Prix Nobel de physique : "Nous n'avons jamais côtoyé quelque chose de plus intelligent que nous", s'inquiète le lauréat Geoffrey Hinton

Malgré ses travaux, l'un des deux lauréats du prix Nobel de physique confie redouter les dérives possibles de ses propres recherches en matière d'intelligence artificielle et d'apprentissage automatique.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
Geoffrey Hinton  lors de la conférence Collision Tech au Centre Enercare de Toronto, Ontario, Canada, le 28 juin 2023. (GEOFF ROBINS / AFP)

Comme un avertissement. "Je suis sidéré, je n'avais aucune idée que cela arriverait, je suis très surpris" s'est ému Geoffrey Hinton, lauréat du prix Nobel de physique mardi 8 octobre 2024. Aux côtés de l'Américain John Hopfield, le Britanno-Canadien a été distingué pour ses recherches pionnières en matière d'intelligence artificielle, plus particulièrement ses travaux sur les "réseaux de neurones artificiels", une copie du fonctionnement de notre cerveau qui permet aux ordinateurs d'apprendre d'eux-mêmes.

Le chercheur, âgé de 76 ans et professeur à l'université de Toronto au Canada, est considéré comme l'un des pères fondateurs de l'intelligence artificielle. Mais ce pionnier est effrayé par sa propre création. "Nous n'avons jamais côtoyé quelque chose de plus intelligent que nous, alarme-t-il. Ce serait formidable sur de nombreux aspects, mais je crains que la conséquence globale de tout cela ne soit des systèmes plus intelligents que nous, qui finissent par prendre le contrôle."

"Nous portons la responsabilité d'user de cette technologie d'une manière sûre et éthique"

En mars 2023, Geoffrey Hinton avait déjà été interrogé par une télévision américaine sur les "risques que l'intelligence artificielle anéantisse l'humanité". Il avait alors répondu que "ce n'était pas inimaginable".

Le comité Nobel de physique salue des découvertes aux applications très concrètes : reconnaissance faciale, traduction, diagnostics médicaux plus efficaces..., mais partage aussi les réserves de Geoffrey Hinton.

Peu de temps après l'annonce du lauréat, la présidente du comité, Ellen Moons a, à son tour, appelé à la prudence : "Collectivement, nous portons la responsabilité d'user de cette technologie d'une manière sûre et éthique pour les bénéfices de l'humanité". Un débat qui divise la communauté scientifique. D'autres experts, au contraire sont optimistes sur l'intelligence artificielle et ne croient pas à un scénario à mi-chemin entre Matrix et Terminator.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.