: Vidéo "Tu viens voter, je te passerai un billet" : une ex-adjointe au maire de Bobigny dit avoir assisté à des achats de voix
Sabrina Saïdi, une ex-adjointe de Stéphane de Paoli, accuse certains membres de l’équipe de campagne d’avoir distribué "de l’argent aux mecs des cités" pour remporter l’élection municipale de 2014. La ville dément formellement. Un extrait de "Pièces à conviction".
Aux municipales de mars 2014, "Bobigny la rouge" bascule à droite, après près d’un siècle de règne du PCF. Soutenu par Jean-Christophe Lagarde, député de Seine-Saint-Denis et président de l’UDI, Stéphane de Paoli remporte 54% des votes et peut s’asseoir dans le fauteuil de maire. Sabrina Saïdi a soutenu l’UDI et participé à sa victoire. Elle deviendra une de ses adjoints, chargée de la petite enfance, avant d’entrer violemment en conflit avec l’équipe municipale et de quitter son poste.
"Trois personnes" pour verser de l'argent en liquide à des électeurs ?
Aujourd’hui, elle accuse certains membres de l’équipe de campagne d’avoir utilisé les grands moyens pour remporter cette élection. "Pièces à conviction" a recueilli son témoignage : "Il y avait de l’argent qu’ils donnaient aux mecs des cités pour aller voter, assène-t-elle. Je vous le dis parce que je l’ai vu de mes yeux. On était au marché en train de tracter, et il suffisait de dire à Untel ‘Tu viens voter, t’inquiète pas, je te passerai un billet’… La personne venait, elle prenait trois bulletins, ressortait avec deux bulletins de vote, Catherine Peyge [la maire communiste sortante] et Ramos [candidat divers droite, ex-MoDem] par exemple, et disait ‘voilà, j’ai voté de Paoli’"… Y avait-il beaucoup de personnes mandatées pour verser de l’argent en liquide ? "Il y avait trois personnes", continue Sabrina Saïdi.
Jean-Christophe Lagarde : "Je tombe de l'armoire"
Ces accusations sont graves. Christophe de Paoli dément formellement : "Non, je n’ai jamais entendu parler de distribution d’argent liquide à des électeurs. […] J’espère et je crois qu’aucun candidat n’aurait pu commettre un tel déni de démocratie", écrit-il. Jean-Christophe Lagarde, son fidèle soutien, a répondu à "Pièces à conviction" sur ce sujet : "Je tombe de l’armoire. Je n’ai jamais entendu parler de ça."
Cette histoire d’achats de voix n’a jamais fait l’objet d’une enquête. Du moins jusqu’à aujourd’hui.
Extrait de "Elus et associations : les liaisons dangereuses", une enquête de "Pièces à conviction", diffusée mercredi 29 novembre sur France 3.
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