"Ce sont des actes réfléchis" : avec le hashtag #PostcardsForMacron, des mères de familles nombreuses répondent à Emmanuel Macron
Ce mot-dièse a été lancé sur les réseaux sociaux pour dénoncer une phrase du président de la République sur les familles de sept enfants et plus et le niveau d'éducation des femmes en Afrique.
La petite phrase est mal passée auprès des familles nombreuses. "S'il vous plaît, présentez-moi la femme qui a décidé, étant parfaitement instruite, d'avoir sept, huit, neuf enfants", a déclaré Emmanuel Macron, en parlant de l'Afrique, lors d'une conférence à New York (Etats-Unis), le 26 septembre dernier. "Et ce n'est pas faire la leçon aux Africains depuis New York. C'est n'importe quoi de dire ça. Beaucoup de dirigeants africains osent aujourd'hui avoir ce genre de discours."
Le président français a tempéré son propos, quelques minutes plus tard, assurant : "Je suis d’accord pour qu’une femme ait sept ou huit enfants, si c’est son choix, après ses études. Ce n’est pas le cas aujourd’hui" en Afrique, rappelle Libération. Passés au départ inaperçus, ces propos, qui s'intégraient dans un discours au sujet des femmes africaines, ont vite suscité des réactions.
Ce n'est pas la première fois que le chef de l'Etat se fait remarquer pour des propos polémiques sur la fécondité des femmes africaines. Lors du G20 en juillet 2017, il avait déjà affirmé que "quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider de dépenser des milliards d'euros, vous ne stabiliserez rien."
Ses récentes déclarations ont ainsi été repérées par une mère de famille nombreuse américaine, qui a lancé sur Twitter le hashtag #PostcardsForMacron, mardi 16 octobre. Elle explique qu'elle a huit enfants et qu'elle est diplômée de Harvard.
Postcards for Macron #postcardsforMacron pic.twitter.com/fmX1vzITpv
— Catherine R Pakaluk (@CRPakaluk) 16 octobre 2018
"Ces propos sont sexistes"
De nombreux messages du même type ont ensuite été postés sur le réseau social avec ce hashtag, en Amérique du Nord, puis en Afrique et en France. Céline, qui vit à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) s'est elle aussi sentie visée par les déclarations du président de la République. Mère de six enfants de 5 à 18 ans – dont le dernier est autiste – elle tient à rappeler qu'avoir autant d'enfants a été "fait en connaissance de cause".
"Ce sont des actes réfléchis", assure-t-elle. Elle regrette que le fait de vouloir de nombreux enfants ne soit pas valorisé. "J'en ai entendu des sobriquets, du type : 'Tu fais ça pour profiter de la CAF', rapporte Céline à franceinfo. Mes enfants ne sont peut-être pas nés riches mais ils vont bien, ils sont solidaires et heureux."
6 enfants et fière d'eux !!! #postcardsforMacron pic.twitter.com/lBBjeIaDuM
— AUTISMOPOLIS, le monde de Melvinn (@autismopolis) 18 octobre 2018
"Une femme a le droit de disposer de son corps"
Murielle, qui vit à Rouen (Seine-Maritime), n'a pas encore d'enfant, elle, mais elle est issue d'une fratrie de sept enfants. La jeune femme de 21 ans a aussi voulu battre en brèche les stéréotypes qui sont, selon elle, véhiculés par les déclarations d'Emmanuel Macron. "Je suis née en France mais je suis issue d'une famille nombreuse et j'ai toujours dû subir les clichés comme 'Ta mère elle ne connaît pas la contraception'", explique Murielle.
"La société occidentale impose deux-trois enfants mais ce n'est pas forcément le modèle du bonheur, poursuit-elle. Une femme a le droit de disposer de son corps. Emmanuel Macron prend les Africaines pour les idiotes du village. Or pour certaines, avoir beaucoup d'enfants, c'est choisi."
#postcardscardformacron
— Mumumagne (@Mumumagne237) 18 octobre 2018
Il en manque 2 ♀️. Papa ET Maman ingénieur des mines pr papa isep pr maman . Elle a eu les deux premiers durant ses études. She is my queen. Love u mom même si tu saoule svt. pic.twitter.com/mJMTD0TavL
La jeune femme, étudiante en droit, s'imagine elle aussi plus tard avec de nombreux enfants, idéalement quatre. "Je suis fière de faire partie d'une famille aussi nombreuse et je l'assumerai toujours", conclut-elle.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.