard qui était assommé par l'alcool et le choc et qui titubait quand il est sorti de sa voiture", a expliqué une source proche du dossier.
Samedi vers 19h45, cet automobiliste au volant d'une petite berline a foncé dans un abri de bus attendaient des voyageurs. L'abri de bus est situé sur un rond-point de l'avenue des Sciences, entre la cité des Coudreaux de Chelles et les cités de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), selon la préfecture de Seine-et-Marne.
Une source policière a précisé que trois autres personnes avaient été blessées, dont une grièvement. Parmi ces blessés figurent "le père de l'enfant (tué), qui a été hospitalisé dans un état sérieux mais son pronostic vital n'est pas engagé", avait dit dès samedi soir une autre source policière, ajoutant que "la fille de l'automobiliste qui se trouvait dans la voiture a, elle aussi, été blessée et hospitalisée à Montfermeil".
Un témoin a parlé d'un "film d'horreur (...), un vrai carnage".
Un homme "connu des services de police"
Le chauffard avait subi un contrôle d'alcoolémie positif en juin 2010 et "circulait samedi soir sans permis de conduire", a dit une deuxième source policière. Il est "connu des services de police pour conduite sous l'emprise de l'alcool et pour rébellion", a confirmé un policier de Chelles. L'enquête a été confiée au commissariat de la ville.
Dimanche matin, des riverains sous le choc et en colère venaient déposer des gerbes de fleurs devant la carcasse de l'abri de bus où des amas de verres et des traces de sang étaient encore visibles.
"Nous condamnons fermement cet acte irresponsable, qui a fortement marqué les esprits dans notre ville, j'ai vu des visages de mères de famille effrayées sur les lieux de l'accident samedi soir", a témoigné Michel Le Bescond, conseiller municipal à Chelles. "Un dispositif prudentiel a été mis en place au niveau du rond-point où l'accident s'est produit, afin de faire ralentir les véhicules", a-t-il assuré.
Guaino s'exprime, le SM réplique
Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy a jugé que le chauffard méritait de ne "jamais sortir de prison de toute sa vie", si la conduite sans permis, en état d'ivresse et la situation de récidive sont avérées. A la question "Jamais ?", il a insité et répondu "Jamais !"
"Il y a tout dans ce 'jamais'", écrit le Syndicat de la magistrature dans un communiqué lundi: récupération du "vieux fantasme de l'élimination des 'irrécupérables'" et de la "comparution politique immédiate", et "mensonge".
"L'article 221-6-1 du code pénal punit un tel homicide involontaire d'une peine de dix ans d'emprisonnement et de 150.000 euros d'amende (le double en cas de récidive légale)", rappelle le syndicat, "avant que M. Guaino ne s'étonne de ne pas voir l'intéressé condamné à la réclusion criminelle à perpétuité".
La Prévention routière demande la mise en place rapide des éthylotests anti-démarrage
La Prévention routière a demandé lundi que soient rapidement signés les décrets d'applications permettant la mise en oeuvre de certaines mesures de la Loppsi 2 contre l'alcool au volant, comme les éthylotests anti-démarrage.
La "Loi d'Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité intérieure 2", promulguée le 10 mars dernier, contient différentes mesures destinées à empêcher les automobilistes en état d'ivresse de prendre le volant, mais certaines nécessitent des décrets d'application, qui n'ont pas encore été signés, a expliqué Jean-Yves Salaün, délégué général adjoint de l'association.
La loi a ainsi créé la possibilité d'une peine complémentaire d'interdiction de conduire, pendant une durée de cinq ans au plus, un véhicule non équipé d'un dispositif d'anti-démarrage par éthylotest électronique, en cas de conduite en état d'alcoolémie.
De son côté, l'association "40 millions d'autmobilistes" souligne que ces mesures, qui "interviennent après coup", "ne sont pas suffisantes". "Il convient d'agir beaucoup plus en amont, auprès des familles concernées par le problème d'alcoolémie", affirme dans un communiqué l'association, qui propose de les "sensibiliser bien avant tout contrôle routier", sur "le bien fondé de mettre en place, dans le ou les véhicule de la famille, un matériel éthylotest anti-démarrage", et de "leur faciliter l'accès à ces technologies, notamment en terme de prix".
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