Une journée pour endosser le costume de président
Etape par étape, le récit du marathon de François Hollande en ce jour d'investiture, depuis la cérémonie à l'Elysée jusqu'au départ pour Berlin.
"C'est une journée importante pour un président de la République", a déclaré François Hollande mardi 15 mai en fin d'après-midi, sur le tarmac de l'aéroport militaire de Villacoublay, quelques minutes avant de s'envoler pour Berlin. Sa journée n'était pas finie d'ailleurs puisque le nouveau président embarquait pour l'Allemagne où il devait rencontrer la chancelière allemande. Mais elle a déjà été riche. François Hollande a été dans la matinée officiellement investi président de la République. Le socialiste devient ainsi le septième président de la Ve République et le 24e président de la République française.
Etape 1 : la présidence passe de Sarkozy à Hollande
Vers 10 heures, les deux hommes se sont retrouvés sur les marches de l'Elysée. L'un s'apprêtait à le quitter, l'autre à y entrer. Pendant près de quarante minutes, ils se sont entretenus dans le bureau présidentiel. Ils ont notamment échangé des informations confidentielles, comme le mythique "code nucléaire".
=> Quand François Mitterrand égarait les codes nucléaires...
Pour la première fois, la nouvelle Première dame, Valérie Trierweiler, s'est dans le même temps entretenue en tête-à-tête avec Carla Bruni-Sarkozy. La compagne de François Hollande a par ailleurs fait part de sa volonté de réinventer cette "fonction" non officielle.
Etape 2 : une investiture et un premier discours d'apaisement
Rompre avec une campagne violente et honorer ses successeurs tout en se distinguant : la cérémonie d'investiture a témoigné des deux objectifs du nouveau président. Elevé au rang de Grand maître de l'ordre de la Légion d'honneur, François Hollande a ensuite été officiellement investi de sa mission. "A compter de ce jour, vous incarnez la France, vous symbolisez la République, vous symbolisez les valeurs de la République et vous représentez l'ensemble des Français", a déclaré le président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, après avoir rappelé les résultats du second tour de la présidentielle du 6 mai.
Puis, lors de son premier discours de président de la République, François Hollande a affirmé que "le pays a besoin d'apaisement, de réconciliation, de rassemblement, c'est le rôle du président de la République d'y contribuer".
Selon le nouveau président, "la première condition de la confiance retrouvée, c'est l'unité de la nation". Aussi, "faire vivre ensemble tous les Français, sans distinction d'origine, de parcours, de lieu de résidence, autour des mêmes valeurs de la République, tel est mon impérieux devoir", a fait valoir François Hollande.
=> Une investiture et une critique en creux de Sarkozy
Etape 3 : Sarkozy et Hollande abordent leur nouvelle vie
Cette fois, c'est François Hollande qui a raccompagné sur le perron Nicolas Sarkozy. Venus saluer le président sortant, de nombreux militants UMP étaient rassemblés devant l'Elysée. Nicolas Sarkozy et Carla Bruni, main dans la main, ont quitté le palais sous un mélange d'acclamations et de sifflets.
Avant d'aller rendre hommage au Soldat inconnu sous l'arc de Triomphe, François Hollande s'est accordé un premier bain de foule devant le palais de l'Elysée. Il s'est ensuite engouffré dans le véhicule présidentiel, une citroën DS 5 hybride, direction l'avenue des Champs-Elysées. Sous une pluie battante, le nouveau président a serré les mains des badauds et spectateurs réunis pour assister à la cérémonie d'hommage.
De retour au palais présidentiel vers 12h30, il a déjeuné en compagnie de sa compagne et d'anciens Premiers ministres socialistes.
=> Premier déjeuner à l'Elysée pour François Hollande
Etape 4 : le style Hollande, bain de foule sans parapluie
Le début d'après-midi a été consacré aux hommages. A Jules Ferry d'abord, fondateur de l'école gratuite et laïque. Un choix controversé en raison des positions colonialistes de cette figure française. François Hollande a justifié son choix lors de son discours dans le jardin des Tuileries : "Tout exemple connaît des limites, toute grandeur a ses faiblesses et tout homme est faillible. (...) Je n'ignore rien de ses égarements politiques, a-t-il poursuivi. Sa défense de la colonisation fut une faute morale et politique. Elle doit à ce titre être condamnée."
=> L'hommage à Jules Ferry, une épine dans le pied de François Hollande ?
Dans son costume trempé, le président a ensuite déposé une gerbe devant la statue de Pierre et Marie Curie, au musée Curie. Il a choisi d'honorer la mémoire de la chercheuse, immigrée polonaise deux fois prix Nobel et symbole de "la recherche, l'intégration, l'unité retrouvée et la science."
Etape 5 : conclusion à l'Hôtel de ville
Accueilli par une ovation à l'Hôtel de Ville de Paris, François Hollande y a écouté le discours du maire de la capitale, Bertrand Delanoë. Avant de prendre lui-même la parole.
"Cher Bertrand Delanoë, j'ai compris votre émotion. Elle m'est apparue empreinte de dignité, lui a répondu François Hollande dans son discours. L'élection de la République est un moment considérable, pour ceux qui l'on voulu, mais aussi pour les autres. Car il signifie le rassemblement."
Pendant ce temps, Pierre-René Lemas, fraîchement nommé secrétaire général de la présidence, apparaît sur le parvis de l'Elysée. Il y a annoncé le nom du Premier ministre, choisi par François Hollande : Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes et président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Les Français connaîtront mercredi la composition de son gouvernement. En attendant, François Hollande s'est envolé pour Berlin où l'attend sa première mission de président : gérer la crise qui frappe la zone euro avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.