Cinq questions sur les implants connectés Neuralink qu'Elon Musk veut tester sur l'homme dès "cette année"
Elon Musk le promet : c'est cette "cette année" que sa société Neuralink dotera un premier être humain d'implants cérébraux. Le milliardaire américain a donné cet objectif, vendredi 16 juin, lors d'une conférence organisée au salon VivaTech à Paris. Son but ? Tout simplement faire communiquer directement cerveaux et ordinateurs. Si le recrutement de patients pour les essais cliniques n'a pas encore commencé, cela ne saurait tarder. Franceinfo se penche sur cette nouvelle technologie qui pose également des questions éthiques.
1Neuralink, qu'est-ce que c'est ?
Neuralink est une entreprise cofondée par Elon Musk en 2016, qui conçoit des appareils à implanter dans le cerveau pour communiquer avec les ordinateurs directement par la pensée. A moyen terme, l'objectif est d'aider des personnes paralysées, atteintes de lésions de la moelle épinière ou souffrant de maladies neurologiques comme la maladie de Parkinson. A long terme, Elon Musk entend créer une relation symbiotique entre l'homme et l'intelligence artificielle, ce qui pourrait brouiller les frontières entre la pensée humaine et l'informatique.
Selon des données du cabinet Pitchbook, Neuralink, basée en Californie, emploie plus de 400 personnes et a levé au moins 363 millions de dollars.
2Comment fonctionne cette technologie ?
La technologie de Neuralink consiste en un implant placé dans le cerveau par une chirurgie effectuée par un robot. Une fois implanté, l'objet serait invisible de l'extérieur et serait alimenté par une petite batterie rechargeable à distance. L'implant, de la taille d'une pièce de monnaie, dispose d'électrodes capables d'enregistrer des signaux nerveux et de stimuler des régions spécifiques du cerveau.
We are building surgery simulations for faster iteration and better test coverage. Join us to help expand this capability🦾 #techtuesday pic.twitter.com/JHFM5HersL
— Neuralink (@neuralink) March 21, 2023
Neuralink travaille aussi sur le développement d'implants à installer dans la moelle épinière ou les yeux, pour rendre la mobilité ou la vision. La start-up veut rendre ces implants suffisamment sûrs et fiables pour qu'ils relèvent de la chirurgie élective (de confort). Des personnes pourraient alors débourser quelques milliers de dollars pour doter leur cerveau d'une puissance informatique.
3Des tests ont-ils déjà été menés ?
Elon Musk, qui promet souvent l'avènement de nouvelles technologies développées par ses entreprises avant leur arrivée concrète, avait estimé en juillet 2019 que Neuralink pourrait réaliser ses premiers tests sur des individus dès 2020. Pour l'instant, les prototypes ont été implantés dans le crâne d'animaux, dont des singes. La start-up avait ainsi montré, en 2021, un singe pouvant jouer au jeu vidéo Pong grâce à la pensée ou d'autres pouvant écrire des mots sur des écrans en suivant des yeux le mouvement du curseur.
Interrogée par Le Parisien, la neurobiologiste Catherine Vidal, directrice de recherche honoraire à l'Institut Pasteur, assure que ces résultats préliminaires restent cependant "bien loin des objectifs affichés par Elon Musk pour pallier les handicaps chez les humains".
4Quels problèmes éthiques cela pose-t-il ?
L'idée d'une symbiose entre l'humain et la machine enthousiasme depuis longtemps certains férus de technologies, tout en alimentant les cauchemars d'un futur dystopique dominé par les cyborgs, des êtres humains greffés avec de la mécanique ou de l'électronique, comme l'explique le musée de l'Homme. Dans un sondage réalisé par l'institut de recherche Pew l'an dernier, 78% des personnes adultes interrogées déclaraient qu'elles ne souhaitaient probablement pas ou certainement pas qu'une puce informatique soit implantée dans leur cerveau pour traiter les informations plus rapidement.
Selon l'agence de presse Reuters, le ministère de l'Agriculture américain a en outre ouvert en décembre une enquête sur de possibles infractions aux textes sur la protection des animaux par Neuralink. L'agence rapportait alors que l'entreprise avait tué environ 1 500 animaux, dont plus de 280 moutons, cochons et singes. Au sujet des expérimentations sur les singes, le site d'information Cnet rappelle que l'ONG américaine Physicians Committee for Responsible Medicine a, en décembre dernier, assuré que "des centaines de pages de documents publics ont révélé de véritables horreurs : crânes ouverts, dispositifs implantés, infections chroniques, paralysie, convulsions et mort".
5Est-ce la seule entreprise à se positionner sur ce marché ?
Même si Neuralink attire l'attention des médias, la start-up est loin d'être la seule à travailler sur le contrôle des ordinateurs par la pensée. Synchron, une entreprise américano-australienne, a ainsi annoncé en juillet 2022 avoir implanté la première interface cerveau-machine sur un humain aux Etats-Unis. Selon des informations de presse, Elon Musk a contacté l'an dernier Synchron pour proposer un éventuel investissement.
La société Blackrock Neurotech a également reçu l'approbation de l'agence américaine supervisant les dispositifs médicaux (FDA) pour des essais sur l'être humain. Un cofondateur de Neuralink a aussi quitté l'entreprise et levé des sommes importantes pour sa propre start-up, baptisée Science Corp. Parmi les autres entreprises cherchant à s'établir dans le secteur figurent BrainCo, Kernel ou encore CTRL-Labs, une entité de la division "réalité virtuelle" de Meta.
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