Hollande et la gauche accablent Jérôme Cahuzac
Les critiques de la majorité sont sévères à l'égard de l'ancien ministre du Budget, mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale.
Jérôme Cahuzac lâché par son camp. Soutenu par le président de la République, le gouvernement et les parlementaires pendant des mois, l'ancien ministre du Budget, qui a avoué détenir un compte à l'étranger, mardi 2 avril, est aujourd'hui bien seul.
Ses aveux, qui interviennent après quatre mois de mensonges, ont provoqué une vague de réactions très critiques, à gauche comme à droite. Francetv info a compilé les principales déclarations de la majorité et des autres partis de gauche.
Une "impardonnable faute morale", pour Hollande
François Hollande prend "acte avec grande sévérité des aveux" de Jérôme Cahuzac, dans un communiqué publié par l'Elysée mardi. "En niant l’existence de ce compte devant les plus hautes autorités du pays ainsi que devant la représentation nationale, il a commis une impardonnable faute morale", ajoute le chef de l'Etat.
"C’est désormais à la justice d’en tirer les conséquences en toute indépendance", poursuit le président de la République, avant de rappeler : "Pour un responsable politique, deux vertus s’imposent : l’exemplarité et la vérité."
Tristesse et consternation au gouvernement
Premier à réagir, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, affiche sa surprise. "Les bras m'en tombent, je n'ai pas de mots. (...) Je ne pensais pas qu'on en était là", a-t-il glissé en marge d'une visite à Marseille dans le cadre du Train de l'industrie.
Invité du journal de 20 heures sur France 2, le Premier ministre a assuré qu'il n'avait "aucune raison de ne pas croire" Jérôme Cahuzac. Jean-Marc Ayrault a révélé avoir eu un "échange" avec son ancien ministre dans la journée, au cours duquel il lui a dit qu'il "[les] avait trahis" et qu'il avait "menti". Le chef du gouvernement lui a enfin demandé de "ne plus exercer de responsabilité politique".
Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture et de la Communication, a pris la défense de François Hollande, jugeant qu'il avait été "irréprochable". "C'est le président de la République en tant qu'institution qui a été bafoué et trahi dans cette histoire", estime-t-elle.
Les députés PS ne veulent pas de lui à l'Assemblée
Après sa démission le 19 mars, Jérôme Cahuzac pouvait espérer récupérer son fauteuil de député du Lot-et-Garonne, actuellement occupé par son suppléant. Une hypothèse rejetée par le groupe socialiste.
Il est "disqualifié moralement" pour "revendiquer un mandat de parlementaire", a estimé Thierry Mandon, porte-parole des députés socialistes. "C'est maintenant à Jérôme Cahuzac de réparer le discrédit jeté sur la parole publique. C'est son affaire personnelle. Il lui appartient de la régler devant la justice et plus à la tribune de l'Assemblée nationale", juge de son côté le président du groupe, Bruno Le Roux.
Sur Twitter, les réactions des députés socialistes pleuvent.
Assommé, "en bloc et en détail"...
— DenajaSébastien (@SebastienDenaja) 2 avril 2013
. @j_cahuzac "je demande pardon. Je suis dévasté par le remords" #leparisienIl nous faudra du temps pour pardonner @socialistesan
— Sylviane Bulteau (@sylvianebulteau) 2 avril 2013
Journée noire.... Aux difficultés des le matin s'ajoute le sentiment de trahison l'apres-midi.
— Olivier Dussopt (@olivierdussopt) 2 avril 2013
Les Verts et les communistes évoquent une affaire d'Etat
Les écologistes, alliés du Parti socialiste, se montrent encore plus durs envers l'ancien ministre. Pascal Durand, secrétaire national EE-LV, qualifie le "mensonge de Cahuzac" de "mensonge d'Etat" et de "drame pour la démocratie". "Il est comptable du recul de la capacité des politiques à être entendus lorsqu'ils portent une parole forte", ajoute-t-il.
Le Parti communiste, qui ne fait pas partie de la majorité, va encore plus loin. "Après des semaines d'un feuilleton où Jérôme Cahuzac a multiplié les mensonges, c'est une véritable bombe politique qui vient d'éclater", estime Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF.
"Qui savait et n'a rien dit ?", se demande Mélenchon
C'est cependant Jean-Luc Mélenchon qui se montre le plus dur à gauche. Sur Twitter, le coprésident du Parti de gauche s'interroge : "Où s'arrête la chaîne du mensonge ?".
Où s'arrête la chaîne du mensonge ? Qui savait et n'a rien dit ? #Cahuzac
— Jean-Luc Mélenchon ! (@JLMelenchon) 2 avril 2013
"Comment peut-on se dire que le ministre Moscovici lui non plus ne savait rien alors que c'est lui le ministre essentiel de Bercy ? Cahuzac n'était qu'un adjoint. Personne ne savait rien là-dedans? (…) Beaucoup de monde va se poser cette question. (...) J'ai vraiment beaucoup de mal à croire que personne ne savait rien", a développé Jean-Luc Mélenchon sur RTL, n'hésitant pas à qualifier Jérôme Cahuzac de "salopard".
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