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Des influenceurs font la publicité de la Française des Jeux, France Addictions alerte sur le risque pour les jeunes

La Française des Jeux a publié cette semaine des chiffres records en termes de chiffre d'affaires pour l'année 2022. Or selon les informations de franceinfo, l’entreprise cible désormais les jeunes via des vidéos sponsorisées d’influenceurs sur les réseaux sociaux.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un panneau de la Française de Jeux. (Photo d'illustration) (MOURAD ALLILI / MAXPPP)

"Pourquoi pas tenter sa chance ?", "Une pluie de millionnaires"... Sur le réseau social Instagram, les publicités de la Française des Jeux fleurissent, mais à l'écran, ce n'est pas une publicité classique réalisée par groupe français de jeux d'argent. Cette publicité a été réalisée par des influenceurs. La campagne a eu lieu en janvier 2023. Face à la caméra, Clarisse Luiz invite ainsi ses 23 000 abonnés, ou followers, à cliquer sur un lien directement relié à la FDJ.

Autres exemples : sur un ton humoristique, Zakadit offre 5 euros à ses followers avec un code à rentrer sur le site internet de jeux d'argent. Marjo fait la promo d'une cagnotte de la FDJ pour vendredi 13, pour "tenter sa chance avec, juste, 13 millions d'euros à gagner", là aussi avec un code. Idem pour Marc Mestre qui parle, lui, d'une "pluie de millionnaires", quand Tristan Defeuillet-Vang va carrément à la rencontre de Lyonnais à qui il offre des tickets d'Euromillions.

Vidéos postées sur Instagram où des influenceurs (Marc Mestre, Marjo, Tristan Defeuillet-Vang, Zakadit) font la promotion de produits de La Française des Jeux. (CAPTURES D'ECRAN)

La pratique n'a rien d'illégal. Ces contenus sont bien notés comme sponsorisés, mais la pratique interroge l'association Addictions France. Pour Indra Seebarun, membre de l'association, ces contenus via des influenceurs visent un public jeune. Or, ils seraient six fois plus susceptibles de développer une addiction d'après Santé Publique France.

"Aujourd'hui, 95%  des mineurs se trouvent aujourd’hui sur les réseaux sociaux, explique Indra Seebarun. 70% des parieurs ont moins de 34 ans. À la suite de l’Euro 2021, ce sont principalement les 18-24 ans qui ont ouvert un nouveau compte sur les sites des opérateurs de jeu. Ce sont aussi les jeunes qui sont les plus à risques d’addiction."

Addictions France souhaite mieux encadrer la publicité sur les jeux d'argent

Ces publicités d'un nouveau genre sont scénarisées et humoristiques. Elles rendent donc le jeu d'argent particulièrement attractif pour un public jeune. Pour Addictions France, ces vidéos sont d’autant plus problématiques qu’elles proposent des " crédits à jouer, qui incitent à miser davantage". L'association ne critique pas par les influenceurs auteurs des contenus, mais plutôt le commanditaire : la FDJ. Elle réclame au gouvernement la mise en place d’une nouvelle loi Evin sur les jeux d’argent, " pour encadrer la publicité sur les jeux comme on le fait pour l’alcool, afin d’encadrer le contenu de ces publicités, mais aussi pour réduire leur présence dans l’espace public et sur internet."

De son côté, la Française des Jeux confirme travailler avec des influenceurs, mais s’assure que les messages de prévention sont toujours présents sur les vidéos sponsorisées. La FDJ assure également qu’elle s’assure que les audiences des influenceurs étaient de l'ordre de 3 à 5% selon les cas dans la tranche d’âge des 13-17 ans.

Le groupe français a annoncé des résultats record pour l'année 2022 avec un chiffre d'affaires de 2,5 milliards d'euros, en hausse de 9%. L'Etat qui reste actionnaire à 20% devrait empocher 52 millions de dividendes pour l'année 2022, auxquels s'ajoutent les quatre milliards d’euros de taxes déjà récoltés pour le budget de l’Etat au titre de la fiscalité spécifique sur les jeux d’argent.

Interrogé par franceinfo, le ministère de l’Économie assure que "des mesures supplémentaires, telles qu’une interdiction totale de la promotion de ces jeux par les influenceurs, ou au moins à ceux ayant un public mineur sont en cours d’expertise avec les députés."

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