Greenpeace n'a plus de militants dans des centrales nucléaires
L'ONG l'a annoncé lundi soir. Un peu plus tôt, deux militants qui se trouvaient dans la centrale de Cruas-Meysse (Ardèche) ont été arrêtés, tout comme neuf écologistes étaient entrés dans la centrale de Nogent-sur-Seine (Aube). Retour sur une journée mouvementée.
Deux militants de Greenpeace qui s'étaient introduits dans la centrale nucléaire de Cruas (Ardèche) ont été remis aux autorités lundi 5 décembre vers 20h45. EDF a ensuite lancé une enquête pour "comprendre les circonstances qui ont permis" à ces militants d'y pénétrer. Peu après, l'ONG a affirmé ne plus avoir aucun militant dans des centrales nucléaires.
Très tôt dans la journée, d'autres militants anti-nucléaires étaient entrés dans la centrale de Nogent-sur-Seine, dans l'Aube. Selon Greenpeace, les neuf personnes interpellées sur le site dans la matinée sont toujours à la gendarmerie. Retour sur une journée mouvementée.
• Que s'est-il passé dans la centrale de Nogent-sur-Seine ?
L'action s'est déroulée vers 6h du matin, lundi 5 décembre. "[Les militants] ont pénétré à l’intérieur, franchi trois barrières et en moins de quinze minutes, ils ont atteint le point le plus sensible de la centrale", sur le toit du bâtiment abritant le réacteur, a affirmé à FTVi Axel Renaudin, un responsable communication de l'ONG présent sur place.
"Ce sont de simples militants, ils n’ont pas de moyens particuliers, c’est artisanal", a-t-il expliqué. Quelles sont leurs intentions ? Peindre un signe "danger" sur le dôme d'un des réacteurs afin de "dénoncer la vulnérabilité des installations nucléaires françaises."
• Qui sont ces deux militants débusqués lundi soir ?
Les deux militants étaient activement recherchés depuis l'annonce de Greenpeace dans la matinée selon laquelle se trouvaient "des gens [présents] sur un site nucléaire et qui n'ont pas été repérés".
Dans des vidéos relayées par l'organisation, un homme qui se présente comme"un informaticien" vivant "dans le sud de la France", Julien André, dit se trouver "à l'intérieur d'une centrale nucléaire".
Sur son site internet, l'ONG a suivi la progression des recherches et a nargué les autorités en postant des nouvelles de ce militant, toujours filmé depuis un endroit inconnu. La planque s'achève vers 21h, par un tweet de l'ONG : "On a retrouvé Julien!"
Message de Julien en réponse à N. Sarkozy par gpfrance
Ces deux personnes "s'étaient introduites derrière le grillage de la centrale de Cruas, mais en dehors de la zone protégée des bâtiments", a précisé une porte-parole d'EDF à l'Agence France Presse.
• Quelles mesures ont été prises pour les retrouver ?
EDF, qui procède à la fouille des sites concernés, dément cette intrusion : "Il n’y a pas de trace d’intrusion sur d’autres centrales nucléaires d’EDF" que celle de Nogent-sur-Seine, a annoncé le groupe dans l'après-midi. Cependant, le ministère de l'Intérieur n'exclut pas que des militants soient cachés dans des parties "non sensibles" d'un site.
Dans l'après-midi, le ministre de l'Energie, Eric Besson, en lien avec le ministre de l'Intérieur, a demandé à ses services "une enquête approfondie", assurant que "toutes les conclusions appropriées seront tirées" .
• Faut-il douter de la sécurité dans les centrales nucléaires ?
L'opération de Greenpeace a relancé le débat sur la sécurité des centrales nucléaires. Pour l'eurodéputé d'Europe Ecologie-Les Verts Daniel Cohn-Bendit, interrogé en fin de journée sur Europe 1, la menace terroriste est réelle : "Si Greenpeace arrive à rentrer dans une centrale, imaginez des terroristes qui peuvent rentrer dans une centrale."
Le directeur du site assure quant à lui qu'il n'y a eu aucun dysfonctionnement : "[Les militants] ont été repérés par les alarmes dès qu'ils ont cisaillé le premier grillage. Tout s'est passé conformément aux procédures tel que cela devait se passer", a assuré Hervé Maillart.
"Il est clair que [l'intrusion] révèle des défaillances dans notre dispositif", a pourtant reconnu lundi après-midi le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, a par ailleurs condamné cette action qu'il a jugée "assez irresponsable".
• D'autres incidents se sont-ils produits lundi ?
Dans la matinée, la gendarmerie a signalé d'autres tentatives d'intrusion. Selon Greenpeace, une banderole "Le nucléaire sûr n'existe pas" a été déployée sur la clôture extérieure du site de Chinon (Indre-et-Loire). A Blaye (Gironde), deux échelles et une banderole ont été retrouvées à proximité de la clôture de la centrale.
A Cadarache (Bouche-du-Rhône), deux personnes ont tenté, en vain, de s'introduire dans le centre de recherches nucléaires du Commissariat à l'énergie atomique. Enfin, en Ardèche, la gendarmerie a arrêté un homme dans la nuit de dimanche à lundi près de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse. Il était muni d'une corde et d'une banderole.
• Greenpeace a-t-il déjà été condamné pour ce type d'actions ?
Le Figaro.fr rappelle que ce n'est pas la première fois que Greenpeace s'introduit sur des sites nucléaires. En 2007, les centrales de Belleville-sur-Loire (Cher) et Dampierre-en-Burly (Loiret) avaient été visitées.
Selon l'ONG, les militants qui avaient mené l'action dans le Cher ont été condamnés à quinze jours de prison avec sursis et 53 229,38 euros de dommages et intérêts au bénéfice d'EDF. "Pour Dampierre, rien n'a été encore jugé. L'instruction devrait s'ouvrir, mais aucun militant n'a encore été convoqué", précise Adélaïde Colin, directrice de communication de Greenpeace.
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